→ ORDRE CLANIQUE : Essaim même si, il a toujours eu des idées arnachistes. → NUISANCE DEPUIS : 589 ans → SOUS L'EMPRISE DE : Aliénation niv 3. Ardeur niv 2. → ERRANCE : Dans les bars ou à la Tombe. → TROMPE L'ENNUI : Ancienne rock star, chanteur dans un groupe de métal local, il est aussi producteur de musique et propriétaire de la Tombe dont il a hérité à la disparition de son frère jumeau. → PROFIL PSYCHOLOGIQUE : Torturé, narcissique, capricieux, volontaire, buté, orgueilleux, infantile, versatile, charmeur, schizophrène, dérangé, colérique, violent, aime les bains de sang. → AVATAR : Reeve Carney → CREDITS : Swany → MENSONGES : 5259
Alessandro Llywlyn
Fonda ♛ Nuée des Nettoyeurs
Sujet: [RÉSERVÉ] Gaspard d'Anjou, le flamboyant 14/2/2020, 14:49
Gaspard d'Anjou
Feat Jack Falahee ou Alexander Vlahos
370 ans † vampire † à choisir
☾ ☾ ☾
« le prince libertin »
date et lieu de naissance ☞ 1650, Château de la Loire ; origine(s) ☞ Françaises principalement, sans doute un peu de sang viking coule dans ses veines. ; camp et statut ☞ Simple membre de l'Essaim, nuée laissée au libre choix. ; capacités ☞ Discipline laissée au libre choix. ; lignée ☞ L'élégante ; état civil ☞ au choix bien qu'il soit très libertin ; métier ☞ à vous de choisir, le monde de la mode ou de l'art lui sied admirablement toutefois ; traits marquants du caractère ☞ Aristocrate, il a un certain standing, une certaine élégance, un talent dans de nombreux domaines dits de "salon" tel que la danse, le chant, l'élocution, la diplomatie également, c'est un cavalier averti, c'est également quelqu'un de passionné, parfois jaloux, parfois impulsif, quelqu'un de profondément loyal sans toutefois être fidèle en amour puisque né au siècle du libertinage, il a des talents également martiaux, aime faire la guerre quand la bataille semble gagnée, il est bon orateur, parfois un peu provocateur sans jamais être irrévérencieux, respectueux des anciens et des traditions, c'est aussi un travesti, qui aime s'affranchir des genres et de la binarité.
A long story
détails authentiques
Son père est un soldat auréolé de gloire assez jeune qui devient le favori du roi. Un statut délicat qui lui demande d'être toujours vigilant. Inquiet après son mariage que sa famille puisse lui valoir d'être déchu de son statut de favoris, il éloigne femme et enfants. Gaspard né donc loin de son père et de la cour, dans le fastueux château de Blois. Il est le puîné d'une fratrie de trois enfants. Destiné à l'église, il parvint à échanger ce rôle avec son frère cadet et à prendre les armes.
Quand la plupart des soldats ont tendance à violer les femmes des vaincus, lui préfère la compagnie des hommes. La guerre lui permet de croiser de fort beaux jeunes hommes, des chevaliers, des lieutenants, des jeunes gens qui eux aussi sont loin de leur famille, de leurs épouses. C'est au milieu de tous ces hommes qu'il prend la manie de se déguiser en femme, manie qu'il avait commencé à avoir enfant et qu'on eut tôt fait de tenter de lui en faire passer le goût. Mais à la guerre, cela amuse ses camarades, il devient vite la coqueluche d'autant que son courage et sa loyauté sur le champ de bataille ne sont plus à prouver.
Blessé au combat, il a droit a une retraite dorée. La cour du roi lui est ouverte, il découvre Versailles. Là-bas, les orgies comme les jeux d'argents ont lieu derrière les portes closes, durant des soirées sans autre fin que l'aube. Il en profite très largement et surtout il y découvre les arts : le théâtre, la musique, la danse que la guerre lui avait fait perdre le goût et la saveur. Il est fasciné par tout ce foisonnement au sein de la cour. Malheureusement, l'affaire des poisons lui est presque fatale. À l'agonie, son médecin le traite d'une saignée qui attire un vampire qui justement était venu à la cour attirée par cette histoire de poison et surtout de messes noires.
Sa transformation en vampire est une véritable libération, une porte s'ouvrant sur un monde totalement nouveau. Les premières années sont un enchantement d'autant que son créateur est un bel homme tout à fait charmant. Progressivement, il comprend que le monde de la nuit est assez semblable à la cour et à la noblesse française, il n'y a qu'une poignée d'anciens, élevés quasiment au rang de divinité qui dirige, le reste obéissant aux règles. Il apprend assez vite les règles et s'y plie sans aucune difficulté, après tout, il est né dans la petite noblesse française quasiment juste avant la fronde, il l'a vécu enfant et sait parfaitement quelles sont les conséquences quand on essaie de trahir ses dieux.
Véritablement passionné par le vampirisme et le surnaturel, il va s'attacher à étudier l'histoire de la magie et nouera des liens importants avec le Consortium et des personnalités importantes du monde surnaturel. Côtoyant les humains portant intérêt au surnaturel, il voyagera afin de rencontrer les alchimistes, l'empereur Leopold ou encore, les occultistes, les chamanes du monde entier. Pour autant, il reste loyal aux siens. Sa loyauté et sa fidélité étant fortement appréciées, on lui confiera assez tôt des tâches de messagers du fait de sa grande diplomatie même s'il a un caractère passionné qui parfois lui porte préjudice. Par exemple durant la Révolution française, il désobéit à son sire et retourne à Paris manquant de se faire tuer. Cela lui valut un blâme dont il conserve un cuisant souvenir.
Marqué par la Révolution française, puis les guerres mondiales, il souhaite quitter l'Europe, révolté par ce qu'il s'y passe. Son créateur l'envoie en Louisiane où il espère que la vie douce lui sera profitable. Gaspard s'y adapte difficilement. Il regrette les capitales européennes et leur culture, mais l'Amérique est pleine de promesses et les temps changent. De plus, il y retrouve un vieil ami, renouant avec son passé.
Carnet de bal
les liens qui comptent
Alessandro Llywlyn ♆ VIEIL AMI. Alessandro et Gaspard se sont rencontrés pour la première fois au moment de la Révolution française. Leur première rencontre fut un désastre, ils se disputèrent. Gaspard était effondré de voir les nobles massacrés, lui-même manqua d'en mourir, tandis que Alessandro lui encourageait les révolutionnaires, ce qui n'empêcha pas Alessandro de sauver la vie de Gaspard quand ce dernier fut la proie des révolutionnaires. Il devait s'écouler un siècle avant qu'ils ne se retrouvent. Au cours du 19e siècle, ils furent tous deux fascinés par l'art. Ils se rencontrèrent dans des ateliers d'artistes et plus tard, dans des rencontres d'occultistes. Lorsque Alessandro voyagea en Asie, il échangea alors des lettres avec Gaspard dont il s'était entiché. Les deux vampires se donnent régulièrement des nouvelles. C'est d'ailleurs ce que Alessandro lui racontera de l'Amérique qui poussera Gaspard à accepter de s'y rendre quand son créateur l'y obligera. Quand Alessandro débarque à son tour en Amérique, c'est l'occasion de retrouvailles. Les deux vampires partageant un même amour des arts, mais ils peuvent se disputer comme des chiens sur certains sujets houleux comme la révolution, ils entretiennent une amitié complexe qui parfois les amènent à partager aussi une certaine intimité. Mais il y a toutefois des divergences entre eux. Gaspard est tout à fait loyal au conclave, fasciné par eux alors que Alessandro les déteste et ne s'en cache pas. Gaspard considérant qu'il doit sa vie à Alessandro est bien décidé toutefois à protéger son vieil ami contre lui-même.
Amalia Corleone ♆ CONVOITISE. La poupée précieuse des Corleone, mais surtout l’ancienne Archiduchesse Maria-Amalia de Wurtemberg, princesse de Bavière par mariage, descendante de l’illustre famille Marie-Thérèse d’Autriche par sa mère. Il aurait voulu trouver une telle perle et surtout un tel nez pour la faire sienne. Elle a beau être une Giovanni, Amalia aurait eu toute sa place dans la lignée de l’Élégante. À défaut de pouvoir la posséder, sachant très bien qu’elle est gardée comme les joyaux de la couronne mafieuse, il fait appel à ses services pour qu’elle lui déniche les meilleurs sangs de la ville, voire de l’État. Alessandro lui a confié d’ailleurs que la petite chercherait à apprendre la vie, à découvrir les jeux de l’amour vampirique. Si elle cherche toujours, Gaspard se ferait bien professeur de temps à autre, mais est-ce que cela intéresse vraiment la ravissante duchesse ? Cela est moins sûr.
CRÉDITS : icon indiquer les crédit icons ; avatar avatar.
“L'anéantissement de tous les mondes équivaut au soupir d'une orchidée.” Opération New York
Le blaz:
Dernière édition par Alessandro Llywlyn le 29/6/2023, 09:09, édité 3 fois
DARKNESS MIND
→ ORDRE CLANIQUE : Essaim même si, il a toujours eu des idées arnachistes. → NUISANCE DEPUIS : 589 ans → SOUS L'EMPRISE DE : Aliénation niv 3. Ardeur niv 2. → ERRANCE : Dans les bars ou à la Tombe. → TROMPE L'ENNUI : Ancienne rock star, chanteur dans un groupe de métal local, il est aussi producteur de musique et propriétaire de la Tombe dont il a hérité à la disparition de son frère jumeau. → PROFIL PSYCHOLOGIQUE : Torturé, narcissique, capricieux, volontaire, buté, orgueilleux, infantile, versatile, charmeur, schizophrène, dérangé, colérique, violent, aime les bains de sang. → AVATAR : Reeve Carney → CREDITS : Swany → MENSONGES : 5259
Alessandro Llywlyn
Fonda ♛ Nuée des Nettoyeurs
Sujet: Re: [RÉSERVÉ] Gaspard d'Anjou, le flamboyant 15/10/2020, 11:20
Précisions
de l'auteur
✤ qu'est-ce qui est négociable ? Le nom du personnage est négociable mais il faut que ça soit d'époque et français ! Donc des Louis, Gaston, Philippe sont de mise ! Le nom de famille l'est aussi, mais comme il est duc, il faut le nom d'un duché français de l'époque, (vous avez de la chance la France de Louis XIV est peu ou prou la notre si ce n'est que l'Alsace et la Lorraine s'ajoute au milieu de son règne, et que bien sûr la Savoie n'est pas encore Française !) L'avatar est négociable, la lignée également même si, je le voyais clairement de la lignée de l'Elégante. Restez en tout cas dans l'image du personnage si vous faites des changements que ça ne le dénature pas. Mais personnellement je suis toujours ouverte à des adaptations, puisque l'idée c'est que le personnage plaise avant tout à son joueur ! ✤ quelle évolution souhaitée ? Je n'ai pas d'idée précise je suis très pour voir comment ça se passe en rp et évoluer au fil des sujet et des envies sans se mettre martel en tête ! ✤ quelles sont les attentes ? Personnellement j'ai envie que la personne jouant le personnage l'aime autant que moi, ait envie de le faire évoluer, et ne se sente pas bloquée par ce qui est écrit. Dans le sens où faut se libérer aussi du scénario et faire vivre le personnage ! S'il nous échappe un peu, je dirais que c'est gagné ! Et puis n'attendez pas que je vous donne toujours le La, une fois que vous jouez le personnage, il est à vous !
✤ quelques extraits de rp pour découvrir Alessandro:
Alessandro s'invite chez un artiste:
Le parfum caractéristique de l’essence de térébenthine envahi ses narines. Cela faisait un sacré moment qu’il n’était plus senti ce parfum qui est à la fois agressif et subjuguant. Ce parfum n’avait qu’une seule signification, même si l’on pouvait le sentir dans toute sorte d’atelier, pas uniquement de peintre, c’était là le plus souvent qu’il se trouvait. Le vampire inspira plus profondément essayant de capter d’autres parfums qui se serait accroché à l’essence de térébenthine et y trouve mêlé celui du pinceau et de ses poils, de la peinture à huile et plus discrète encore, celle d’un homme maniant ces produits, en laissant l’odeur l’imprégner. Il pouvait presque entendre son cœur battre, s’agiter alors qu’il se plongeait dans le travail avec acharnement. Ce simple parfum lui rappela les ateliers qu’il courrait voir à Paris, il fréquentait alors les salons, les articles les plus en vue, juste avant que la guerre n’éclate, à cette époque bénie où les esprits les plus fleurissants, les plus brillants. Il restait des heures à discuter avec ces artistes brillants mais à l’époque il ne pouvait voir leurs toiles qu’à la lueur des bougies, des lampes à gaz, quel ne fut pas son bonheur de les découvrir illuminée à l’électricité, de voir enfin leurs couleurs resplendissantes, de saisir pleinement toute l’intensité de ces toiles de ces personnes disparues à jamais. Songer aux toiles lui faisait penser immédiatement à Irène, à sa galerie, à la peine, la douleur de l’avoir perdue.
Que ferait-il de cette peine, allait-il l’enterrer au fond de son cœur, ou s’en servir. A cet instant, il songea à la galerie d’Irène, et à toutes les œuvres qu’il avait racheté et exposé à son label, dans son bureau. Ce souvenir se mêla à celui de ces ateliers qu’il fréquentait, à ces beaux artistes dont il était tombé amoureux, qui l’avait fait voyager. Il voulait ressentir cela à nouveau. Il avait besoin de cela à cet instant, pour surmonter son deuil, pour ne pas laisser la colère l’emporter à nouveau, pour ne pas s’enfoncer à nouveau dans les ténèbres. Il évalua ce mur lui faisant face, jeta un œil autour de lui, il n’y avait de témoin ni de caméra, alors il grimpa sur le mur tel un chat et parvint à la fenêtre, une grande et large fenêtre où la lumière du soleil devait rentrer largement et pleinement. A l’intérieur, le peintre s’agitait sur sa toile. L’œuvre n’était pas totalement visible de là où il se trouvait mais le vampire pouvait à loisir observer les autres œuvres qui demeurait là attendant d’être achetées, exposées. L’homme devant les toiles quant à lui n’était pas humain, sa magie avait un parfum légèrement sucré. L’immortel avait une longue histoire avec les sorciers, il savait qu’il devait s’en tenir éloigner mais il ne pouvait résister aux tentations et indéniablement, le sorcier en constituait une, comme tout objet interdit il était d’autant plus alléchant. Le vampire se pinça les lèvres dans un sourire charmeur et définitivement charmant en grattant à la fenêtre. « Sais-tu que j’ai été à d’autres fenêtres, à observer d’autres artistes, que j’ai assisté à la naissance du radeau de la méduse, que ce fut un supplice de ne pas lécher les toiles de Pollock… Toutes ces histoires que je pourrais te conter… Laisse-moi entrer… »murmura-t-il à l’intention du sorcier qui à présent savait qu’il était là, accroché au rebord de sa fenêtre.
Alessandro avec un ex calice:
Le bruit des seringues renversées au sol dans un petit tintement joyeux de plastique et de métal, un concert tout à fait surprenant attire l’attention du suceur de sang qui détourne le regard du couloir, pour le projeter à travers une volée de portes entrouvertes et distinguer l’aura du sorcier british reconnaissable entre mille. Un sourire nait sur les lèvres de l’immortel, un sourire presque carnassier, et totalement involontaire, presque inconscient. Lorsqu’il remarque le regard et le sourire qu’il a, il modère son expression, rassemble son sang froid et reprend le contrôle de la bête en lui qui déjà aiguisait ses crocs et songeait aux sévices qu’elle allait faire subir à ce petit anglais qui avait eut le culot de lui refuser ses veines. Le démon en lui savait lui faire connaître ses volontés et l’y plier. Alessandro n’ayant jamais su longtemps résister à sa nature profonde. Pas tant celle d’un prédateur que d’un succube, d’un démon redoutable, d’un animal à la soif intangible et inépuisable, au caractère féroce lorsqu’il s’agissait de succomber à ses faiblesses et à ses appétits.
Néanmoins, le démon s’était estompé ces derniers mois. Alessandro s’était repris en main. En partie, l’anglais, Elric, l’y avait aidé, sans même le savoir. Suzanne aussi. C’était surtout Suzanne qui l’avait poussé à arrêter les conneries. Ce n’était pas son discourt qu’elle avait eut, ni ses maintes tentatives de le pousser à grandir, à devenir autonome. Non, c’était son départ. Sans elle, il n’y aurait plus personne pour le rattraper à deux doigts de s’enfoncer droit dans le fossé, au fond des abysses qu’il avait au fond de lui. Sans Lorenzo, il s’était senti perdu, déboussolé, seul. Mais la disparition de Suzanne avait clos brusquement cet épisode de dépression teinté de folie qu’il avait eut. Le label lancé depuis quelques mois maintenant, aux bureaux flambants neufs, le night club qui tournait parfaitement, et un drastiquement changement de régime l’avait requinqué. Il était presque méconnaissable. Le junkie avait laissé place à un homme d’affaire, musicien plutôt doué. Il multipliait les activités comme s’il craignait que la solitude le pousse à nouveau dans ses mauvais travers. Bon sang, il avait même sauvé la vie de quelqu’un dernièrement. Chose qu’il n’aurait jamais cru faire.
Pourtant la vision de Elric faisait rejaillir toute la perversion en lui, toute cette soif d’obscurité abyssale, ce parfum sulfureux de scandale qu’il aimait tant. Le démon se réveillait, réalisant n’avoir que trop dormi. Chasser le sourire carnassier et la lueur démoniaque dans son œil a été plutôt facile. Faire demi tour en revanche semble impossible. Son corps refuse de lui obéir. Au fond de lui-même, il sait qu’il est à deux doigts de basculer à nouveau. Il suffit d’un rien, comme sentir le parfum de sa magie. Sa langue passe entre ses lèvres alors que ses pieds s’avancent, effleurant le sol, presque en lévitation. Ce n’est pas de la magie, simplement l’impulsion d’un désir trop longtemps refoulé qui ne s’est jamais éteint. Le vampire se sent attiré par cette odeur et ce visage familier. Comme il a aimé y lire de la colère, de la fureur, comme il aimait l’entendre râler sur tout et rien, haïr le monde, cela lui rappelait sa propre rage intérieure. Alessandro se demandait comment il avait pu accepter de le laisser partir, il se demandait comment il avait pu renoncer à un tel nectar. Sa raison s’était belle et bien envolée, partie avec les bonnes résolutions et le désir de changer. Fugace comme toujours.
Dans les yeux du sorcier qui marche également sur lui, c’est de la colère qui danse. Il y retrouve le même regard sombre, la même haine, la même rage, à peine voilée, jetée à la face du monde. Le sorcier s’empare du vampire et le traine, sans trop de difficulté dans une salle vide. Alessandro se demande s’il a envie de lui casser la gueule ou de le baiser, peut-être les deux. Va savoir, les sorciers peuvent être si tordus parfois… A la réflexion, peut-être n’y aura-t-il ni l’un ni l’autre, le sorcier ronchonne, à son habitude, l’engueule visiblement. Le démon cherche à comprendre l’intérêt des mots projetés comme s’ils pouvaient être des armes. Il a d’autres idées en tête en voyant l’anglais, autrement plus excitantes qu’une engueulade de vieux couple, sans doute malsains. « Moi aussi je suis enchanté de te revoir, Elric. » répondit-il en prononçant le prénom de l’anglais d’une voix suave. Tellement suave que s’en est presque indécent. Et c’est voulu. Le démon veut titiller le sorcier juste pour voir ce qu’il serait capable de faire. Parce qu’il sait qu’il suffit de pousser les gens à bout pour les voir basculer, et que le démon veut faire basculer deux être devenus soudainement trop raisonnables.
Le vampire ne résiste guère au démon. Parce qu’il sent cette fureur trop injustement dirigée contre lui, alors taquiner Elric lui plait à lui aussi. « J’aimerais te dire que je suis passé te voir, prendre de tes nouvelles, m’assurer que tu te tenais à tes engagements. » fit-il en reniflant comme si l’odeur de la corruption de ses veines pouvait se sentir. A dire vrai, pour un vampire, pas besoin de veines ouvertes pour savoir si l’élémentaire est clean ou pas. Ce n’est pas ses sens qui l’indique mais plutôt sa vision affutée. Pas de pupilles dilatées, pas de veines jaillissant, pas de sueur perlant sur la tempe… « Mais en fait, je suis passé voir quelqu’un d’autre. Figure toi que tu n’es pas le seul médecin corruptible de la ville. » expliqua-t-il avec un petit sourire amusé, content de son effet. Il observa les conséquences de ses dires sur son ancien délicieux calice.
Alessandro jouant les héros:
La nuit est pleine d’étoile invisible derrière le voile des lampadaires à sodium progressivement remplacé par des led ou fluo, dont une partie du spectre lumineux est voilé par un filtre grossier. L’immortel avec sa vision surnaturelle peut néanmoins percer ce voile dégueulasse que les hommes s’infligent au nom de la sécurité, comme si cela suffisait. Ce quartier le prouve, la sécurité n’est pas forcément assurée parce qu’on a planté des lampadaires à tous les coins de rue. Ses yeux distinguent les étoiles au loin. Il se souvient de la première fois qu’il avait lu les aventures de Superman, puis quand les studios Fleitcher l’avait mis en image animées, et puis, les couleurs vibrantes du soleil se levant avec Superman volant à la surface de la planète bleue. Alessandro savait qu’il était une créature de la nuit, tout l’opposé du super héros à la cape flamboyante, pourtant, il n’avait pu s’empêcher d’être fasciné, et de percevoir certaines correspondances avec l’alien. Parce que sa nature de vampire lui permettait de voir des choses qu’aucun mortel ne pouvait ne serait-ce imaginer, parce qu’il était différent des mortels, à jamais, parce que parfois il se sentait étranger à ce monde, tout particulièrement quand ce dernier subissait un brusque bon d’évolution. Ce qui arrivait désormais tous les trente ans. Ces cycles se réduisait au fur et à mesure. Bientôt, il serait incapable de rattraper les bons de l’humanité. Il en serait définitivement exclu.
Superman était solaire, il était l’incarnation de l’espoir, et Alessandro était bien loin de correspondre à cette image, pourtant… parfois, il se rêvait en héros. Comme cette nuit, où il s’était éveillé avec le désir de se nourrir de brigands. Ce qu’il lui arrivait de faire. En vérité, il préférait les psychopathes, les tueurs en séries, infiniment plus proche de sa nature, avec qui il pouvait même échangé quelques mots, avoir de passionnant débat sur la morale humaine à laquelle ils étaient étrangers. Mais cette nuit, tel un enfant ayant refusé de grandir, un bambin rêveur regardant les étoiles, il avait délaissé le label et ses diverses obligations, délaissé les répétitions de son groupe, pour se jeter sur le quartier le plus craignos de la ville. Installé au milieu d’un parc réputé pour ses dealers et sa fréquentation par des gangs plus ou moins dangereux, il observait les étoiles, le nez levé, les yeux grands ouverts, et les oreilles cherchant à distinguer dans le flot urbain les sons distincts d’une attaque à main armée qu’il était persuadé de voir arriver ce soir. C’était la Louisiane après tout, l’état corrompu, l’état pauvre, et c’était Bâton Rouge, la cité criminelle, secouée par les gangs et les deals. Quand le cri résonna, un sourire presque naïf naquis sur les lèvres du vampire. Une âme en perdition à sauver, un méchant à tuer… la nuit promettait d’être rayonnante !
Le vampire ne vole pas contrairement à l’homme d’acier, mais il peut faire de sacrés bonds grâce à sa vitesse et sa force surhumaine, ainsi qu’une certaine résistance à la gravité. Il parvient ainsi, d’un bond céleste et presque super héroïque à tomber devant la scène. Enfin, plus exactement, il attérit dans un mouvement qu’aurait pu avoir Superman, glacieux quoi, devant la jeune femme et se redresse lentement, observant la scène d’un regard qui se voulait héroïque. Il en oubliait sa nature, de vampire, et l’aura qu’il percevait de la jeune femme. Médium. Sa simple apparition avait dû l’effrayer. Les trois voyous en avaient l’air, effrayés, ils se mirent à courir, à prendre leurs jambes à leur cou. Le vampire hésite, prendre soin de la victime, ou les rattraper ? De toute façon, il ne compte pas laisser son diner s’enfuir très loin. « Le danger est passé, mademoiselle. » fit-il en la regardant dans les yeux, d’un regard qui se voulait celui du chevalier blanc et était plus charmeur qu’autre chose, peut-être effrayant même compte tenu de sa nature, et de son aura. Peut-être aussi que la soif présente faisant ressortir ses veines ne jouait pas non plus en sa faveur.
Et enfin, beaucoup de lecture pour voir Alessandro au 19e:
Retour à Paris, 1867:
Moi qui me plaignais de l’air pollué en Europe avant mon départ pour les Amériques fus véritablement frappé par l’arrivée de la révolution industrielle. Et plus encore, par la manière dont ils avaient changé mon Paris. Quand je débarquais, le mal était déjà fait ou presque. Le mal. J’exagère. Évidemment que ce fut un plus, l’air était si pollué alors, la maladie rongeait les humains à tel point que la majorité des vampires avaient fui la capitale ou alors ne se nourrissait que chez les très riches. Les bâtiments étaient insalubres et menaçaient de s’effondrer. Rénover la capitale avait été plus que nécessaire. N’empêche que cela fut un choc. Revenir et réaliser qu’ils avaient complètement changé, totalement, modifié ma ville. J’exagère, évidemment. Ce n’est pas MA ville. Mais ça l’est devenu. J’ai passé tant d’années ici, j’ai vécu tant de choses. Ma transformation en vampire, la révolution, je reviendrais toujours à Paris. Comme à Londres. J’avais tant rêvé ces villes étant humain. Elles demeurent chères à mon cœur même si elles sont depuis longtemps à peine reconnaissables. Heureusement, elles demeurent encore, semblables à elles-mêmes, mais jusqu’à quand ? Napoléon III était au pouvoir, et la Reine Victoria, son amie, gouvernait sur l’Angleterre. J’étais étonné, de la manière dont le visage de l’Europe avait changé. Au début, j’ai cru que la révolution avait été inutile. Et puis j’ai vu les masses ouvrières. J’ai pensé que les choses avaient empiré. Mais en vérité, il n’était plus nécessaire de naître du bon côté pour devenir riche, il fallait juste être impitoyable. Dans les beaux salons, j’en ai croisé, des enflures. Mais dans la fange, dans le caniveau, il y avait toujours les mêmes. De pauvres gens qui tentaient de survivre. Je les observais avec un certain attachement. Ces villes majestueuses qui écrasaient ceux qui y vivaient. Comme c’était étrange. Comme c’était déchirant. Je préférais bien sûr les milieux populaires qui me rappelaient ma jeunesse, mon enfance. C’était l’atmosphère quasiment villageoise qui y régnait qui me plaisait tant. Alors que dans les hautes sphères, il y avait tant de manières, tant de choses compliquées à intégrer. Mais de si belles étoffes, et la musique, mon Dieu la musique… C’est alors que mon cœur s’est ouvert à la musique. Curieusement, à cette époque-là, il était plus facile de se mêler aux humains. La ville gigantesque qu’était devenue Paris grouillait de monde. On cessait de connaître les gens, jusqu’à ses voisins qui devenaient parfois de parfaits inconnus. Je me suis installé à Paris et j’ai vite réalisé qu’il était très facile d’y vivre. C’est dans un très bel hôtel particulier, assez semblable à celui où avait vécu ma créatrice, que je m’installais. Le Prince de Paris était un vampire très précieux, qui n’était pas beaucoup plus âgé qu’Apolline. Il m’apparut par la suite qu’il connaissait cette dernière. Quoi qu’il en soit, c’était un être assez facile à contenter. Il m’accepta dans sa ville. Bien sûr, il me fallut respecter les traditions. Aussitôt que le Prince su que je venais d’Amérique il voulut tout savoir de là bas, de comment les vampires vivaient et surtout, me faire savoir qu’ici on appliquait strictement les traditions. Bien sûr, je m’en souvenais, de ces lois. Caitlyn me les avait fait entrer dans la tête à coup de fouet et de talons. J’exagère à peine. Le Prince vivait dans une splendide demeure aux abords de Saint-Germain. Il me fit visiter les lieux, assez splendides, en me demandant ce que je pensais de tel choix de tableau, si sa galerie des Glaces me rappelait celle de Versailles, il collectionnait les œuvres d’art essentiellement françaises. L’histoire du pays le fascinait. Il était un érudit. Je n’avais encore jamais rencontré de vampire si fasciné par l’art, l’histoire. Il me paraissait pas taillé pour se battre, et je me demandais comment il avait fait pour se hisser à une si haute place. « Mon cher ami, me demanda-t-il dès qu’on fut dans ses magnifiques jardins, dites-moi tout des Amériques ! Est-ce aussi fabuleux et immense qu’on le dit ? J’ai quelques toiles représentant ces paysages fabuleux, mais vous savez comment sont les artistes, parfois si éloignés de la réalité. – Je n’ai eu l’occasion de voir beaucoup de tableaux durant mon voyage, mais des paysages splendides en revanche, qui vous transperce l’âme jusqu’au tréfonds de votre être, si. C’est là-bas, dans le désert, que j’ai regretté d’être une créature de la nuit. Que j’aurais aimé voir sous la lumière du soleil cette plaine de sel, ces pierres gigantesques, ces canyons ! J’ai brûlé ma rétine et ma chair en essayant de voir le levé du soleil, et son coucher, je tenais autant que je le pouvais avant de m’enterrer le plus profondément possible. Mais quelle beauté ! Si vous possédez des tableaux représentant ces paysages sous la lumière du soleil, j’aimerais beaucoup les voir. Son visage s’illumina. Je n’avais encore jamais croisé de vampire qui parut si heureux à l’idée de montrer une toile. Jusqu’à présent, je n’avais encore vu d’immortel appréciant l’art. Bien sûr les bijoux, l’or, oui, mais l’art pour l’art, pour sa beauté, non. Peut-être qu’enfin, les âmes romantiques venaient au monde et le remplissaient. Les temps changeaient, évidemment. Et les vampires nés sous le siècle des Lumières commençaient à être suffisamment âgés pour modifier la société vampirique dans laquelle ils vivaient. À la manière dont il parlait, dont il se mouvait, dont il s’habillait, tellement ancrée dans cette époque, quoi qu’ayant quelque chose d’un peu vétuste, mais qui lui donnait l’air digne, l’air noble, qu’il paraissait s’imposer de lui-même, comme un vampire de son époque, mais possédant suffisamment d’ancienneté pour assurer son pouvoir. Je ne remettais de toute façon pas son autorité en question. J’étais revenu en Europe résolu de suivre les traditions. J’avais su l’échec de la révolution de ces jeunes vampires, et le courroux du Conclave, et surtout, j’avais vu comment Misty avait été massacré, et je redoutais qu’un tel sort arrive à Isha. Je ne voulais aucunement connaître une nouvelle révolution, ni même me révolter. J’aspirais à la tranquillité et à paix. Et ce Prince passionné par l’art me semblait tout à fait parfait. Il m’amena dans sa galerie, une gigantesque salle aux murs rouges très hauts de plafond couverts de tableaux. On aurait dit un musée. Quelque part, s’en était un. Il recevait de nombreux humains, passionnés par l’art, collectionneurs eux-mêmes, avec qui il discourait pendant des heures. Ils le prenaient pour un riche excentrique. Ce qu’il était, indéniablement. Ses manières étaient efféminées, raffinées, celle d’un érudit, d’un aristocrate, avec un langage cultivé d’esthète. – Ces paysages sont magnifiques, fit-il, mais peu de ces peintres ont le talent dont Paris regorge. J’ignorais de quoi il parlait, les impressionnistes ne portaient pas encore leur nom, ne formait pas encore une école, mais déjà, quelques noms faisaient parler d’eux, des talents surgissaient, donnant un visage nouveau à la peinture romantique telle qu’on la connaissait jusqu’à présent. – Ces peintures sont loin d’évoquer la réalité, fis-je en m’approchant de ces toiles représentant pour l’essentiel la Nouvelle-Angleterre, des portraits de familles pour la plupart, et quelques paysages. Il n’y avait que peu de l’Ouest américain de représenté, et le désert était peu présent. Certaines fresques l’évoquaient, mais elles étaient comme ces peintures exotiques, pleines de fantasmes et de mensonges. Si éloigné de la vérité. Il faudrait verser du sang dessus pour approcher de la réalité. – À ce point ? On m’avait raconté que les Amériques étaient sauvages, que seuls les vampires renégats s’y rendaient. J’ai hésité d’ailleurs, en premier lieu, sachant d’où vous veniez, à vous accepter sur mon territoire. – Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ? – Nous avons une connaissance commune, me répondit-il. Vous savez ce qu’on dit, les amis de mes amis… Je me demandais de qui il pouvait bien parler. J’espère que ça soit Caitlyn et non Apolline. Mon petit doigt me disait que ce n’était mon frère. Lorenzo était mon frère jumeau. Si nous ne nous tenions l’un à côté de l’autre, il était aisé de nous confondre. Certes, nous n’avions pas les mêmes goûts vestimentaires. Quand j’aimais les tenues excentriques, colorées, toutes de soies, de cuir, et de froufrous, lui aimait les vêtements simples, généralement adaptés à la situation. Lorenzo était un pragmatique, un caméléon, qui ne voyait que l’utilité des frusques que la société nous contraignait à porter. Mais il aurait préféré se draper de son obscurité chérie. Il aurait été un parfait chasseur dans la jungle s’il était né avant que la civilisation ne naisse, ou après sa chute. Moi j’aimais la société et tout ce qu’elle avait à m’offrir. Mon style exubérant ne s’est pas arrangé au fil des siècles. Mais c’est au 19e qu’il s’est affirmé. Pour voir le Prince, je m’étais vêtu en dandy, avec un costume de soie noire, taillé sur mesure, d’une chemise de soie rouge vermillon, un chapeau posé sur mes cheveux longs que j’ondulais. Je les enduisais de charbon afin d’assombrir ce roux qui m’agaçait superbement. Ce n’était que des nuances de roux, probablement dû à des origines irlandaises assez lointaines, mais je préférais que mes cheveux fussent complètement noirs, comme les ailes d’un corbeau. Cela sied mieux à un démon n’est-ce pas ? – Puis-je me permettre de demander quelle connaissance ? osais-je, sentant que mon nouvel ami se plierait à mes demandes tant qu’elles seraient raisonnables. – Je n’ai aucune envie de gâcher la surprise. – Oh, fis-je. Apolline. Qui d’autre ? Caitlyn ne jouerait pas ainsi avec moi. De plus, elle était supposée être en Asie. Je doutais qu’elle eût mis fin à son escapade pour me rejoindre à Paris. Elle ne me faisait certes pas confiance, au point de m’avoir enfermé dans un cercueil et m’avoir mis à fond de cale, mais je doutais qu’elle m’ai attendu, qu’elle m’est menti, et plus encore, je doutais qu’elle eût demandé au Prince de taire son nom. Cela était indéniablement plus le genre d’Apolline. Nous ne nous étions pas vus pendant un sacré bout de temps. C’était juste avant que cette gitane ne me découpe en morceau, ne me lacère, ne me torture. Elle m’avait prévenu. Et j’avais senti le clivage, le fossé entre nous, se réduire. Avais-je encore des raisons de me méfier d’elle ? Je savais qu’elle n’aurait jamais l’emprise qu’elle possédait sur mon frère ou ses autres infants. Et ma créatrice était morte à présent. J’étais libre. Totalement et définitivement libre. Devais-je encore la craindre ? Non. Mais sa présence ici, me paraissait pénible. Je la connaissais que trop. Elle n’était pas ici par hasard. – Est-ce vrai ? me demanda-t-il, m’arrachant à mes pensées. – Quoi donc ? – Que les Amériques sont un pays de sauvage ? Qu’on y trouve que des renégats ? Je souris. Amusé par sa question, et le pétillement de ses yeux. On aurait dit un enfant. J’étais persuadé qu’il mourrait d’envie d’aller le vérifier par lui-même. Il me paraissait avoir l’âme d’un érudit, d’un artiste, d’un amoureux de la vie sous toutes ses formes. Que fichait-il ici ? Comment s’était-il retrouvé à ce niveau de pouvoir ? Et comment faisait-il pour se faire respecter ? Tous les cardinaux que j’avais connus étaient des enflures. Vraiment. Il fallait l’être pour ne serait-ce que rester en vie. La plupart des vampires sont des monstres assoiffés de sang, des violents de nature, des bourreaux. Quand on inflige si aisément la mort, il est tentant de l’offrir également à ses ennemis pour l’emporter. Tentant de déchirer les corps pour s’emparer de ce que l’on désire. – Ce l’était, mais de nos jours, plus vraiment. La guerre attire toujours les charognards et l’Amérique en a connu deux particulièrement sanglantes, encore que je ne parle pas de l’autre, plus insidieuse, et qui n’aura de cesse qu’une fois le massacre des indigènes terminés. Mais c’est un pays de richesse, il attirera les vampires, et les plus puissants parmi eux feront le voyage. Le Conclave s’emparera de ces terres aussi sûrement qu’il l’a fait pour tout l’occident. – Vous ne devriez parler ainsi, me suggéra-t-il, sans une once d’autorité dans la voix. Il me parlait comme un ami le ferait. Peut-être en était-il un. Pauvre homme. Je ne le voyais décidément pas en Prince. – J’ai mes idées, Prince, mais je n’enfreindrais pas les traditions. Je suis las de me battre, las de fuir, je veux vivre paisiblement en cette ville. Vous me parliez d’artistes de talents ? – Je suis heureux de vous l’entendre dire, Alessandro. Vous me paraissez être un vampire véritablement intéressant. J’ose espérer que nous devrions amis. – Je l’espère aussi. J’aimerais beaucoup voir les artistes dont vous me parliez tout à l’heure. Un sourire de bonheur manifeste s’étala sur ses lèvres alors qu’il m’entraînait dans une autre pièce aux murs blancs laiteux. Je compris pourquoi il avait choisi la neutralité sur les murs. Car les toiles affichaient des couleurs, des taches de couleurs, à profusion. Il y avait un parfum là. Tout à fait différent de ce que je connaissais. Mais qui m’évoquais cependant que ce les amérindiens fumaient. – Qu’est-ce là ? demandais-je. – De l’opium, c’est ma servante humaine qui en fume. Vous devriez essayer. Il ne me conseillait naturellement pas de fumer directement à la pipe, cependant, n’ayant jamais tenté auparavant, je fus assez stupide pour le faire. Pour aller à une fumerie d’opium, prendre un lit, me laisser caresser par une courtisane d’origine chinoise, jolie et tendre, sensuelle, et tenter de fumer à travers la pipe. Cela m’arracha la gorge et me donna la nausée. Je n’en conçus aucun plaisir. Ce n’est que par la suite que je compris ce qu’il voulait dire. Sa servante humaine fumait, se défonçait, et lui aussi, par le lien qu’ils partageaient, mais boire son sang aurait suffit. Et c’est ce que je fis, plus tard, suçant le sang de fumeurs d’opium. C’est ainsi que je connus mes premières extases orbitales, et ces instants d’extrême clairvoyance et d’illusions amenant à un voyage intérieur. Mon nouvel ami ne tarit de conseils. Il m’orienta vers les artistes qu’il préférait, mais plutôt que me donner leur nom, il me donna l’adresse de quelques cafés où les trouver. Il savait que je débrouillerais par moi-même ensuite. Entre passionnés d’art, c’est ainsi qu’il faut procéder évidemment. Mais avant de me lâcher sur Paris et dans ces cafés enfumés où le delirium tremens régnait au même titre que la syphilis, il me saisit le poignet. – Avant d’aller où que ce soit, il vous faut trouver monsieur Charles Baudelaire. Celui-ci se meurt dans un asile près de l’Étoile. M’attirant dans son immense bibliothèque, il parcourut à la hâte les rayonnages avant d’en saisir un volume, pas énorme, qu’il planta dans mes mains. Je regardais son visage anxieux et pourtant gai également, tourmenté par la hâte et l’inquiétude. Puis mes yeux se posèrent sur la couverture. Les Fleurs du mal. Il me traîna le long du rayonnage, et attrapa un autre volume. – C’est un poète, mais c’est aussi lui qui a traduit ce grand auteur américain que vous connaissez déjà sans doute, Edgar Allan Poe. » Si je connaissais cet auteur ? Hélas non. J’avais passé mon temps sur les champs de bataille, dans les tranchées, à sucer les veines des mourants, j’avais tenté d’élever Isha, et de lui ouvrir les yeux sur les horreurs de ce monde. J’avais aimé Misty. Mais je n’avais pas vraiment ouvert de roman. En vérité, je ne l’avais pas fait depuis des siècles. J’ignorais même si je savais encore lire. Ce savoir était si lointain. Je n’osais le lui avouer. Pourtant, ce qu’il remit entre mes mains, Les contes extraordinaires, allait me donner une profonde et irrésistible envie de lire, et Les fleurs du mal, allait m’ouvrir au monde de la poésie. Moi qui avais été un Don Juan, un acteur brûlant les planches où je me trouvais, j’allais découvrir ce qu’était le monde des artistes. J’allais y sombrer, corps et âme. Le siècle s’y prêtait. Après tout, un Irlandais fou allait conter l’histoire du vampire le plus célèbre de tous les temps. Polidori avait déjà écrit Le vampyr et Carmilla allait donner ses lettres de noblesse, et surtout de sensualité au genre. Le vampire était déjà à la mode. Une figure hautement romantique que mon ami incarnait indéniablement. Et que je n’allais pas tarder à vouloir faire vivre dans le cœur de mes nouveaux amis.
“L'anéantissement de tous les mondes équivaut au soupir d'une orchidée.” Opération New York