A new life ft Quinn

❦ Luciole

Le trajet a été long et bien compliqué. Quand on ne voyage qu’avec un sac à dos, une guitare et un chien, il faut tous les jours penser à trouver un endroit où dormir parfois s’abriter pendant de longues heures alors qu’il pleut, il faut trouver à se nourrir et mendier ne suffit pas toujours, il ne faut pas oublier de passer inaperçu parce que j’ai tué deux personnes et surtout, tout faire pour garder le moral et ne pas se laisser sombrer alors que tout semble perdu. Mais j’ai vu maman, elle m’a délivré un message et depuis, je fais en sorte de répondre à ses attentes. Sauf que traverser des états entiers à pieds quand parfois la vie nous ramène à l’opposé de notre destination pour une raison ou une autre, c’est long, très très très long. Mais depuis quelques mois, je suis enfin arrivé à Bâton Rouge sans pour autant savoir quoi faire et où aller tout en passant inaperçu… Par moment, j’ose sortir pour aller chiper de la nourriture ou essayer de repérer les lieux, entendre des noms que je pourrais connaître mais je ne me souvenais pas, de mémoire d’enfant, que Bâton Rouge était si vaste.

J’angoisse à chaque sortie, à chaque rencontre, à chaque endroit où il y a du monde. Mon don fait des siennes plus que jamais depuis que je suis ici et j’ai même le besoin de le faire exploser, le problème c’est que je ne sais pas où faire ça, je ne sais pas comment s’organisent les clans ici et les territoires et je me souviens encore de maman qui m’expliquait : “ Hayden, fais toujours attention au lieu où tu pratiques la magie, autant pour les énergies que tu côtoies que pour les territoires que tu foules.” J’aimerais autant ne pas être un meurtrier doublé d’un imposteur pénétrant un lieu qui ne souhaite pas l’accueillir.

J’ai tout ça bien en tête et malgré tout, alors que je reviens d’un périple en ville pour me chercher de la nourriture ainsi qu’Bandy dans les poubelles du coin, le stress engendré par la peur de presque tout, de même que cet homme qui a tenté de me suivre pour savoir pourquoi je volais dans sa poubelle a provoqué une déferlante d’énergie en moi et je ne parviens plus du tout à la contrôler. Je cours toujours alors que je vois un lac non loin de moi. Je me dirige à toute vitesse vers celui ci et alors que mes genoux heurtent le sol, dans un cri puissant je lâche toute mon énergie emmenant le lac à se soulever pour retomber dans une pluie étrange et sans nuages.

Je m’écroule alors sur le sol, essoufflé, épuisé, le regard figé sur le ciel d’un bleu vif comme on en voit peu ces derniers temps. L’air est frais pourtant j’ai chaud. Je ne fais plus attention à mon environnement. Mon sac à dos blindé de nourriture volée dans les poubelles traîne à côté de moi mais à part ça je n’ai rien. A moins que… J’entends un bruit tout proche et c’est là que je le vois. Le chien cours ers moi et me lèche le visage remuant de la queue en même temps, sûrement content de me retrouver. Lui et moi, on se comprend. Nous sommes seuls au monde et nous nous aidons à surmonter les épreuves que la vie met sur notre chemin. Il est d’une fidélité. Je n’avais jamais vu ça auparavant.

Admin ✁ Hackeur

Décembre 2023

Les jours passent et ne se ressemblent aucunement. Je l'avoue sans mal, les choses s'assemblent en un imbroglio dont je n'ai pas du tout le contrôle et quelque part, ça me stress. J'ai mis au clair ce que je pensais avec Theo. Je me suis amusé au mariage de Morgana et j'en ai profité pour faire ce que je devais faire, c'est-à-dire la gâter. J'ai peur cependant. Je ressens comme une tension dans l'air à Bâton-Rouge. Est-ce que c'est dû à mon empathie ? Est-ce que je ressens le monde d'une façon différente ? Très probablement. Pourtant... Quelque chose ne colle pas dans tout ça. C'est comme si... Je ne sais pas comment l'expliquer. Parfois, les mots se bloquent dans mon esprit et n'arrivent pas à passer la barrière de mes lèvres. De temps en temps, ce n'est pas plus mal au vu des souvenirs qui me tourmentent, cauchemars emprunt d'une vérité glaçante d'un avenir qui promet de la souffrance. J'aimerais pourtant éviter aux autres tout ça. J'aurais aimé avoir un don de clairvoyance quelque part, je me dis que ça m'aurait causé moins de souci. Mais une fois encore c'est une dérobade. Naître avec ce don d'empathie m'a certes causé des soucis, mais cela m'a appris tellement de choses aussi. Je sais, c'est compliqué. Mais le monde est ainsi. Aujourd'hui, je me dis que si je dois souffrir pour appréhender ce monde, c'est que quelque part, je peux en faire bénéficier certaines personnes. Alors je me dois d'accepter ça, pas vrai ? Je sais, Morgana ne serait très probablement pas d'accord avec mon analyse. Constantine et Finn probablement pas non plus. Il faut avouer qu'ils m'ont vu au plus bas et remonter la pente a encore été compliqué. Je l'admets sans mal, j'ai pris très cher durant cet enlèvement.

Non seulement je me suis rendu compte que j'avais beau avoir été entraîné comme un soldat, cela ne faisait pourtant pas de moi un chasseur de la Guilde. Mais en plus, je me suis aussi rendu compte que mes compétences non magiques pouvaient être une source de problèmes graves. Bon, soyons honnête, je le savais déjà. Être un hacker n'est pas de tout repos, sans compter les ennemis numériques qu'on se fait et les ennemis physiques. Vos supérieurs vous ont toujours à l’œil parce qu'ils ont probablement peur que vous puissiez faire quelque chose qu'il ne faut pas. Quant à vos amis qui sont au courant... Soit ils tentent d'avoir des choses qu'ils ne peuvent pas avoir eux même grâce à votre don. Soit ils vous évitent, parce que bon, vous êtes un criminel... Heureusement, mes amis sont tous plus ou moins corrects. Je dois bien admettre que certains sont un poil louche, mais vu ce dont le dark web regorgent, ils sont plutôt normaux en fait. Un soupir s'échappe de mes lèvres alors que le jappement d'Oxy me sort de mon introspection. « Oui, oui, j'avance. C'est bon. » Désormais adulte, le voilà à me donner des ordres. Je me souviens encore de la première fois où il est arrivé. Petite boule duveteuse. Petite chose toute contente de trouver un propriétaire. Quand je pense que je l'ai négligé durant toutes ces semaines où j'ai été enfermé... Heureusement, une fois mon don stable, j'ai pu le récupérer, sinon, je doute que j'aurais survécu. Être enfermé, c'est comme être bridé, j'ai détesté ça. Mais mettre le nez dehors était presque impossible. C'était comme tenter d'entrer dans l'eau glacée alors qu'il fait moins vingt dehors. Je n'y arrivais plus. Heureusement, les séances de psy aident plutôt bien.

Même si, avouons-le, ce n'est pas évident de décrire une situation quand le psy vous regarde de haut en bas et qu'il vous trouve délectable au point de ressentir un désir dont vous n'avez pas envie. Parfois, je déteste mon empathie pour ça. Note pour la prochaine séance : prévoir l'anneau, juste au cas où. Secouant la tête pour me recentrer, j'appelle Oxy juste au moment où un cri survient et où l'eau bouge d'elle-même... Si ça c'est pas de la magie, je veux bien passer des mois avec ma grand-mère dans sa tribu de cinglé. « Viens Oxy. » J'embarque le chien dans une marche assez rapide pour voir si je vois quelqu'un vers l'endroit du remous. J'arrive rapidement sur le lieu de l'incident et je vois un chien approcher d'un jeune homme. Je ne crois pas l'avoir déjà vu, pourtant, son visage me dit quelque chose... C'est étrange. Je les laisse à leurs retrouvailles, quand Oxy décide que bon, il veut se joindre à la fête. Il court séance tenante vers le jeune homme et le chien et commence à jouer avec le chien. Voilà pour la discrétion, merci Oxy ! Je pousse un soupir alors que je sors de là, regardant mon samoyède s'amuser avec l'autre chien. Je souris doucement. Il a beau avoir atteint sa taille adulte, il reste encore enfant à bien des égards. « Bonjour. Désolé pour mon chien, il est un peu trop friendly. » Je souris doucement pour ne pas l'inquiéter. Je pense sentir son épuisement, il doit être autant mental que physique. Mais ce qui m'intrigue c'est ce qui s'est passé tout à l'heure. « Dites-moi, c'est vous qui avez fait bouger l'eau du lac ? » Heureusement il n'y avait personne, mais s'il y avait eu du monde... Oui, je mets les pieds dans le plat, mais curiosité oblige. J'espère qu'il ne le prendra pas mal.

❦ Luciole

Je suis épuisé, de vivre, de fuir, de me cacher, de culpabiliser, d’être triste, de me battre. Epuisé d’être seul au monde, de devoir vivre avec ce meutre sur la conscience. J’en peux plus. Je suis fatigué. J’aimerais parfois que tout s’arrête, et que tout soit plus simple. j’aimerais pouvoir vivre comme lorsque j’étais tout petit et que maman me protégeait encore. Mais je n’ai plus aucun phare à l’horizon pour me guider, je n’ai plus de but, plus personne pour m’accrocher à ce monde, plus de raison de vivre. Pourtant, je me bats. Est-ce l’instinct ou une envie profonde de vivre pour voir les choses changées, pour rendre justice à ma petite soeur? Je n’en sais rien. Tout ce qui est certain c’est que je suis là et que décharger mon énergie magie m’a vidé.

Bandy me lèche le visage pour me stimuler, pour m’animer. Mais je n’ai pas le temps de lui parler qu’un autre chien, un magnifique samoyède, vient lui faire la fête. Je ne vois personne autour d’abord, mais quand ce grand homme sort de sa cachette et me parle, mon coeur se met à battre la chamade. Je panique et toujours sur le sol, je recule en arrière, pour m’élloigner le plus possible de lui et dans la précipitation, je me cogne contre un rocher. “ AYE !” je lâche avant de me rendre compte que le son de ma voix s’est fait entendre et de remonter mes genoux contre mon torse, tremblant. J’ai peur. Et s’il me veut du mal? Et s’il faut partie de ceux qui me recherchent? Même si au fond, je ne sais pas si je suis recherché. En toute logique, ceux qui m’ont enlevés n’ont rien pu dire car ce serait avoué que j’ai été kidnappé avec ma soeur et séquestré durant toutes ces années.

L’homme me parle et même si j’aime beaucoup sa voix, j’ai peur. Et lorsque j’ai peur, l’eau bouillonne, elle menace. Derrière moi, une quantité d’eau du lac se soulève, elle s’érige en petits sabres innofensifs mais menaçants au dessus de ma tête sans même que je n’y prête attention. Je me sens juste épuisé, à bout de forces. Comme si je pouvais m’effondrer d’un moment à l’autre. Alors que Bandy, lui, semble en pleine forme, complètement occupé à s’aumer avec l’autre chien. Je ferme alors les yeux et je tente les exercices de respiration que maman m’a appris alors que j’étais tout petit. Il me reste peu de choses d’elles, mais ça, je l’ai gardé pendant très longtemps et encore maintenant, ça me sert à me calmer. Lentement, alors que mon rythme cardiaque baisse, l’eau tombe en flaques.

Mon regard se pose alors à nouveau sur l’homme et j’ouvre la bouche mais aucun son ne sort. Je ne sais pas. Cela fait si longtemps que je n’ai pas parlé volontairement à quelqu’un. Et si je disais une bêtise. Et si je me mettais en danger. Pourtant, Bandy va faire la fête à ce grand homme à l’aura orange. Elle est magnifique d’ailleurs même si elle me paraît très… fournie? Je ne sais pas comment l’expliquer mais elle me parâit lourde, vive. Comme si elle avait son propre raisonnement. Finalement, ne parvenant pas à parler, j’utilise la terre mouillée et répond à sa question avec un “oui” gravé sur le sol du bout de mon index.

Admin ✁ Hackeur

Si je m'attendais à trouver quelqu'un ici ? Pas réellement. Il est assez rare que les gens se promènent par ici, surtout à cette heure en fait. C'est aussi pour ça que je peux me permettre d'emmener Oxy. De cette façon, je n'ai pas à le tenir en laisse pour tous les flippés de la vie qui ne veulent surtout pas que le chien puisse les approcher. Sans compter ceux qui estiment que je suis dangereux parce que je laisse mon chien se balader sans laisse et s'il mordait quelqu'un vous vous rendez pas compte ? Dois-je leur dire que j'ai entraîné mon chien avec un maître-chien et qu'il n'y a pas mieux élevé que ce dernier ? Dois-je leur dire qu'au moindre mot de ma part, il rapplique à mes pieds et n'en bouge plus ? Dois-je leur dire qu'il ne mord sans mon consentement que lorsque je suis en danger ? Bien sûr que non, ils s'en foutent clairement. Les raisons que je pourrais avoir pour laisser mon chien gambader importe peu les autres. Je ne respecte pas les règles... Lesquelles exactement ? Celles édictées par des crétins qui n'y connaissent rien en chien ? Qui ne veulent pas comprendre qu'ils n'ont pas besoin d'attache pour être sage ? Est-ce que cela servirait franchement ? J'en doute fortement. Certes, je ne m'attendais donc pas à trouver quelqu'un ici, si bien que je ne sais pas trop comment aborder la personne que je trouve à côté de ce lac et qui a l'air clairement épuisé par sa dépense d'énergie, parce que vu son aura, je suis persuadé que c'est lui qui a fait se soulever le lac de cette façon. Je m'en vais racler ma gorge pour signaler ma présence quand finalement Oxy décide de se présenter de la meilleure façon qui soit et de sauter sur l'autre chien pour jouer...

Forcément, je lui fais peur et il se cogne sur un rocher. Je grimace pour lui et fait mine de m'approcher. Mais je me souviens aussi que c'est moi qui lui ait fait peur, alors je m'arrête et je pose plutôt ma question. Je peux sentir sa panique qui tente de m'envahir. Au lieu de la repousser comme avant, je l'absorbe avant de la relâcher. Plus facile pour la gérer. Je le regarde comme si rien ne s'était passé, c'est ce qu'on attend d'un empathe non ? Je m'attends presque à ce qu'il fuit, très honnêtement. Dans sa situation et vu la panique qu'il ressent, je crois que j'aurais fuis, y'a des chances. Alors que sa peur me frappe de plein fouet, je vois l'eau derrière lui se lever. « Je ne vais pas te faire de mal. » Je m'accroupis pour lui montrer que je ne bougerais pas de ma place s'il ne le souhaite pas. Je ne veux pas qu'il croit que je suis ici pour lui faire du mal, même si je peux comprendre qu'on ait envie de lui faire du mal. Les élémentaires sont très recherchés par les trafiquants, notamment ceux d'eau. Après tout, manipuler un élément n'est pas seulement fascinant, c'est aussi très utile, surtout dans sa forme la plus pure. Je me souviens encore des dernières recherches que j'ai effectuées sur un dossier, certaines choses n'étaient pas belles à voir. Je secoue la tête pour m'enlever ces images de la tête, ce n'est pas vraiment le moment de penser au boulot là. Je suis venu ici pour décompresser pas pour me prendre la tête. Même si, je pense que je vais devoir me prendre la tête avec ce jeune homme. Si quelqu'un avait vu ça... On serait dans de beaux draps quand même. Je le regarde avec toute la douceur dont je suis capable. Si jeune... et déjà traumatisé. Je peux le voir à sa bouche qui s'ouvre alors qu'aucun son n'en sort.

Je sais qu'il peut parler, je l'ai entendu tout à l'heure. Est-ce qu'il s'agit d'un blocage psychologique ? Ou alors je lui fais vraiment peur. Je ne lui en veux pas, il paraît que je suis impressionnant, notamment à cause de ma taille. Au moins, il est plus calme que tout à l'heure, c'est désagréable pour mon cœur. Je le remercierais presque. La peur est comme une perceuse qui cherche à enfoncer un coffre. Elle vous vrille le cœur et ne laisse derrière elle que des débris. Je souris au chien qui vient vers moi et je caresse sans me faire prier. Le jeune homme répond finalement sur la terre. « Tu dois faire attention. Personne n'est au courant pour le surnaturel, cela pourrait te porter préjudice si jamais un incident sortait dans les journaux. » Je ne dis pas qu'il lui arriverait quelque chose. « Est-ce que ça va ? Tu parais réellement épuisé ? » Je cherche dans mes poches, j'ai toujours des trucs à manger logiquement. Je sors une barre de céréales que je tends à Oxy. « Va la donner au jeune homme. » Le samoyède se dandine jusqu'au jeune homme et laisse tomber la barre sur ses genoux, non sans quémander un câlin au passage, forcément. J'en souris tellement il est pas croyable ce chien. « C'est des barres hyper protéinées. Juste des céréales et des trucs naturels. C'est ma meilleure amie qui remplit mes placards avec, je crois qu'elle les fait elle-même. C'est super bon et très énergisant. » Je le laisse manger tranquillement s'il en a envie et reprend rapidement. « Ta décharge de magie a dû alerter le Coven. On devrait bouger avant qu'il n'arrive. » Personnellement je n'ai pas envie de me faire interroger pendant des heures. Je me lève et appelle Oxy d'un sifflement. Le chien vient se poser à côté de moi. « Tu viens ? Je connais un bon endroit pour manger. Je crois que ça te fera le plus grand bien. » Un sourire doux sur le visage, j'attends de voir s'il me suit ou pas. S'il ne le fait pas... Eh bien, je ne le forcerais pas, ce n'est pas mon genre.

❦ Luciole

Ca recommence. Depuis que je suis arrivé dans cette ville, il ne m’arrive que des catastrophes. Et même si j’ia déjà rencontré Ezechiel et que ça c’est pas trop mal fini, cet homme là, il est géant et qu’il est venu intrigué par ma magie. Je sais ce que maman m’a dit quand j’étais petit que d’autres gens veulent kidnapper les mages parce qu’ils sont puissants alors je dois faire attention. Est-ce que les choses ont changé depuis cette époque? J’en n’ai pas la moindre idée ! Mais l’homme me fout une trouille bleue. Plus il s’approche et plus je veux reculer jusqu’à ce que je me prenne dans un rocher. Je me recroqueville alors sur moi-même mais il me pose une question, il me demande si ça va et sa voix est d’une douceur. Quelque part ça me fait penser à Ezechiel. Au fond, on peut être curieux sans être méchant non? Alors, je n’arrive pas à parler avec ma bouche, les sons restants coincés, donc je grave un oui dans la terre.

Je tente de me calmer avec un exercice de respiration pendant que Bandy va faire un câlin à l’homme qui le gratouille avec gentillesse. Je me détends un peu plus et l’eau retrouve sa place alors que mon regard reste planté dans celui de l’homme qui me fait face. Il a de super beaux yeux d’ailleurs. Ils sont aussi beaux qu’un océan tropical. Je m’y perds littéralement alors qu’il me parle et me met en garde. Ca n’a donc pas changé… Et quand il me demande si ça va, je hausse les épaules. Je suis fatigué, de me cacher, de voler dans les poubelles pour manger, d’avoir peur, oui je suis épuisé. Et quand je vois la barre de céréales, mes yeux s’arrondissent d’envie. Je regarde surpris, la tête sur le côté, quand il demande au chien de me donner la barre. Ce qu’il fait. “Wah” je murmure en voyant l’animal si bien dressé. Je le caresse quand il s’approche de moi, avec un sourire. Je crois que les animaux sont vraiment mon point faible.

Je prends la barre et la coupe en deux pour partager avec l’homme qui me fait face. Je lui tends la moitié et j’articule un “Merci” avec une voix éraillée et faible. L’historie de sa meilleure amie est mignonne je trouve. Si elle fait ça, elle doit tenir à lui. Je croque dans la barre. Elle est trop bonne et je me lèche les babines avec le sourire. Je ne suis pas bavard mais il doit remarquer que je me sens mieux. Enfin, jusqu’à ce qu’il parle du Coven. Mon coeur se serre. Ma mère en était la grande Prêtresse et elle est morte. Mais peut être que j’y trouverai des gens qui l’ont connue là bas. Cela dit, il a raison. J’ai fait des tas de choses illégales et ils pourraient juste m’enfermer. Je me redresse et avant de faire quoi que ce soit d’autre, je viens serrer l’homme contre moi. “ Hayden… Callaghan” je lance avec toujours cette même voix. “Merci.” je lui dis encore. Il n’aura pas beaucoup plus de mots de ma part. Mais j’essaye de faire un effort et de montrer que je suis reconnaissance. Bandy me rejoint également. Mais avant de partir, je vais demander quelque chose à Quinn. Alors, je me concentre et fais venir de l’eau du lac à moi et dans les airs, face à lui j’écris “Ami?” Ca ne doit pas être courant mais j’ai besoin de savoir avant de partir avec lui. Avant de faire plus d’efforts. Je sais que maman m’a visité dans un rêve, son âme est venue à ma rencontre en me disant de venir à Bâton Rouge, mais j’étais loin de me douter que la ville pouvait être aussi hostile.

Admin ✁ Hackeur

Si je m'attendais à trouver un jeune sorcier en partant en promenade avec Oxy ? Certainement pas. Ce n'est pas le genre de choses à laquelle on s'attend en arrivant quelque part. Je dois bien admettre que je trouve particulièrement étrange le fait qu'un jeune sorcier soit ici, au milieu de nulle part et qu'il perde l'usage de ses pouvoirs. Cela peut dévoiler plusieurs choses. Il apprend encore à se contrôler et ne se maîtrise pas totalement : ce qui est étrange vu que les jeunes de son âge sont souvent près de la fin de leur apprentissage. Il est perturbé et n'arrive pas à gérer ses émotions : ce qui signifie qu'il n'a pas eu une formation classique ou alors qu'il lui est arrivé quelque chose. Ou alors dernière option, il ne fait pas partie du Coven d'ici : est-ce qu'il vient d'arriver et n'a pas encore rejoint le Coven ? Ou fuit-il quelque chose ? Je n'ai aucune réponse concrète et je n'ai pas envie de le questionner. Si je le fais, je sais déjà ce qu'il va arriver : il va probablement s'enfuir et je ne le reverrai plus. J'ai envie de l'aider, parce que je sens qu'il est fragile et qu'il ne faudrait pas grand-chose pour le faire basculer, d'un côté ou de l'autre d'ailleurs. Et puis, très honnêtement... J'ai envie de prendre soin de lui. J'ai envie d'être quelqu'un sur qui on peut compter. Enfin bref, je me contente donc de tenter une discussion avec lui, j'évite de l'effrayer le plus possible, mais je suis grand et j'avoue que j'ai un petit côté effrayant. Après tout, je suis un type de la Guilde. Et bien que je ne sois qu'un des hackeur, je suis loin d'être de ceux qui reste derrière leurs écrans. Au contraire, je suis plutôt actif en dehors des écrans, probablement parce qu'on voulait faire de moi un chasseur digne de ce nom, mais que je ne suis pas du genre à laisser les autres me mener par le bout du nez.

C'est comme ça que je suis. Lorsqu'il me tend la moitié de la barre je souris et la décline poliment. « C'est pour toi, j'en ai d'autres au besoin. » Un léger sourire à son remercie et je remarque que sa voix est éraillée, presque inexistante. C'est étrange. Est-ce que c'est parce qu'il a hurlé à cause de la décharge d'énergie ? Ou alors est-ce que c'est à cause du fait qu'il ne parle quasiment pas ? Voire jamais ? Beaucoup de questions poppent dans ma tête, je les mets de côté pour ne pas les oublier, peut-être qu'un de ces quatre j'aurais besoin de les poser. Aujourd'hui, j'évite de le faire, tout simplement parce que je sais que je le ferais fuir si c'était le cas. Un léger soupir passe presque mes lèvres, mais je le rattrape à temps. Je suis étonné cependant quand il s'approche et me serre dans ses bras. Je ne les referme pas, pour ne pas l'effrayer. Ce n'est clairement pas le but de la manœuvre. « Hayden donc. Je suis Quinn. Quinn O'Neill. Ravi de te rencontrer. » Un léger sourire sur mes lèvres, je le laisse s'éloigner tranquillement et souris de nouveau alors qu'il reprend la parole. Enfin la parole... C'est un grand mot finalement. Je regarde les mots se former et s'élever. La manipulation de l'eau... C'est un grand pouvoir dit donc. Je ne me doutais pas qu'il pouvait faire ce genre de choses. Alors que le mot s'imprime dans l'air, je ne peux empêcher mon sourire de s'élargir. « Bien évidemment qu'on est ami, sinon, je ne te proposerais pas de venir. » Je me baisse pour caresser Oxy. « Je ne compte pas t'obliger à venir. Je ne veux pas t'imposer des choix et jamais je ne t'obligerais à rester avec moi. Je veux juste t'aider, libre à toi de me suivre ou non. Mais je pense que tu as plus de chance d'être tranquille avec moi que sans moi. » Et je me lèves pour parcourir le chemin du retour et repartir à ma voiture.

Le chemin n'est pas si long que ça finalement. Peut-être est-ce l'habitude de le parcourir, ou peut-être pas. Tu as probablement trop l'habitude de l'action. Enfin bref. Tu attends qu'il vienne vers toi et une fois là, tu ouvres la portière de la voiture et le laisse grimper à l'intérieur avec son chien. Un sourire étire mes lèvres et finalement, je prends la route l'air de rien pour un restaurant très sympathique, qui, je le sais, accepte les animaux. Une fois arrivé là-bas, je fais descendre tout ce petit monde et entre dans le restaurant suivant des deux chiens et d'Hayden. Une fois assis et le menu devant les yeux, je souris doucement. « Alors qu'est-ce que tu as envie de manger ? Ici, il y a des trucs classiques comme les burger et il y a des trucs plus exotiques. J'aime bien tout manger, mais je suis fan de leur burger parce qu'ils sont réellement uniques. D'habitude, je cuisine moi-même, je préfère. Mais bon, rien ne vaut un bon restaurant de temps en temps ! » Une fois que le serveur a pris nos commandes et qu'il s'est assez éloigné, je prends mon téléphone que je mets sur la table et ouvre une page pour les textos. « On pourra discuter plus facilement avec ça. » Je lui tends mon portable et je reprends la parole. « Alors, tu viens d'arriver en ville ? Tu comptes entrer au Coven ? Je sais, ça fait beaucoup de questions, mais je suis quelqu'un de curieux. Tu es libre de ne rien me dire si tu n'en a pas envie. Sache juste que je t'écouterais si tu en ressens le besoin. Alors n'hésite pas une seule seconde d'accord ? » Un autre sourire et j'attends qu'il prenne la parole ou que nos plats arrivent.

❦ Luciole

Fuir, fuir, fuir, encore et encore. Voilà mon quotidien depuis quelques années. Et même si parfois j’ai cherché à me poser quelques temps dans un endroit, pour me reposer, pour essayer de prendre le temps de vivre un peu ou même de réfléchir à une stratégie pour continuer d’avancer, de vivre et reprendre la vie qui nous a été si horriblement arrachée alors que nous n’avions que sept ans, Moïra et moi. Et je dois le faire fois deux, pour elle, en sa mémoire, pour me racheter. Je m’en veux tellement et je serais prêt à me livrer à la justice si je n’étais pas si lâche. Cette peur me paralyse totalement, j’avance mais comme un robot vers un but programmé à son insu. Maman m’est apparue, j’ai appris son décès, je l’ai pleuré, tellement pleuré… mais je n’ai plus que ça désormais. Ce corps, cette magie qui bouillonne en moi, instable car faisant face à des émotions chaotiques, puissantes et elles même instables, et cette culpabilité qui me ronge littéralement de l’intérieur.Sans compter mon inexpérience qui me ralentie chaque jour un peu.

A cet instant encore, alors que ma magie vient littéralement d’exploser ce lac en un millard voire plus de goutelettes, je me retrouve dans une situation effrayante avec cet homme qui me trouve après mon exploit et a sûrement tout vu ainsi que son chien adorable et terriblement bien dressé. Bandy lui semble déjà apprécier l’homme puisqu’il part chercher des gratouilles. Pendant ce temps, il me donne une barre de cérales que je coupe en deux dans l’idée de partager parce que j’ai été élevé ainsi et surtout j’ai toujours tout partagé avec ma soeur. C’est un vieux réflexe. Mais là, face à cet homme, tout de suite maintenant, nul besoin de partager. Comme Ezechiel, il semble doux, gentil et vouloir m’aider. Pourquoi les gens, ici, veulent m’aider? Pourquoi je les laisse le faire? POurquoi j’ai ce poids au creux de mon estomac qui s’évanouie quand je me rends compte que c’est ce dont j’ai besoin, que j’ai envie de me poser et de laisser la vie se dérouler, que j’ai envie de tout arrêter. Parfois, j’ai songé au suicide, dans cette cave déjà, après des coups de ceinture ou une énième punition, j’ai voulu prendre un couteau et me couper les veines. Durant mon voyage, plusieurs fois je me suis scarifié l’intérieur des cuisses. C’est moins visible. J’en ai marre, je veux que tout ça cesse. Alors, face à la gentillesse de cet homme, je lui saute dans les bras, je le remercie et pour une fois, je me laisse aller. Enfin non pour la seconde fois a vrai dire. Car même si Ezechiel m’a aidé, je n’ai pas accepté plus que ce qu’il m’a offert pour la première fois, trop effrayé à l’idée d’aller vivre chez quelqu’un que je ne connais pas.

Tout est un peu flou, désordonné, sans logique dans mon esprit mais j’essaye de reprendre le dessus. Je lui donne mon prénom. Il faut bien commencer quelque part non? Et mon nom aussi. Parfois, j’avoue avoir l’espoir de tomber sur quelqu’un qui a connu ma mère. Tout serait ainsi tellement plus facile. Pas besoin de parler, pas besoin de tout expliquer. Mais j’ai la sensation que plus personne, ici, ne connaît les Callaghan. Je défais mon étreinte et je m’éloigne après qu’il se soit présenté et je lance un “ Enchanté” rauque avant d’écrire avec l’eau, dans les airs, en face de son visage, la question qui me taraude. Je veux savoir s’il veut vraiment m’aider ou m’emmener pour me faire enfermer. Je ne me rends pas compte que les gens peuvent parfois mentir et me dire oui en pensant non et inversement. Je suis bien trop naif pour ça. Pourtant, je sais que le mal existe, que des gens profondément sombres se baladent dans les rues, mais je ne sais pas, quand je pose une question, je m’attends toujours à la vérité. Et là, au fond de moi, le stress a envie d’éclater, cette bulle de peur également.

Je baisse la tête pour faire un signe positif. Oui, je vais le suivre et j’ai compris ce qu’il a dit. Mais une question demeure. “ Pourquoi?” Pourquoi m’aider et pourquoi je serais plus en sécurité à ses côtés? Je vois bien qu’il est médium et là une vague de panique me submerge. “Consortium?” Parce que si c’est le cas il me recherche probablement et je suis fichu. J’aurais dû me suicider quand j’en avais le courage et la possibilité. Hayden, ta vie est fichue, finie ! Puis finalement, je ne sais pas ce qu’il se passe réellement mais tout s’arrange et je le suis jusqu’à sa voiture. “Quel est ton pouvoir?” je lui demande en ayant beaucoup de mal à parler. La voix rauque, la gorge enrouée, rien ne va. Mais je lui ai montré ma magie, peut etre me parlera-t-il de son don?

Dans la voiture, je me sens bizarre. Depuis combien de temps je ne suis pas monter dans un véhicule, en tant que passager libre? Je ne saurais le dire. Pourtant, là, j’apprécie, ça fait un bien fou, comme une sensation de liberté. Enfin. Il ne m’a pas obligé, il ne m’a pas mis de menottes, il n’a rien fait de magique sur moi qui vise à me lier à lui ou me retenir, il m’a juste proposé et j’ai disposé. La plupart des gens trouveraient ça normal, mais pour moi c’est exceptionnel et tellement bon. La reconnaissance que j’ai pour cet homme augmente de minute en minute. Manger? Mon estomac grouille si fort. Il m’explique ce qu’il y a à la carte et je demande. “ Légumes?” Oui je rêve de légumes. Pendant notre enfermement, nous ne mangions que du pain ou des plats dégueux à base de viande la plupart du temps, gras, pleins de sauce. Heureusement on avait une barre qui me permettait de faire du sport pour éliminer. Au moins, les encyclopédies, à défaut de m’apprendre la vie, m’ont appris le fonctionnement du corps et de pas mal d’autres choses.

Enfin, la question de la nourriture réglée, je vois Quinn mettre son téléphone à côté de moi sur l’application messages, et là je ne l’en remercierai jamais assez mais je pense que mon regard veut tout dire! , puis il me pose des questions. Je le regarde un instant essayant de savoir ce que je vais lui dire ou non, ce que je peux lui dire ou non. Je soupire finalement et je prends le téléphone pour écrire : “ Je suis le fils d’Eileen Callaghan. S’il te plaît garde le pour toi pour le moment. Tu la connais? Je sais qu’elle est morte, pendant une bataille. Elle m’a dit de chercher une Morgana. Ca fait des années que je traverse les Etats Unis, sans rien, je suis épuisé. “ Evidemment, cela aurait été plus simple de tout lui raconter d’un coup mais je ne sais pas comment faire, quoi dire, quels mots utilisés. J’ai l’impression qu’à tout moment, il peut sortir de quoi me mettre en prison et me laisser croupir là bas. Je soupire, puis je lui tends le téléphone pour le laisser lire.

Admin ✁ Hackeur

Est-ce que je peux me le permettre ? Prendre soin de quelqu'un alors que parfois, je suis encore en pleine panique ? Je pense que oui. Et puis, si je ne m’occupe pas de lui maintenant, qui le fera ? Il a tellement l'air à bout de force. Je peux sentir son cœur faiblir d'ici, pas ses fonctions vitales, mais plutôt ses émotions. Il doit vivre dans un stress pas possible pour être dans un tel état. Pour une fois, je regrette clairement de ne pas pouvoir soigner les cœurs en utilisant mon empathie. Ou alors peut-être que je peux le faire d'une façon détournée ? Tiens, il va falloir que je m'occupe de ça et voir ce que ça peut donner. C'est une utilisation de mes dons dont je n'avais pas conscience mais qui pourrait s'avérer utile. Enfin bref, je secoue doucement la tête pour me changer les idées. J'ai tendance à laisser mes pensées s'éparpiller un peu de trop à mon goût et à celui des autres d'ailleurs. Je peux les comprendre. Ce n'est pas quelque chose d'évident de faire avec quelqu'un dont les pensées vont et viennent. Bref, je tente de m'occuper de ce gamin qui a l'air plus que perdu. Je sais bien que je vais devoir répondre à ses questions et que ce ne sera pas forcément de la tarte. J'imagine déjà la panique se dépeindre dans ses yeux quand il saura que je bosse pour le Consortium, parce qu'il va forcément demander un truc du genre. Je tente de sourire doucement pour ne pas qu'il prenne peur, mais après sa question pourquoi, la vague de panique me submerge en même temps que lui probablement. Si je n'avais pas l'habitude, je serais probablement sur le cul. « C'est vrai, je fais partie du Consortium, mais je ne te veux pas de mal, je te promets. Je me promenais juste avec mon chien quand j'ai senti que tu avais besoin d'aide. C'est pour ça que je t'aide. Parce que tu risques de t'effondrer d'un moment à l'autre. Si je te laissais, je ne pourrais probablement pas dormir la nuit. »

Et puis honnêtement, si on ne peut pas aider les surnaturels qui viennent sur notre route, qui pourra-t-on aider à terme ? « Oh, tu veux réellement savoir ça... Hum... Ne te mets pas en colère ou autre hein. Mais je suis un...Empathe. » Je souris doucement, espérant qu'il ne le prendra pas mal. Les gens ont des réactions bizarres. « Je ne fais pas exprès de ressentir tes émotions, c'est juste que je ne peux pas ne pas ressentir. C'est comme si on me demandait d'arrêter de respirer. » Ce qui paraît illogique. Mis à part un psychopathe, qui demanderait ce genre de chose à quelqu'un ? « Et oui, c'est en partie mon don qui me donne envie de t'aider, parce que je ne sais pas rester là alors que je sens que tu ne vas pas très bien. Je ne sais pas ce qui t'es arrivé et je ne t'obligerais jamais à me répondre, qu'on soit clair là-dessus. Si tu veux me raconter, tu peux, mais pour l'instant, tu as besoin que quelqu'un te tende la main et je suis cette personne. Tu as aussi besoin de manger, de prendre une douche et de changer de vêtement. Je sais que ça paraît étrange qu'un étranger te dise ce genre de chose, ou les fasse pour toi. Mais je n'ai réellement aucune autre arrière pensée que de t'aider. Je le promets. » Enfin d'un autre côté, est-ce qu'il faut y croire ? J'imagine que sa vie n'a pas été une partie de plaisir, alors pourquoi est-ce qu'il m'écouterait ou me ferait confiance ? Est-ce que moi-même je me ferais confiance ? J'en doute fort. Très honnêtement, je doute même parfois de la personne que je suis, alors bon, faire confiance de but en blanc à un inconnu ? Mais s'il veut être tranquille, mieux vaut me suivre. Je sais que le Coven d'ici n'a rien de sauvage, mais je crois qu'il est un peu trop traumatisé pour y entrer de suite ou du moins pour se confronter pour l'instant à autant de monde. Enfin bref.

Je l'emmène au restaurant et lui propose de prendre ce qu'il a envie. « Oui, il y a des plats de légumes. Ici et ça. Il y a ça aussi. On peut en prendre plusieurs si tu veux. Vu qu'on peut ramener le reste, rien ne sera perdu. Et cela te permettra de goûter plein d'assortiments différents ! » Je commande cinq plats composés essentiellement de légumes et pour moi, ce sera un super burger. Oui, je mange comme quatre, mais je suis grand. Par contre, je me demande bien depuis quand lui n'a pas mangé... Je commande aussi un truc qu'on pourra donner à nos deux bestioles. Service de luxe, mais d'un autre côté, je ne suis pas certain qu'ils aient mangé à leur faim depuis un bon bout de temps, un steak bleu devrait faire plaisir à son chien et Oxy sera ravie d'avoir un peu de viande aussi ! Je finis par poser le téléphone entre nous pour qu'il puisse taper ce qu'il a envie de dire. Je sais, ça va prendre bien plus longtemps que si on avait discuté directement, mais il est hors de question de l'obliger à parler. Et puis, vu qu'on est dans un endroit assez bondé et que je ne peux pas placer de protection pour que les gens n'écoutent pas, l'écrit, ce n'est pas si mal. Quand il a fini, je lis tranquillement et j'ouvre grand les yeux. Le fils d'Eileen... Tiens donc. Je me souviens de cette Grande Prêtresse tombée durant les événements de la Secte. Elle ne méritait pas cette fin et bien que je ne l'ai pas connu personnellement, je sais qu'elle était quelqu'un de bien. Cependant, d'après les informations, elle avait perdu ses deux enfants durant Katrina, ce qui veut dire que... Oh bon sang quelle horreur... « Je la connais effectivement. Enfin, pas personnellement. Comme tu le sais, je ne suis pas comme toi donc je ne fréquente pas réellement les mêmes endroits, mais j'en ai entendu parler et je la connaissais un peu de réputation. C'était quelqu'un de très bien, très douée, morte pour protéger les autres. »

Sa mort est d'autant plus triste qu'elle ne saura jamais que ses enfants ont finalement survécu. Je me perds un instant dans un sentiment de tristesse familier. C'est ce que je ressens à l'idée de ne pas avoir connu mes parents à cause de cette famille de... Concentration Quinn ! Je souris doucement et m'apprête à reprendre la parole alors que les plats arrivent. Les steaks sont livrés dans les petites boîtes exprès pour les reste. Parfait, on leur donnera tout à l'heure. La serveuse dépose les plats et me précise que si je veux récupérer les restes, il me suffira de le lui dire. Je lui fais un grand sourire qui la fait rougir jusqu'aux oreilles et la remercie pour sa bienveillance. C'est aussi pour ça que j'aime ce restaurant, tout le monde y est sympa. « Vas-y mange, touche à tout, fait toi plaisir ! » Un autre sourire et je mords dans mon burger, tout en mangeant une frite et en me faisant la réflexion qu'il y a une information que je ne lui ai pas donné. « Pour ce qui est de trouver Morgana, c'est fait. En réalité, c'est ma meilleure amie. Donc je pourrais t'organiser une rencontre avec elle si tu veux. Tu n'as plus à courir partout. Tu es enfin de retour à la maison. Alors pour l'instant, profite de tout ça d'accord. Détends-toi, mange, reprend un peu du poil de la bête et pour la suite, on verra. Rien ne presse d'accord. Tout va bien aller à partir de maintenant. » C'est une promesse que je veux tenir, pour lui, pour tout ce qu'il a traversé, je veux qu'il puisse enfin se reposer et arrêter de se faire du mal inutilement. « Allez manger. Tout est super bon ici. » Et je croque encore dans mon burger. Ma curiosité non assouvie, mais l'envie de prendre soin de lui bien présente.

❦ Luciole

Faire confiance à des gens que je ne connais pas est compliqué. Il y a bien Ezechiel. Je l’observe parfois la nuit mais je n’ose pas l’approcher. J’ai peur de lui faire du mal. Il a pourtant été si bon avec moi, si doux, si présent, si tolérant. Et justement. Alors pourquoi, cet homme, face à moi, serait mieux que lui? Pourquoi je le laisserai lui m’aider plus qu’Ezechiel? Probablement parce que je suis épuisé, j’ai froid, j’ai faim et que seul, clairement, je ne m’en sors pas. Je ne trouve pas ce que je cherche et je fatigue, chaque jour un peu plus à mesure que l’hiver avance. Alors au fond, que je le laisse m’approcher et m’aider, même si je suis littéralement pétrifié de peur reste logique : la survie. En revanche, je me demande pourquoi lui il veut m’aider, pourquoi il s’est arrêté, pourquoi il veut m’emmener. D’autant que je vois son aura orangée typique des médiums. Je me souviens encore de la voix de maman qui m’explique ces détails alors que tout autour de moi me paraissait très coloré, trop coloré. Il est bien du Consortium et je fais un pas en arrière, cherchant par où je pourrais éventuellement fuir. Puis ses mots se veulent rassurants. Et d’un autre côté, je me dis que dans le pire des cas je serai au chaud et j’en saurais peut être plus sur ce que je cherche, sur la personne que je cherche. Je l’observe alors avec intensité, le temps de jauger si oui ou non je le suis, puis finalement j’aquiesce de la tête pour dire que oui, je le crois et je le suis. De toute manière je suis presque dans une impasse et je n’ai pas envie de retourner dans cet endroit abandonné froid et lugubre. Et j’ai faim, terriblement faim. Je dois être tout pâle d’ailleurs, d’autant plus avec la décharge d’énergie que j’ai eue.

On finit par grimper dans sa voiture et je lui demande quel est son pouvoir. Parce que je suis curieux et parce qu’il a une manière d’aborder les choses très différentes d’Ezechiel par exemple. Parfois j’ai presque l’impression qu’il sait ce qu’il faut faire avant même de le faire. C’est étrange. Puis quand il m’informe de ce qu’il est, j’ouvre grand les yeux avec l’envie de poser une question qui ne sort pourtant pas et qui s’achève finalement sur un “Désolé” Parce qu’avec moi il doit jouer des maracasses tout en faisant un grand huit perpétuel. Je le plains. Mais ses mots me détendent et s’il sait ce que je ressens il saura que même si je ne dis pas un mot, il a touché dans le mille. Parce que j’ai envie de le croire. Il n’empêche que je garde une partie de moi alerte. D’ailleurs, il remarquera vite que j’observe tout le temps autour de moi, comme si j’avais le diable aux fesses. Et ça risque de mettre longtemps à me passer. Et, tout à l’heure, je lui montrerai mon dos. Ezechiel a compris, en partie, quand il a vu mes cicatrices, peut être que Quinn aussi. Mais pour le moment il conduit et il ne faut pas le déconcentrer.

Au restaurant, je demande des légumes. Il comprend super vite et c’est assez agréable parce qu’il ne se rend pas compte à quel point me soulager de la sorte, à ne pas m’obliger parler me fait du bien. Non seulement parce que cela me permet de ne pas être seul mais aussi et surtout ne pas être seul en ne faisant pas des efforts considérables et épuisants pour tout gérer en même temps. Déjà que je regarde sans cesses qui entre et sort et qui peut nous regarder autour. Merci, il me prête son téléphone pour écrire. POurquoi j’arrive mieux à communiquer ç l’écrit? Parce qu’il y a très peu de chances de se disputer ou de susciter une émotion vive en étant factuel à l’écrit… Du moins, c’est mon cas et ça me permet de contrôler mon don, pour le moment. Evidemment, c’est pas du tout l’impression que j’ai donné au lac quand il m’a retrouvé. Ahem. Bon je lui parle donc de ma mère et quand il m’en parle, mes yeux rougissent et je me mets nerveusement à gratter mon bras. Maman est vraiment morte. Je ne la reverrai jamais. Toutes ces années à lutter dans l’espoir de revoir mes parents… Mais peut être que…” Mon père?” je demande à voix haute cette fois ci, mais ma voix, un murmure, est noyé par l’arrivée des plats. Rapide bon sang ! J’observe quand même le comportement de Quinn avec la serveuse et malgré mon air ripoux je lui fais un grand sourire comme il a fait. Visiblement c’est ce qu’il faut faire et ce qui marche. Mais je n’ose pas toucher la nourriture même si mon ventre gronde à en damner tous les démons de Bâton Rouge. Finalement, quand il me dit d’y aller, j’essaye de contrôler ma frénésie en prenant la cuillère pour en mettre une de chaque plat dans mon assiette. En revanche, je n’attends pas pour manger la première fourchette et les enchaîner. Puis il parle de Morgana. Tout se passe rapidement, et j’ai l’impression que soudain, je ne peux plus penser à mon environnement. Morgana. Le prénom que maman m’a glissé. J’ouvre grand les yeux. Le destin. Sa meilleure amie. Et je soupire de soulagement. Ses mots et surtout de savoir que j’ai atteint mon but. Malgré tout, je me mords la lèvre inférieure et je me retourne pour que seul Quinn puisse voir mon dos et je soulève mon t-shirt pour qu’il voit les cicatrices typiques des coups de fouet et ceinture. “Enfermé dans une cave depuis Katrina.” J’explique brièvement avec un voix rauque qui n’a clairement pas l’habitude de s’exprimer. Je reprends le téléphone et j’écris entre deux fourchettes… désolé d’être long mais j’ai trop faim ! “ Maman m’a visité une nuit et m’a dit de trouver Morgana Winkler, que c’est une sorcière de confiance et qu’elle m’aidera à Bâton Rouge. Elle m’a parlé d’un autre sorcier… Killian mais je me suis réveillé avant qu’elle me donne son nom et pourquoi cette personne…” Je soupire. Je suis fatigué de tout ça. Fatigué de fuir, de ne pas savoir ce qu’est la vie, de n’avoir rien expérimenté depuis mes 7 ans d’être sale tout le temps, d’avoir faim un jour sur deux, de ne pas donner une vie descente à se chien qui a décidé de me suivre pendant mon parcours. “Merci pour Bandy” je murmure alors en parlant du chien qui se régale aussi.

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A new life ft Quinn

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