Être maman célibataire ce n’est pas le plus simple. Je gère les nuits en solo et il est 3 h du matin quand je m’assois dans mon lit avec Zoraya scotcher à mon sein. Je commence doucement à la sevrer de l’allaitement, mais elle semble tenir à sa tété de la nuit. Plongée dans un demi-sommeil sans lâcher ma fille du regard, je sursaute quand mon téléphone se met à vibrer. Je décroche en reconnaissant le numéro et j’apprends qu’une de mes patientes est sur le point d’accoucher. Elle me décrit les contractions et je recrache en me levant. J’envoie un sms à ma mère « SOS » elle sait que ça veut dire rapplique chez moi. Par chance, ce soir, j’avais décidé de dormir dans mon appartement en ville tout en restant disponible pour la horde en cas d’urgence.
J’envoie un sms à Örs mon assistant en tant que Dagda, mais aussi en tant que Doula. Apparemment, mon petit protégé aimerait découvrir ce monde alors depuis quelques mois, je lui apprends tout ce que je sais et ce soir, il va m’être utile.
Je lui envoi donc l’adresse avec un petit message d’encouragement, « C’est le grand jour mon Örs, tu vas faire du terrain et voir un bébé naître »

Le grossesse de ma patience se passe à merveille donc il ne devrait pas y avoir de soucis et puis mon apprentie sait tout ce qu’il doit faire, la moindre goutte de sang non prévu et il doit appeler Bastian et les secours. Je ne suis pas médecin alors dès que des complications se pointent, je dois appeler un professionnel médical.

Bref, une fois le repas de Zoraya terminée un peu précipitamment, j’enfile un jean, mes ballerines et un sweat avec un débardeur. Je me brosse les cheveux, je me prépare et je cale ma fille dans les bras de sa grand-mère ravie quand elle arrive. Je rejoins ensuite Örs devant l’adresse que je lui donnais avec mon sac de boulot.

« Salut Örs, pas trop nerveux ? »

J’ai toujours considéré mon apprenti comme un homme, je connais un peu de son histoire et à mes yeux son genre est clair. Je me dirige vers l’interphone et le papa me répond et nous ouvre. Il ne nous faut pas longtemps pour arriver à l’appartement et entrer par la porte ouverte dans un salon comme je les aime. Tout est prêt, la piscine au milieu avec la maman dedans, des bougies, des plantes et une musique douce. Je regarde alors mon apprenti et je pose mon sac en souriant.

« On va se changer et on sera prés. »

J’ouvre mon sac et je tends à Örs une tenu plus agréable surtout s’il doit entrer dans l’eau pour m’aider. Une sorte de robe ample pour les chaman homme. Quant à moi, j’ai amené ma tunique blanche. On se doit d’avoir des vêtements propres pour éviter la propagation de germe.

« N’oublie pas les rites… Lave tes pieds, tes mains et récite un mantra pour toi »

Je le laisse aller se préparer dans la salle de bain le temps que je parle à la maman qui semble assez sereine. Quand Örs revient, c’est mon tour et je ne mets que cinq minutes. Je me place à côté de mon apprenti et je murmure à son oreille.

« Ça va ? »

Depuis quelques semaines maintenant, Örs avait opéré un grand changement dans sa vie. Enfin grand, cela lui parut important sur le moment, si important qu’il en parla avec le plus grand sérieux à son frère autour d’un bon diner et d’un bon verre de vin. Intégrer la horde, finir son apprentissage auprès d’une Dagda en fonction, c’était tout ce qu’il voulait et d’une certaine manière, cela le réconciliait avec son départ forcé de sa meute d’origine. Il aurait dû prendre la place de sa mère, devenir vargamor mais la meute constituée en grande partie de Lipov n’acceptait pas la transidentité. Pour éviter aux jumeaux d’être la proie de loups agacés, ses parents les avaient poussé à partir, leur rappelant leur amour et que ce n’était pas par rejet d’eux qu’ils les chassaient, le coeur en peine. Néanmoins, les jumeaux le vécurent mal. Pal sans doute encore plus, sinon pourquoi serait-il parti à l’autre bout du monde ? Örs avait apprécié les Coven où il avait vécu, c’était une étape importante, comme grandir, quitter le nid familial, néanmoins, il n’arrivait à oublier ses origines et ce qu’il aurait dû être. Alors quand Ophélia se plaignit de n’avoir d’assistant chaman, il se proposa et fut agréablement surpris qu’elle accepte.

Voici comment il s’était retrouvé, en plein début de soirée, à recevoir ce coup de fil lui indiquant qu’une naissance allait avoir lieu et qu’on avait besoin de ses services. Il abandonna Pal et Alessandro, il avait voulu passer la soirée au fameux club La Tombe où travaillait son frère, Pal lui pardonnerait. Il monta sur son scooter et accéléra pour gagner la forêt et le domaine de la Horde où l’attendait Ophelia et la futur maman. Il se débarrassa de son casque aux couleurs rose et bleu pour rejoindre la dagda qui lui demanda s’il n’était pas trop nerveux. Il frotta son crâne d’un petit geste de la main. « Salut Ophélia, un peu, mais ça va bien se passer, je le sens bien. » Bien que d’un naturel optimiste, Örs n’était pas du genre à se voiler la face. Il sentait les forces de la nature et celles-ci ne l’avertissaient pas ce soir. Il en déduisit que les choses allaient bien se passer.

Ophélia sonna et le père leur ouvrit. Il put sentir qu’il était encore plus nerveux que lui-même, reconnaissant sans peine les tics compulsifs qui le firent sourire d’amusement. « Ne vous en faites pas. » ne put-il s’empêcher de lui dire accompagnant la parole d’une tape rassurante sur l’épaule. Il suivit Ophélia pour se changer, la tenue ample lui convenant parfaitement même si l’eau en dévoilait bien plus que ce qu’il ne l’aurait voulu. Mais en l’occurence il ne songeait à lui, ses pensées étaient tournées vers la maman et ce qu’ils allaient devoir faire. « D’accord, merci. » souffla-t-il. Le rappel était utile, la nervosité tendait à chasser parfois une étape. Néanmoins, Örs s’attacha à s’assurer de sa propreté pour ne pas risquer de contaminer la mère ou le bébé, il récita un mantra en le faisant, laissant son esprit s’envoler un peu plus vers les esprits, leur demandant de l’aider et d’aider la mère. Puis il sortit de la salle de bain, fin prêt.

Ophélia fut si rapide en comparaison, Örs la regarda revenir soulagé. Il ne pouvait s’empêcher de jouer les éponges émotionnelles et le futur père était si nerveux. Il avait été si étonné de réaliser combien les hommes cis (de naissance) pouvaient refouler leurs émotions au point de saturer l’air avec. Heureusement le jeune père fut sensible à ses arguments, en l’occurence de rassurer la future mère. « Ça va oui, allons-y. » Il la suivit jusqu’à la piscine. Une fois qu’il fut assurer que tout était en place, les outils, les instruments, la sauge assainissant l’air, il rejoignit Ophélia dans l’eau, sentant le tissu de la robe flotter autour de lui.

Je m’installe à côté de la piscine gonflable. Une hauteur de deux boudins bleus, la mère et son ventre rond avachie dans le bassin avec ses bras derrière le bord de la piscine, respire doucement. Elle suit les conseils que je lui avait donné y a quelques semaines. Les exercices de respirations sont ce qu’il y a de mieux pour gérer la douleur que les dieux nous impose pour faire naître la plus belle chose au monde. Notre propre enfant. Je pose une main sur l’avant-bras de la jeune femme pendant qu’Örs se change dans la salle de bain.
Une gémissement de douleur, je regarde l’heure sur mon téléphone et j’attends le prochain. Les contractions sont proches et je me lève pour rejoindre Örs en tenue. Je souris doucement et je pose mes lèvres sur le bout de mes doigts que je pose sur le front du jeune homme.

« T’es magnifiques Örs. Ce soir, c’est ton moment. »

Il m’a déjà assisté et si tout se passe bien ce soir, c’est lui qui fera naitre l’enfant. La mère était d’accord et le père aussi. J’étais ravi d’offrir ça à mon protège.
Je pars donc me changer et je fait mes rituels rapidement en priant aussi les dieux de protéger la mère, l’enfant et de soutenir Örs. Je parle toujours de Mantra à mon assistant, car je ne veux pas l’entrainer dans mes croyances. Mais moi, je crois en les dieux et donc forcément, je remplace mes Mantras par mes prières.
J’entends un autre cri de douleur et je sors de la salle de bain. L’ambiance sombre éclairé que par les bougies et la musique en fond donnait quelque chose de calme et apaisant. Je regarde le père qui est paniqué et je regarde ensuite Örs. Le pauvre, il va tout ressentir à force.

« Monsieur ? Et si vous nous faisiez de la tisane avec les herbes que je vous ai données l’autre fois ? Ça va hydrater la maman et l’apaiser et ça vous fera du bien aussi a vous. Et nous aussi, je crois »

Je fais un clin d’œil à örs puis j’entre dans l’eau. Ma robe se déplie sur la surface et je m’installe sur le côté pour laisser ma place à Örs entre les jambes de notre patiente. Je le laisse faire les examens et j’interviens s’il me le demande où si je sens qu’il panique et petit à petit le moment approche. Je souris au jeune homme et je murmure.

« On a encore un peu de temps. Va préparer sur le côté tout ce qu’il faut. Serviette plié, une déplié et mon téléphone au cas où. »

Il sait que si je lui en donne l’ordre, il devra appeler Bastiaan qui lui est gynécologue.

[Lancé de dés : Est ce que tous se passe bien?]

Un peu nerveux, il sourit à la chamane qui lui confie que c’est ce soir son moment. Ce soir, il était supposé se charger de la naissance, non plus l’assister mais prendre une part active. Il avait bien sûr encore des doutes et les craintes qui menaçaient de le submerger à tout moment. Néanmoins, Örs les tint éloignée. Il ne devait pas les laisser l’accabler. Il avait réussi à quitter l’Europe, à rejoindre son frère et l’Amérique, à choisir même de changer de clan alors qu’il venait à peine de faire sa place au sein du Coven. Toutes ces décisions ne suggéraient-elles pas qu’il était en réalité parfaitement capable de faire ces choix et de les assumer ? Il inspira. Il pouvait le faire. Ophelia ne lui aurait jamais laissé occuper cette place si elle ne l’en pensait pas capable. Et au pire du pire, elle était à ses côtés. Elle se chargeait déjà des rituels. Il lui sourit.

Difficile de calmer le père alors Ophelia eut la brillante idée de l’occuper en lui demandant de préparer une tisane avec les herbes qu’elle a préparé et amené. Örs sourit au clin d’oeil complice qu’elle lui accorda, il s’apprêtait à en faire un lui-même mais s’était retenu à la dernière minute, nombre d’hommes faisaient des clins d’oeil aux femmes avec un sous texte plus sulfureux et plus lourd. Ils finirent par entrer dans l’eau qui soulèvement le tissu les entourant. Örs se sentit mal à l’aise au début, lui qui avait fuit les piscines et autre bassin, pourtant fort nombreux en Hongrie où c’est carrément une institution, et un rituel de pureté important. Mais avec sa transition, encore en cours sur le plan physique, il avait toujours des peurs liés au fait que l’eau coulant sur le corps révèle tout ou presque. Cependant le tissu restait ample et surtout, la patiente, la mère avait besoin de lui. Il secoua la tête pour chasser ses peurs et s’approcha d’elle, un sourire doux sur les lèvres.

Il n’était plus temps de laisser de la place à la peur et aux doutes, il était temps d’oeuvrer pour que cet enfant vienne au monde en toute sécurité. Il se plaça donc face à la mère. Il n’osa la regarder droit dans les yeux au début, étant donné la position. Même s’il était né dans un corps de femme, la mère ne le savait pas. Il avait l’apparence d’un homme. Pourtant, la scène avait été répétée maintes et maintes fois. Il chassa à nouveau les doutes et se concentra, écoutant le souffle de la mère pour savoir où elle en était. Il posa ses mains sur le ventre, avec précaution, prévenant à chaque geste ce qu’il faisait pour que la mère ne s’inquiète. Parce qu’à ses yeux le consentement était important. Y compris dans des gestes médicaux, il était bien placé pour le savoir.

Ophélia s’approcha de lui. « C’est en bonne voie. » souffla-t-il pour la prévenir que tout allait bien, il suivit les consignes et lui apporta tout ce dont ils auraient besoin. Sortir de l’eau n’était pas sans difficulté, le poids de l’eau sur la robe de cérémonie pesait lourdement. Pourtant quand il revint avec le téléphone et les serviettes propres, il entendit la respiration saccadée, trop rapprochée avec ce qu’il avait entendu juste avant. Un regard inquiet se posa sur la chamane. Il se dépêcha de la rejoindre et de se mettre en place. Le bébé arrivait, plus vite que prévu. A moins que ce ne soit autre chose qui accélérait le rythme cardiaque de la mère ? Les esprits soufflaient qu’ils devaient être vigilants que les choses pourraient mal tourner.

Örs est bienveillant et doux avec la maman, une ambiance, cocon se met en place et je dois avouer que depuis que le jeune homme m’assiste, je suis plus efficace. Tout simplement parce que si je dois user de mon don je sais que je peux le faire sans me soucier de devenir un poids. Örs prendra le relais avec l’enfant et sa mère si je venais à m’évanouir après un soin trop puissant.
Tout comme moi Örs sentant que la naissance approchait, mais dans ce genre de moment tout peut partir rapidement. Mon assistant va préparer les objets et le téléphone sans se douter de ce qui se trame. Lorsqu’il revient vers moi, le souffle de la jeune femme s’accélère et je pose deux doigts sur sa gorge en murmurant.

« Le pouls s’accélère. »

Je pose alors mon oreille sur le ventre de ma patiente et je regarde Örs inquiète. Il est une éponge à émotion et va sûrement voir que je suis moins sereine d’un coup. Je demande alors d’une voix douce.

« Örs, place tes mains au niveau du col, dis-moi si tu sens la tête du bébé »

Et techniquement ce qu’il va sentir, c’est le dos de l’enfant, la petite bourrique à changé de sens et se présente pas le dos. Je promène alors doucement mes mains sur le ventre pour cibler la position et j’explique à mon assistant.

« Il a bougé, on ne va pas pouvoir le sortir comme ça. »

Je regarde la maman en souriant et je la rassure.

« Je vais devoir le déranger pour le forcer à se tourner. Mais ça ne va pas être agréable pour toi. Tu dois être forte pour lui d’accord ? »

La mère commence à doucement pleurer et me fait oui de la tête. La père arrive assez serein et pose le plateau sur le côté pour ensuite embrasser sa femme. Il comprend alors que ça ne va pas et je le rassure lui aussi. Je fais signe à Örs de venir face à moi avec le ventre entre nous et je lui dis.

« Je vais le retourner, toi rassure la maman. »

J’avais parlé doucement pendant que le couple tentait de se rassurer entre eux. Puis je demande.

« Prête ? »

Et je commence à placer mes mains sur le ventre. J’entame cette manipulation si douloureuse mais nécessaire, car si j’appelle Baastian, ça sera sûrement une Césarienne…

Revenant rapidement vers la mère, Örs perçut de la tension, tant de la mère ignorante du problème mais l’éprouvant pleinement que d’Ophélia. Il plissa les sourcils mais ne souffla mot, inutile d’inquiéter plus encore la mère. Il hocha la tête en se plaçant devant la mère, tendant ses mains pour les poser avec délicatesse. « Je sens quelque chose mais… je crois qu’il est dans le mauvais sens. » affirma-t-il, confirmant les soupçons de sa mentor. Il aurait aimé lancer une prière aux esprits, à voix haute pour lui donner plus de force mais la mère s’en inquièterait, alors il la fit dans sa tête, demandant aux esprits de veiller sur la mère comme l’enfant, de les guider tous les deux dans cette opération délicate. Örs comprenait ce qu’elle voulait dire, il allait falloir le retourner. Ce serait douloureux mais impératif. L’enfant ne pourrait sortir autrement.

Ophélia prit les choses en main, après une phrase rassurante pour la mère, elle prit place. Le hongrois la regarda faire puis il regarda le père qui avait rejoint la mère et tentait de la rassurer comme il pouvait. Örs saisit la main de la femme, il savait qu’elle allait endurer une grande douleur quand l’enfant serait retourné. Il était trop proche du col pour que ce ne soit pas douloureux. « Vous êtes assez forte, et lui aussi. Serrez ma main, quand la douleur sera trop forte. » Il regarda avec douceur la femme et son époux, il ignorait s’ils étaient mariés, mais ils semblaient proches et s’aimer. « Votre enfant a de la chance de vous avoir, des parents aussi forts et aimants. Je suis certain que lorsque vous lui raconterez comment il est venu au monde, il sera fier de vous. » ajouta-t-il, essayant de distraire la mère de la douleur.

Mais quand la manipulation commença, le signal nerveux prit le dessus, couvrant les paroles du jeune homme et les espoirs de la jeune mère. Un cri de douleur surgit, elle serra la main du hongrois si fort qu’il crut que ses os allaient céder.

Je pourrais aller vite, mais je veux qu’ Örs puisse agir dans l’urgence. Je lui demande donc d’aller vérifier le col et qu’il me dise ce qu’il sent.
Je promène donc mes mains sur le ventre de ma patiente alors que mon assistant me confirme ce que je craignais. L’enfant, c’est installer en travers et il va nous être impossible de le sortir actuellement. Soit j’appel Baastian pour une urgence, soit je fais une manip. La mère m’a fait promettre d’appeler le médecin seulement si des vies sont en jeu. Ce n’est pas le cas actuellement. Mais je sais qu’elle est prête à souffrir pour accoucher naturellement.
Je donne alors mes ordres à Örs , il va devoir rassurer la moment et tenir le coup pendant que je la torture.

Je laisse le jeune homme parler aux parents, ses paroles sont tellement rassurantes et apaisantes. Je suis très fière de lui. Je me tiens alors debout dans la piscine et je ferme les yeux afin d’entamer une prière pour Lilith dans le silence. Une fois terminé, je reprends le sourire afin de montrer que je suis sûre de moi et je m’installe dos à ma patiente sur le haut de son corps. Je place mes mains et je commence la manipulation.

Les hurlements de ma patiente me broient le cœur, mais j’ai l’habitude. Je commence alors doucement à réciter un mantra au nom de Lilith et de l’enfant à naître et lorsque d’un coup mes mains se place au bout de quelques secondes d’intense douleur, le petit glisse déjà pour naître. Seul le haut de sa tête s’installe alors que la mère épuisée ne peut plus pousser tant elle est fatiguée. Je crie alors à Örs

« Örs ! Installe-toi, faut le sortir. »

Je descends de ma patiente et je pousse le père pour me mettre hors de la piscine et poser mes deux mains sur les joues de la maman au bord de l’évanouissement. Je murmure alors.

« Encore un effort, tu en es capable. Une simple poussée et Örs le sortira »

La mère pleure, elle n’en peut plus. Je regarde Örs pour l’encourager et je donne le signal alors qu’une nouvelle contraction se déclenche.

« Maintenant ! »

La mère pousse alors une dernière fois en criant, gémissant et en pleurant. Une poussée magnifique puisque la tête sort entièrement. Je dis alors à mon petit protégé.

« Fais doucement pivoter les épaules et tire, il va venir tout seul. »

Il sait qu’ensuite, il va gérer le bébé pour que je m’occupe de la maman. Je vais devoir vérifier que tout va bien et si ce n’est pas le cas…J’userai de mon don si l’enfant va bien, car je ne peux pas soigner deux personnes en même temps.

La mère sous l’effet de la douleur intense broya la main du jeune chaman, ce dernier n’esquissa même pas un petit cri de douleur. Qu’était-ce quelques os pressé contre ce que la mère éprouvait en cet instant. Le père se joignit aux efforts, offrant une autre main à sa sacrifier, soutenant son épouse du mieux qu’il pouvait. Örs continua de leur parler, il savait bien qu’ils ne pouvaient plus l’entendre étant donner que les cris surpassaient largement sa voix malgré tout il continua. Ainsi la mère pouvait essayer de se concentrer sur sa voix, si elle en avait besoin, et ses encouragements poussait le père à garder son calme en dépit de l’état de sa femme. Si bien qu’enfin, Ophelia réussi à remettre l’enfant dans le bon sens. Chacun put le sentir, d’une part les cris de douleur avaient cessés, d’autre part, le souffle de la mère s’était apaisé. Seulement, l’épreuve l’avait laissé sans force. Örs regarda le père. « Soutenez-la, je vais m’occuper de l’enfant. » le guida-t-il car il doutait que la mère puisse même se soutenir encore en flottaison.

Pour sa part, il rejoignit la chaman sage-femme. Elle lui demandait de se placer à nouveau en position pour sortir l’enfant. Örs sentit l’eau tout autour d’eux, l’esprit de l’eau qui ne demandait qu’à lui répondre. En tant que druide aquatique, il avait un lien particulier avec cet élément. Il murmura une prière aux Dieux aquatiques, à l’esprit de l’eau, demandant à ce qu’il les aide. Elle. Généralement l’esprit de l’eau était féminin. Il sentit un léger reflet contre la mère et sourit, il posa ses mains en position. Il sentit la tête de l’enfant mais ne pouvait tirer tant que les épaules n’avaient pas commencé à passer le col. Il pria plus fort en entendant les pleurs d’épuisement de la mère. Le flux aquatique parut plus fort et enfin, le bébé jaillit. « Ça y’est, il est là. » Örs le tira, suivant les consignes d’Ophelia. Il s’assura que l’eau n’entre ni dans son nez ni dans sa bouche et commença à le frotter vigoureusement à la fois pour le débarrasser du sang et à la fois pour s’assurer qu’il pousse son premier cri. Quelques secondes d’angoisses succédèrent celui-ci et Örs sourit en regardant l’enfant, il semblait en bonne santé mais sur le sujet, mieux valait se fier à Ophelia. Il vint donc vers elle et la mère.

Örs est quelqu’un de très sensible et quand je l’ai vue arrivé, je me suis rapidement pris d’affection pour lui. Encore plus quand j’ai appris un peu plus de chose sur lui et son passé. Je lui vite appris que le monde avait besoin de gens sensible comme lui et moi et c’est donc tout naturellement que je l’ai pris sous mon aide.
Même si je garde mon calme, la situation est urgente, mais on ne doit pas le montrer aux parents.
Je donne donc les directives à Örs et rapidement, il se met en place sous mon regard bienveillant alors que je rassure la maman tout en conseillant mon assistant.
Je ferme les yeux quand je sens le pouvoir de l’eau. Il apaise rapidement mes angoisses et c’est pour ça que je suis toujours heureuse quand une maman souhaite mettre au monde dans l’eau.
Je laisse Örs s’occuper du petit juste le temps de vérifier que la maman va bien. Pas d’hémorragie et le placenta se prépare doucement à l’expulsion. Je regarde alors le père en souriant.

« Prenez soin d’elle, elle le mérite. Je m’occupe du petit et je vous le ramène. »

Je sors de l’eau alors que le petit pousse ses premiers cris sous les soins du jeune sorcier et pendant ce temps j’installe le reste de mon matériel au sol. Trempé, je baigne dans une flaque sur le carrelage des parents, mais ils ne m’en voudront pas. Je regarde ensuite Örs et je lui fait signe de venir avec le petit. Je le prends pour le laisser sortir de la piscine tranquillement et je pose le nourrisson sur la serviette que je replis sur lui pour le réchauffer. Je murmure alors.

« On va faire vite, il a besoin de sentir la peau de sa mère. »

Il est propre grâce au jeune chaman et je n’ai qu’à faire les premiers examens que Bastian m’a appris. Cela ne prend que cinq minutes. Puis je me lève en le prenant et je vais le déposer contre sa mère.
Je la félicite et je recule en prenant doucement la main d’Örs. Il est temps pour nous d’aller nous sécher et nous changer pour laisser les parents profiter. On rangera les affaires après que nous nous soyons purifiés.
J’emmène alors le jeune chaman dans la salle de bain. J’y avais laissé notre sac de vêtements et je soupir en m’assiant sur le bord de la baignoire pour évacuer mon trop-plein de stress. Je frotte mon visage puis je relève la tête pour sourire à Örs

« Tu as été magnifique Örs. Tu vas presque pouvoir gérer les accouchements seul, tu t’en rends compte ? »

Mon sourire tendre et bienveillant l’encourage, je l’espère. Puis je lui fait signe de s’asseoir à mes côtes et j’ajoute.

« Je suis tellement fier de toi petit cœur. »

Je pose alors mes lèvres sur sa joue puis je me penche un peu pour prendre le sac un flacon d’huile nettoyante que je fais moi mêm. On n’a pas le temps de se doucher ici alors je lui tends.

« Pour tes jambes et le bas du corps. Ensuite, on se change et on va ranger le salon. Je donne les consignes aux parents et on rentre. »

Nous allions devoir nous tourner le dos pour faire ça ici rapidement. J’ajoute d’ailleurs.

« On va aller au lac près de la forêt ensuite pour décompresser ça te dit ? J’ai prévu de quoi grignoter dans mon sac »

Suivant les instructions de la Dagda, Örs nettoya le corps du nourrisson avec douceur. La peau était encore toute rouge, des frottements et efforts fournis. Il ne cessa de prier alors qu’il effectua les gestes. Ildikó de prendre soin de l’enfant, en cette première année qui est toujours la plus délicate. Tengri, d’offrir une bonne vie à l’enfant. Une fois ses prières achevées et le petit tout propre, il laissa Ophelia le ramener à la mère. Il comprenait la nécessité pour le bébé de sentir la peau et la chaleur corporelle de sa mère. A ce jeune âge, c’était comme s’il ne faisait qu’un avec sa mère. Physiquement comme physiquement. Le lien ne devait pas être rompu trop vite, avait-il compris en écoutant Ophelia.

Il la suivit également vers la salle de bain, laissant les deux parents épuisés mais heureux avec leur nouveau-né. Ophelia s’assit au bord de la baignoire. Elle paraissait épuisée elle aussi. Elle lui dit qu’il avait été magnifique et pourrait bientôt se débrouiller seul. Il rougit jusque’à la racine de ses cheveux. « Oh… tu penses que tu suis prêt ? » Il avait eu l’impression de savoir les étapes avant de les franchir, des gestes à avoir. Néanmoins, il restait stressé à l’idée d’agir seul. Aux côté d’Ophélia il se sentait parfaitement tranquille, sûr d’avoir les bons gestes parce qu’elle le guidait. « C’est grâce à toi, je me sens vraiment à ma place. » Il sourit. Elle savait qu’il n’avait pas souvent éprouvé ce sentiment, qu’il avait eu peur à son arrivée d’être rejeté par les garous en raison de sa transidentité. Mais Ophelia lui avait donné le sentiment qu’il était à sa place.

Elle lui tendit un flacon d’huile nettoyante. Un peu gêné par ces instants d’intimité avec le corps, il se tourna pour s’oindre puis se changer. Il dût lutter contre l’envie de hâter le mouvement pour passer rapidement ce moment gênant. Ce n’était pas un manque de confiance en Ophelia, autrement il ne serait même pas entré dans la salle de bain avec elle. C’est son complexe qui le poussait à cette pudeur excessive. Une fois habillé, il se tourna vers elle, un sourire de fierté et de soulagement aux lèvres. « Ce serait vraiment chouette. » Mine de rien, l’accouchement avait été tendu, avec l’enfant qui se présentait dans le mauvais sens. « J’ai de l’eau dans le mien. »