Le carton d’invitation l’avait surprise. Zeeba n’était pas procureur, juste substitue qui s’interrogeait sur le fait de suive son ancien patron. Le carton aurait dû lui être destiné d’ailleurs, elle comprenait pas pourquoi on l’invitait elle. Ils ont dû se tromper songea-t-elle tout du long de la journée, seulement voilà, elle se souvenait des quelques conseils qu’on lui avait donné pour surmonter ce qu’il s’était passé. Entre les morts qu’elle n’avait pu sauver et la disparition de sa cousine, Zeeba avait beaucoup de choses à gérer et se sentait dépassée. Aussi l’idée d’aller à un diner chic ou gala, ça ressemblait à quelque chose dans ce goût là, se détendre en sirotant du champagne pourrait lui convenir finalement. Elle enfila une robe noire qui lui donnait un air chic et élégant, enfila de fausses perles, des gants longs et blancs qui masquait la peau de ses bras brulée, en fit de même avec ses jambes qu’elle enroula d’un collant puis d’une paire de bottes. Ainsi elle se sentait belle en dépit de sa peau crevassée par les brûlures subies. Elle commanda même un taxi n’ayant pas envie d’y aller avec sa vieille guimbarde. Adieu la prime de risque, mais tant pis ! Elle avait besoin de se changer les idées.

C’est ainsi qu’elle arriva devant une plantation assez somptueuse. Le jardin l’entourant était magnifiquement entretenu, une fontaine jaillissait du sol et pour finir, il y avait des anges en statues l’encadrant. Elle examina tout cela avec ravissement. Même sa cousine n’avait pas une si belle propriété malgré le très beau parti qu’elle avait. Même les Baronnet ne semblaient pas aussi riche, mais probablement parce qu’ils n’étalaient pas ainsi leur argent. Quoi qu’il en fut, elle remonta l’allée et découvrit une foule de personnes paraissant à leur aise. Bien habillés, couverts de bijoux hors de prix, soudainement, elle ne se sentit plus aussi belle ni aussi mise en valeur. Elle baissa les yeux et chercha le buffet pour s’y réfugier et noyer ses malheurs dans l’alcool et les petits fours. C’est en s’y approchant qu’elle réalisa qu’un autre surnaturel se trouvait là. Lui non plus ne paraissait à son aise ici. « Bonsoir, c’est une soirée mortelle… je crois. » Mortelle dans le sens mortellement ennuyeuse mais elle n’imaginait pas à quel point la suite de la soirée allait lui donner raison, car dans dix petites minutes, un hurlement serait poussé et l’hôte de la soirée serait retrouvé mort.

Je ne suis pas friand de ce genre d'événement, j'ai clairement pas ma place. En plus vu tout les tatouages que j’ai ça risque de faire tâche même avec un costume. En soit, j’ai même pas comprit pourquoi on m’avait refilé ce carton d’invitation, mais bon. y a de la bouffe gratuite puis si y a un quelconque rapport avec les affaires de Roderick je peux bien y aller. Je serais bien venu avec mon jogging et un t-shirt avec des ouvertures tellement grandes qu’on voit directement mon torse, mais bon. ça va choquer et faire jazzer la haute bourgeoisie. Donc autant faire les choses bien et sortir du placard le seul costume que j’ai. De ce côté là, j’ai plus l’impression de faire partie du club des métamorphes, c’est clairement pas mon truc les costumes trois pièces… même les deux pièces d’ailleurs. Bon fallait pas abuser non plus, il allait pas débarquer en voiture, il avait pris sa moto pour rejoindre les lieux et comme il le pensait ça ronflait l’argent. Il aurait presque pu se confronter au Médicis mais je déconseille vivement, il est insupportable quand il s'y met.

Enfin bon, les gens sur place auraient pu rendre vert de jalousie Edward Cullen tant il brillait de mille feux. Vas y que je te montre mes diamants, ma montre en or et les clefs de la dernière Tesla. En marchant parmi les convives, j’attrape une coupe que tenait un serveur. “Merci” et je commence à boire en regardant autour de moi. Je constate que je suis pas la seule tâche dans l’endroit et qu’il y a deux autres phénomènes. J’imagine que c’était peut être le but des richards du coin, faire venir la plèbe pour se moquer. Je m’approche alors de la jeune femme et du loup avec un sourire amuser, mais sympathique. J’avais beau porter le costume, on voyait sans mal les tatouages sur mon cou et mes mains.  “Bonsoir, vous deux, désolé de m’incruster si c’était un plan drague, mais promis je vous embête uniquement pour faire genre que je suis pas l’idiot solitaire.” Je dis des conneries et va falloir s’habituer car, j’ai pas appris à me taire, du moins pas quand je suis hors mission. Je tends une main à chacun d’eux en croisant mes bras.

“Virgil Kingla charmer de vous rencontrez.” Je pique un petit four derriere la femme en souriant. “C’est marrant on dirait une réunion mortuaire où tout le monde vient le plus chiquement possible pour montrer qu’ils ont réussi dans la vie et pas donner l’impression d’être une brebis galeuse vous trouver pas.” Je montre du doigt un homme. “Lui je suis sûr qu’il dit qu’il est PDG d’une entreprise qui exporte dans le monde entier. En vrai, il travaille à la chaîne et fait les cartons qu’on exporte.”

Alors que je porte mon verre à mes lèvres on entend un hurlement et j’écarquille les yeux. “Oula qui vient de retrouver son gars qui emballe une autre nana?” Je ne me rends pas encore compte que c’est un meutre, mais je regarde mes deux camarades un peu surpris quand même du hurlement déchirant et même si je plaisante, j’ai une partie de mon être qui me demande d’être vigilant.

Portant un petit four à ses lèvres, elle observa le lycan qui dardait l’assemblée d’un oeil aussi circonspect que le sien. Elle sourit, prête à lui répondre, quand elle vit un sorcier s’approcher d’eux. Si elle portait une peau ambrée, bien plus sombre que la plupart des invités, et surtout quelques tatouages runiques, ce n’était rien en comparaison du sorcier dont la musculature impressionnante était soulignée par ses tatouages. Lui non plus ne paraissait pas inaperçu dans la faune locale. Elle secoua la tête en souriant à sa remarque. « Ne vous en faites pas, on était en train de se dire que la soirée risquait d’être assez ennuyeuse mais qu’au moins on pourra se distraire en discutant, voire en se moquant gentiment de nos hôtes guindés. » Elle prit la main tendue par le sorcier. « Zeeba Zandi, enchantée également. » Elle évita de leur demander s’ils faisaient parti d’un clan surnaturel, leurs hôtes humains pourraient s’étonner de tels sujets de discussion. Mais elle ne pouvait s’empêcher d’être curieuse à ce sujet. D’autant que l’aura du sorcier n’était pas d’un bleu habituel.

Dégustant les petits fours, elle manqua de s’étouffer devant l’humour de Virgil. « Ma théorie était plutôt que l’hôte avait payé des acteurs et leur avait fourni un costume avec leur script ! » Elle trouvait en effet qu’ils se comportaient tous de manière plutôt étonnante, comme si personne ici ne s’appréciaient vraiment. Elle ne comprenait pas pourquoi on l’avait invité. Elle n’était pas le procureur, lui avait toutes les raisons de figurer à ce genre d’évènements, mais elle ? En tant que substitue elle était quasiment invisible. Pourtant, quelqu’un avait envoyé un carton à elle ainsi qu’à Virgil et à Lyam. « Je me demandais, vous connaissez notre hôte ? J’ai pour ma part l’impression d’avoir été invitée par erreur. » Elle n’était même pas liée directement à la famille des Baronnet, surtout depuis que sa cousine avait disparue, elle doutait que Tim continue de la recevoir. Enfin, si, officieusement, tous deux menaient l’enquête sur sa disparition. Mais la famille Baronnet n’en savait rien, pas plus que les riches de cette ville.

Elle porta ses yeux vers le couple décrit par Virgil. « Je n’ai pas l’impression que… » L’homme s’effondra, doucement, lentement. La femme retint le corps avant de pousser un hurlement. Les invités aux alentours tournèrent leur regard vers la scène, il fallut quelques secondes avant que quelqu’un réagisse et demande tout fort « Y’a-t-il un médecin dans la salle ? Appelez une ambulance ! » Zeeba sentit ses sens se mettre en alerte. Elle avait l’oeil pour les scènes de crime, en tant que substitue, elle compulsait les dossiers du procureur et parfois s’en chargeait elle-même. En l’occurence, l’homme en chutant lui avait parut mort. « Pardonnez-moi, je crois que je vais devoir intervenir. L’un de vous deux serait-il médecin ? » Demanda-t-elle à tout hasard. Elle aurait besoin d’un avis médical, ne serait-ce que pour savoir si l’homme était vraiment mort et s’il l’était de manière naturelle.