Je sens que la vie s’échappe de moi, peu à peu. Je me raccroche aux belles choses qui m’entourrent, surtout aux belles personnes. Lupe qui illumine ma vie, Udeh qui adoucit mon mal en me rappelant tous nos bons moments malgré la maladie qui m’a enfermé chez moi pendant très longtemps telle Raiponce en haut de sa tour… ou encore mes amis les plus proches, toujours prêts à venir me distraire. Il n’empêche que la douleur est de plus en plus omniprésente. Papa ne sait plus vraiment quoi faire et j’essaye de ne rien montrer. Pour tout le monde il faut que je reste un rayon de soleil qui s’accroche à la vie. On essaye les méthodes douces et même si elles fonctionnent un temps, il faut que les traitement se rapprochent de plus en plus, preuve est que le cancer gagne du terrain.

Ce matin, j’ai demandé moi même à Dan de venir à la maison pour me prodiguer ses soins. Le rituel est assez long mais au final, il est terriblement efficace et me donne un assez long répit habituellement. Je lui ai promis son repas préféré en échange. J’adore cuisiner alors ça tombe bien. Et papa, quant à lui, il s’enferme dans son labo, cherchant sans cesse des solutions qui semblent ne pas exister. Je peux donc vaquer comme bon me semble. Le soleil rayonne de milles feux aujourd’hui, je ne peux donc pas sortir, du moins pas sans une combinaison d’astronaute, par conséquent, les soins tombent à pique. Ce sera moins déprimant ainsi.

Je sais que le rituel vise à purifier mon organisme, alors, je apsse toujours à la douche avant. Mais aujourd’hui, même l’eau qui ruisselle sur mon corps est dérangeante. Je ne dirais pas qu’elle est douloureuse… mais irritante. Le cancer en soit n’est pas douloureux ce sont les liaisons de la peau qui peuvent l’être. Quoi qu’il en soit, la douche aujourd’hui est loin d’une partie de plaisir et j’en ressors avec des zones rouge écarlate. Non pas par la chaleur de l’eau mais bien à cause de ma peau qui sur réagis. Je me sèche à l’air libre pour ne pas en plus irrité l’épiderme et quand enfin je peux m’habiller je vais ranger ma chambre ainsi, Dan aura toute la place nécessaire pour s’occuper de moi. Ce sont devenues nos petites habitudes. C’est ça lorsque l’on a une maladie au long court, on finit par bien connaître ses soignants!

D’ailleurs, j’ai une grosse plaque rouge sous la poitrine alors autant dire que je ne peux pas mettre de soutien quel qu’il soit je prévois donc une serviette si jamais je dois me déshabiller. J’ai aussi disposé sur la table de chevet les médicaments que je prends, il y a une bassine d’eau, des serviettes extrêmement douce, des compresses, bref, tout le nécessaire de base. Et, sur mon lit, j’ai mis une grande alaise au cas où. Et me voilà fin prête en espérant n’avoir rien oublié. J’avoue que je stress légèrement. Je veux que le rituel fonctionne et avoir le loisir, ensuite, de voir Lupe ou encore Udeh pour les prendre dans mes bras sans avoir à grimacer à un moment donné, en cachette, pour ne pas qu’ils s’inquiètent.

Parfois, je me trouve égoiste de m’accrocher à des personnes de la sorte, d’en faire mon univers alors que je vais bientôt les abandonner. Certes, je ne sais pas quand, je ne sais pas dans quel état, mais tout de même, je suis vouée à partir rapidement, d’ici quelques mois. Et je vais les faire souffrir pour mon propre bien être, pour connaître la vie avant de mourir. N’est pas si égoiste que je risque de finir en enfer? Parfois, je me pose la question et parfois je suis tentée de les repousser pour briser leur coeur et qu’ils ne souffrent pas après, du manque de ma présence, comme j’ai manqué de celle de ma mère puis de ma soeur. Un décès peut parfois être terrible. Et à ces pensées, une larme roule sur ma joue alors que le carillon de la porte s’active.

Je descends rapidement la volée de marches qui me sépare de l’entrée et j’accueil Dan avec plaisir ! “Bonjour mon magicien des temps modernes !” je lance avec un grand sourire qui dénote avec les pensées que j’ai eu quelques secondes plus tôt. “J’ai tout préparé !” je l’informe en le faisant entrer. Je lui prends alors la main et le décharge un peu si nécessaire (manteau, sac, …) puis ajoute “ Si jamais je ne suis pas en état après, ton repas est près dans la cuisine et papa est dans son labo !”