Une journée enfermée au labo comme une autre ft Kassandra

Run by yourself

Début Octobre 2023

Cela fait un mois que je suis dans ce maudit laboratoire. Papa a beau me dire qu’ils avancent de manière positive, je n’ai aucun moyen de le savoir. Il ne m’a jamais laissé m’intéresser à ses recherches jugeant que c’était trop compliqué et que j’avais mieux à faire que d’écouter un vieux fou comme lui expliquer comment tout fonctionne. Le fait est que, non, je n’ai pas mieux à faire, tout simplement parce que je suis fatiguée, j’ai des trous d’aiguilles dans les deux avants bras et je ne peux pas monopoliser mes amis au téléphone durant de longues heures. J’use et j’abuse déjà de Lupe dès que je le peux, je ne vais pas passer ma vie au téléphone. Elle est d’ailleurs la seule que je laisse m’appeler et à qui je raconte ce qu’il se passe quand elle me le demande. Je crois que je suis en train de tomber amoureuse mais je ne suis pas certaine que ce soit possible à distance et j’ai tellement peur de la perdre et de ne plus jamais voir ce magnifique sourire que je n’ose pas lui dire ce que je ressens pour essayer de comprendre. Quant à papa, il est tellement plongé dans son travail que lui parler de sentiments et encore plus d’une relation à distance n’est juste pas possible. Je crois qu’il couperait juste mon téléphone en me disant que je suis folle, immature et que je condamne cette pauvre fille à souffrir. Il n’y a personne dans ce fichu labo à qui se confier sur quoi que ce soit et j’ai l’impression que je suis condamnée à ne rien vivre d’autre que le quotidien de quelqu’un enfermé pour “sa sécurité” ou les “traitements” . Je n’en peux tellement plus de cette vie que je considère comme tout sauf une vie que j’en suis à faire ma liste “ à faire avant de mourir”. Quelque chose me dit que j’ai peu de temps pour faire tout ça mais justement de temps en temps, je la sors et j’ajoute une idée.

Je me suis mise à écrire des chansons d’ailleurs. Je chante comme le tout à chacun mais j’aime bien écrire des chansons et des proses aussi. Et honnêtement, ça m’occupe plutôt bien ici ! Puis il faut dire que depuis quelques temps j’ai une muse qui me rend très prolifique. Je mets tout dans un petit carnet et sur la première page, j’ai écrit une petite note à l’attention de cette muse : “ Lupe, tout ce qui est dans ce carnet m’est inspiré par toi. Ta présence même à distance, ta voix, ta joie de vivre, ton côté speedy gonzales, ton humour qui me fait rire quoi qu’il arrive, tes yeux magnifiques et l’effet que tu me fais. Le jour où tu auras ce carnet, je ne serai probablement plus de ce monde, mais j’espère qu’il te rappellera combien tu as changé ma vie. Oh, et à la fin, tu trouveras une liste un peu spéciale, une copie de ma liste “à faire avant de mourir” mais où tu y as une place toute particulière. Regarde bien la première ligne”. Et sur cette ligne j’ai écrit “avouer à Lupe que j’aimerais me glisser dans ses bras et ne jamais en sortir.” Je souris un peu bêtement et je mets mon cahier dans ma poche , prête à retourner dans la salle d’examens pour la quatrième fois de la journée. C’est Kassandra qui s’occupe de moi aujourd’hui, je crois du moins. Je ne sais pas quoi penser d’elle. J’aurais aimé sympathiser histoire d’avoir au moins quelqu’un à qui parler mais j’ai la sensation qu’ils sont tous pareil ici, tous à fond dans le travail et que je ne suis qu’un morceau de beef steak à triturer pour voir comment il réagit à des stimuli extérieurs.

“Salut Kassandra” je dis d’un ton las en me posant sur ma chaise habtiuelle après avoir remonté mes manches.

☽ Yusa

@Maywenn Harris & Kassandra Lopez Cortazar

Une journée enfermée au labo comme une autre

Elle avait pleuré, elle avait tellement pleuré. Dans le cœur de la nuit, à l'abri des regards, à l'abri des oreilles indiscrètes, elle s'était laissée aller au désespoir qui venait à la toucher depuis plusieurs jours déjà. Dans sa main, elle tenait encore fermement son téléphone portable, seul objet personnel qu'elle avait pu conserver ou presque. Kassandra avait le besoin profond d'appeler sa famille, elle ressentait la nécessité absolue de savoir comment son frère allait, comment sa nièce se portait, comment sa mère parvenait à tenir le choc dans toute cette histoire, elle avait besoin de son monde autour d'elle. Et pourtant, elle avait plusieurs fois fait le tour de la planète, elle était restée très longtemps loin de chez elle durant certaines périodes mais elle avait toujours pu garder le lien avec eux, elle avait toujours pu prendre du temps pour rentrer, même si cela ne durait que le temps d'un week-end, d'une journée, d'une heure. Mais là, il n'était pas question qu'elle contacte qui que ce soit, ou en tout cas, qu'elle vienne à parler des petits arrangements qui s'étaient installés sans que jamais, elle n'ait eu les moyens de négocier, elle pouvait juste envoyer quelques textos qui étaient tous lus par ses gardiens, ou plutôt par ses geöliers. Mais de cela non plus, elle ne pouvait parler à voix haute, on le lui avait bien fait comprendre, s'ils en étaient arrivés à une telle extrémité, c'est parce qu'elle avait refusé de les aider de son plein gré. Elle était un médecin reconnu, elle était une chercheuse émérite, tout le monde ne venait pas à rentrer à l'OMS comme ça, il fallait être accepté par ses pairs, qu'on vienne à estimer que les travaux du prétendant étaient assez intéressants pour pouvoir accéder au Saint Graal. Mais ce qu'on lui avait demandé de faire, allait tout simplement contre ce qu'elle s'était jurée de faire. Une enfant ne pouvait pas devenir un rat de laboratoire, il était hors de question de sortir des protocoles, hors de question de jouer les petits chimistes, les grands magiciens et de lui faire vivre l'enfer alors que ses jours et ses heures étaient déjà comptés. Il fallait l'accompagner dans ce qu'elle traversait, au lieu de chercher à la sauver de quelque chose où il faudrait plusieurs années de recherches et de tests avant de découvrir une avancée.

Non, elle n'avait pas cherché à ce que tout ça arrive, mais elle y participait bien malgré elle. Le réveil se mit à sonner, elle n'avait pas dormi ou à peine somnoler. Cependant, elle alla se préparer pour pouvoir entamer cette nouvelle journée. On vient juste lui déposer un plateau repas pour petit déjeuné, et quand ils estimèrent qu'il était l'heure de s'y rendre, qu'il était l'heure de faire face. Travailler sur des données, c'était quelque chose. Il n'y avait qu'un ordinateur, des chiffres, des graphiques, des images de cellules et tout un tas d'autres choses. Kassandra connaissait tout ça, elle en avait l'habitude, c'était comme une seconde nature. Pour autant, venir à affronter directement la jeune fille, à croiser son regard et à faire face à sa souffrance que tout le monde ici venait à lui infliger avec de bonnes ou de mauvaises raisons. S'enfermer sur ses pensées face à tous ses appareils scientifiques était une chose, voir l'objet d'étude en était une autre. Elle sentait ses mains tremblées dans les poches de sa blouse, elle avait masqué les cernes sous ses yeux et son air fatigué autant qu'elle pouvait grâce à son maquillage, elle avait tressé ses cheveux en natte qu'elle avait retombé sur son épaule, pour pouvoir cacher le fait qu'elle les triturait dans tous les sens à cause de la nervosité. Kassandra prit un grand souffle, appuya sur la poignée, et rentra alors dans la pièce. Elle avança doucement pour s'installer juste devant elle, et lui accorda un petit sourire désolé. « Bonjour Maywenn … » Elle aurait aimé lui dire tellement de chose, faire tellement plus pour elle. Elle baissa la tête, alors qu'elle sentait sa lèvre se mettre à trembler furieusement. « Comment te sens-tu aujourd'hui ? » Elle approcha la main pour la glisser dans la sienne et la serrer quelques instants. Elle fit bouger son siège, se rapprochant de son bras, prit un coton imbibé d'alcool et tapota alors le creux intérieur de son coude pour préparer à la prise de sang. « Je suis vraiment désolée pour tout cela … Si tu savais ... » Lui murmura-t-elle pour qu'elle soit la seule à l'entendre, elle était consciente qu'elles étaient épiées, même ici, ou plutôt ici.

AVENGEDINCHAINS

kassandra l. cortazar

l'histoire est un perpétuel recommencement.

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Run by yourself

Chaque fois que je vois Kassandra, j’ai mal au coeur. Elle a l’air tellement mal d’être ici et de me faire subir tout ça. Jamais je ne pourrais lui en vouloir. J’en veux plus à mon père qui ne me lâche pas et ne me laisse pas vivre le peu de temps qu’il me reste à vivre comme je l’entends. J’aimerais pouvoir sortir, fouler le sable chaud d’une plage, avoir une histoire d’amour, coucher pour la première fois, manger du sucre sans culpabiliser, être massée, faire un tour en moto, monter sur un manège, faire n’importe, courir nue dans la rue en rigolant même s’il le faut. je veux juste rire et profiter jusqu’à la fin histoire de me dire que mon passage sur terre aura quand même marqué quelques esprits et que je n’aurais pas été juste un élément de plus sur cette Terre, sans but, un passage éphémère parmi les éphémères qui n’aura de place dans le coeur de personne, ou presque. Heureusement, je sais que ça ne sera pas le cas. J’ai mon cousin, Lupe dont je tombe amoureuse, Udeh mon ami d’enfance également.

Installée sur ma chaise, répétant inalassablement les mêmes gestes, j’observe les mains tremblantes de Kassandra. J’apprécie cette femme rienq ue par le fait qu’elle exprime des remords, même physiques, d’être là. Mais ce qu’elle ne sait pas c’est que je préfère que ce soit elle. elle est douce et compatissante, elle me laisse le temps aussi et elle a toujours un geste doux, presque maternel pour me rassurer. J’aimerais tellement la connaître en dehors de ce laboratoire !

“Comment je me sens? Comme une mourante qu’on ne laisse pas vivre le peu de temps qui lui reste…” je réponds sans véhémence mais avec une grande lassitude. “ Là, dehors, j’ai une femme que j’ai terriblement envie de rencontrer, qui m’accepte telle que je suis et avec l’épée de Damocles que j’ai sur la tête et je ne peux même pas espérer la voir un jour.” Je soupire. Après tout elle est mon médecin, elle n’a pas à subir mon humeur. “ Désolée Kassandra.” Je la regarde si désolée pour moi et je murmure. “ Ce n’est pas de ta faute.” Je souris et tente de la rassurer avec une main posée sur son bras. “Kassy, est ce que tu vas bien?” je murmure en l’observant droit dans les yeux. Elle a l’air si fatiguée et inquiète. J’espère qu’il n’est rien arrivé de grave. A moins qu’elle doive m’annoncer que je dois mourir demain, mais je ne pense pas. Je la laisse faire sa prise de sang avant de parler à nouveau. “Ne t’en fais pas pour moi. Mon père est persuadé d’agir au mieux pour moi, mais j’arriverai à lui faire comprendre que ce qu’il fait ici avec les autres ce n’est pas pour le bien être des personnes traitées. Je te promets que j’essayerai de t’aider.” Je lui murmure, sûre de moi et optimiste. Mais je ne sais pas, au fond, pourquoi elle est là. “Si tu veux discuter, viens dans ma chambre y’a pas de caméra. Exigence de ma part pour accepter de donner mon corps à la science.” je lance en souriant. Mais j’aimerais vraiment apprendre à la connaître mieux qu’à travers des excuses visuelles et des aiguilles voire des médicaments et des explications basiques. Je ne sais même pas ce qu’on m’injecte ! Je sais que les traitements sont expérimentaux mais quelque chose me dit que si je savais qu’on m’injecte des produits à base d’êtres surnaturels je ne me sentirais pas super bien et j’arrêterais tout bonnement de faire confiance à mon propre père. Ce que je ne veux pas parce que je sais qu’il fait ça pour tenter de me sauver, sauf qu’au fond de moi, je sais qu’il n’y arrivera pas c’est comme si je sentais la maladie ronger chaque molécule de mon corps. Il y a toujours une période de mieux pour une période de moins bien, je suis fatiguée. Mes cernes le montrent et mon appétit aussi. Je veux sortir d’ici et vivre ! Et peut être que Kassandra est mon espoir !