Cette odeur de renard, ce n’est ni celle de Zachary, ni celle de son cousin et encore moins celle du chef de la Horde. Cette odeur, je ne la connais pas. Si la première fois je me suis dit qu’un renard avait trouvé refuge dans le chalet que je laisse très souvent ouvert pour se reposer voire grignoter un ou deux trucs, la seconde et la troisième fois m’ont paru bien plus suspectes. C’est pour cela, que j’ai décidé de lui tendre en piège. Mon odeur est partout et clairement, elle est jeune encore. Voire … hum je ne sais pas. Ce soir je me suis donc planqué loin du chalet et je l’ai observée ensuite, sachant pertinemment que mon odeur à l’intérieur, camouflerait mon odeur venant de l’extérieur. Et si au début j’ai effectivement cru qu’elle venait se nourrir et donc j’ai été attendri, quand je l’ai vu se diriger vers ma chambre où je conserve mes carnets et les objets précieux que ma sire m’a confié il y a très longtemps, il en a été tout autre. Je suis rentré dans le chalet et j’ai continué de l’observer en silence, tapis dans l’ombre. Elle tente de me voler. J’ouvre grand les yeux. Comment peut elle être aussi renseignée sur mes habitudes et mes possessions? C’est inquiétant, il va falloir que je revois tout le système de sécurité. Je n’ai pas le choix !

Je la laisse donc s’excitée contre mon pauvre coffre et me glisse derrière elle pour que lorsqu’elle se retournera , elle tombe nez à nez avec moi. Je lève un sourcil sans rien dire quand elle me parle de voisine. Je vois clair dans son jeu. Aussi, je n’ai qu’à tendre la main quand elle tente de s’enfuir en passant à côté de moi en courant. “ Hep Hep ! Là !” je lance alors que je viens de la chopper par son haut pour l’emmener directement s’asseoir sur le canapé. “Tu tentes quoi que ce soit, tu n’as plus de tête !” je lance sur un ton des plus frigorifiant. “ Comment tu t’appelles?” je demande alors, le ton sec et le regard jugeant. “ Qu’est ce que tu fais chez moi et qu’est ce que tu tentes de voler? “ Je ne supporte pas les gens qui essayent d’abuser d’autres personnes qui n’ont rien demandé. Et lorsque cela touche mes possessions, je deviens fortement animal. D’ailleurs Kaolo s’approche et s’enroule autour de son cou en signe de menace. J’appelle aussi les arraignées du coin pour venir se positionner sur la jeune renarde, histoire d’avoir toute son attention. Le venin d’une araignée ça se gère pour une garou mais le venin d’une ceintaine, est-ce la même histoire? Puis avec un peu de chance, comme la majorité des gens elle en sera terrifiée !

“Tant que je ne leur demande pas elles ne te feront rien, de même que lui.” je l’informe sur un ton froid et distant. “ Mais tu vas devoir coopérer et répondre à toutes mes questions pour cela.” Je la préviens alors, mon ton n’étant en rien amical. On ne me vole pas, point !

Je ne sais pas vraiment l’effet que je fais aux gens et je ne me suis jamais réellement posé la question. Je m’en fiche, royalement. Tout ce que je sais c’est que si de prime abord, je suis un géant qui peut faire peur, souvent, quand on me connaît on baisse sa garde. Mais rares sont ceux qui m’ont connu comme un type cool. Tea ne fait pas exception. Elle a même la version froide et encline à la torture. Beaucoup oublient que je suis un guerrier et que j’ai du user de mille et une manière pour obtenir ce que je voulais même si la torture n’est clairement pas ma pratique préférée. Entre crier vait vraiment mal au crâne au bout d’un moment. Puis c’est bien trop lent, et ça ruine ma patience donc le type finit bien souvent avec la tête arrachée. Je pense qu’une séance de psy me serait prescrite si on savait tout de moi, l’avantage c’est que ce n’est pas le cas !

Bien, elle s’appelle Tea. Ca ne me parle pas ça. Merde ! Il va falloir aller plus loin ! Je lui demande donc ce qu’elle fait ici et là j’ai un rire plutôt jaune et malveillant qui sort des tréfonds de mon immense corps offrant une caisse de résonance plutôt importante. “Tea, Tea, ce n’est pas beau de mentir ! Tu m’énerves de plus en plus en faisant ça !” Je lui offre alors un grand sourire carnassier et j’ajoute.” J’entends ton coeur petite fûtée !” Et puisqu’elle joue à vouloir mentir et noyer le poisson on va sortir l’artillerie. Kaolo en premier, pleins d’araignées en second. J’aime beaucoup ce genre d’effet. La plupart des gens n’aiment ni les serpents ni les araignées, donc rien que de les voir ils s’imaginent le pire. Je ne connais pas cette Tea mais un des deux fera son effet, j’en suis certain alors que je peux contrôler ces petites bébêtes avant de leur donner une bonne ration de bouffe pour les remercier de leur aide.

“Oh donc tu es une petite voleuse envoyée par qui?” je demande sur un ton calme, ne retirant aucun animal pour le moment. Je vois qu’elle se sent mal mais cela pourrait être de la comédie, alors, pendant un instant, quand elle me demande de retirer les araignées me promettant de rester là, j’écoute son coeur, sens ses hormones. Il y a clairement de la peur là dedans, une peur panique. Je fais alors un petit son pour que les airaignées se retirent et avec ma discipline je les guide vers leur garde manger. Quant à Kaolo il desserre son étreinte mais il reste en place. “ Maintenant parle. Et tu ne sortiras pas d’ici tant que je ne saurais pas tout, je préfère te prévenir. J’ai bien compris que tu es une dominée, il n’en reste pas moins que l’on a pu t’entraîner, alors t’as plutôt pas intérêt à me mentir, tu as eu un aperçu de ce qu’il peut se passer.

Je la laisse alors s’exprimer puis je l’observe et j’analyse, j’essaye de comprendre ce qui peut la pousser à respecter les ordres. Je finis alors par demander “ Conduis moi à lui.” C’est plus un ordre qu’une réelle demande. Mais ce type doit faire face à ses victimes, ça lui fera les pieds. Et si par la même occasion je peux me le permettre, je le chope et je le livre à la Guilde. Ils se débrouilleront avec lui.

Avec les siècles, je suis devenu plus sage, moins violent et plus réfléchie. Il n’empêche que voir un intrus chez moi et encore plus en train de fouiller mes affaires me hérisse le poil au point d’avoir des envies de meurtre. Il y a des choses importantes ici et surtout des siècles de vie. Il va vraiment falloir que j’investisse dans une meilleure sécurité. Mais là n’est pas la question. Cette garou s’est permise de croire qu’elle pourrait fouiller impunément tout comme me mentir sans qu’il ne se passe rien. Que nenni. Manque de bol je sais dialoguer avec les bestioles qui font peur a beaucoup de personnes. J’en use très peu parce que je n’ai que rarement besoin de faire appel à ma discipline mais parfois, comme maintenant, c’est fort utile.

La jeune garou est terrorisée. Enfin, jeune. Elle me paraît plus vieille que Brook déjà. Son odeur me l’indique. Et dans la hiérarchie, elle n’est pas la plus dominante, voire même tout le contraire. Mais la voir trembler de peur me confirme que c’est bon, elle est sous mon emprise. L’entendre me supplier m’indique que j’aurai mes réponses. Je le sais. Une habitude. Mon sourire se fait assez carnassier, je l’avoue, mais de premier abord, je n’ai pas de pitié avec ce genre de personne. Toutefois, comme je veux qu’elle parle, j’accèdeà sa première requête et les araignées disparaissent.

Je lève un sourcil alors qu’elle parle de Marie Gloussette… Elle est sérieuse? Elle est inculte en plus ou elle ne se renseigne juste pas sur ce qu’elle doit voler. Bordel, c’est pas une lumière. J’espère pour elle que c’est la peur qui la rend comme ça, vraiment. Parce que même si elle n’est pas aller à l’école, c’est sa mission. Comment voler quelque chose dont on ne se souvient pas des rudiments de l’histoire? Je préfère ne rien dire, d’autant que j’ai connu Marie Antoinette, très bien même et cela me fait mal au coeur pour elle. Mais bref, je veux qu’elle me conduise à celui qui l’a envoyée ici. Mais elle refuse. J’avoue que je me fous totalement qu’on l’emmène ou pas.

“Petite sotte! Tu ne te dis pas que s’il te demande celle là en particulier il y a une raison. Ce n’est pas l’argent le problème mais la magie qu’elle renferme ! Heureusement, je ne la garde pas ici ! Ton frère est un enfoiré je peux même le sentir sur toi. Donc soit tu me le livres, soit je le traque et je le tue directement. “ Je lance pour la secouer. “Le choix est le tien désormais. Mais cette bague entre les mains de n’importe qui pourrait provoquer un cataclysme. Donc par pitié, arrête d’essayer de chercher des objets qui pourraient juste te péter à la gueule ou provoquer la fin du monde miss je suis fidèle à un pauv’ connard qui se fait du fric sur le dos de sa soeur ! “

Je me pose alors contre la porte, dans l’ombre de la pièce et je demande à Kaolo de serrer un peu plus son étreinte. De toute façon, j’aurai ce que je veux et parce que je vois et perçois sa détresse, peut être que je l’aiderai mais pas gratuitement. Pas aussi facilement. Néanmoins, si sa présence m’irrite, elle me montre une faille dans mon système, une faille que je vais devoir combler rapidement pour éviter des catastrophes. Et surtout, je vais devoir faire appel au Coven pour récupérer tous ces artefacts et les leur confier. On ne sait jamais qui pourrait mettre la main dessus. Certains sont inconnus du monde des humains mais aussi du monde surnaturel. Il ne vaut donc mieux pas jouer avec.

La situation est irritante et ce de multiples façons mais je tente de rester calme, de garder un semblant de contrôle sinon je risque fort de lui tordre le cou et là, elle ne sera juste plus bonne à rien. Et si, camouflé dans l’ombre de la porte je demande à Kaolo de serrer plus, la renarde, elle, finit par tomber dans les vappes. Diantre ! Les jeunes ne résistent plus à rien de nos jours ! En tout cas j’ai bien compris qu’elle est une dominée, donc je n’aurais peut être plus besoin de lui faire autant peur. Surtout qu’elle semble tourner rapidement de l’oeil alors que je lui explique qu’elle a le choix mais que cette bague, elle ne l’aura pas et pire, si elle ne me livre pas son frère je le traquerai et le livrerai aux autorités compétentes. Je laisse Kaolo descendre alors qu’elle s’évanouie, et je la dépose sur le canapé. Je tourne en rond le temps qu’elle émerge, agacé et tiraillé entre l’idée de partir à la recherche de sa pourriture de frère et celle de rester ici pour être certain qu’elle ne fasse pas une connerie quelconque. Elle a de la chance car il y a quelques centaines d’années, je n’aurais juste pas cherché à comprendre, j’aurais agit et sûrement tué. Désormais, je suis un homme bien plus réfléchit et je pèse toujours le pour et le contre avant d’agir.

“Tes mots n’ont aucune valeur pour moi ce soir.” je réponds froidement toujours tapis dans l’ombre de la porte. “Prouve moi ce que tu dis, prouve moi que tu ne diras rien et tu auras un vampire pour t’aider à changer de vie. Mais tu peux aussi le faire dès ce soir en ne retournant pas près de ton frère et en me racontant ta propre histoire.” Je propose finalement, avec douceur mais fermeté, pour lui montrer qu’elle a une chance. D’ailleurs, ce sera sûrement la seule que je lui laisserai. La seule et unique avant le coup de grâce si nécessaire.

A côté de ça, si elle veut dormir ici, le temps de se refaire, si elle veut bien coopérer aussi et surtout, elle aura gagné un protecteur. En revanche, si elle me la fait à l’envers, elle gagnera un ennemi pour la vie. Le choix est vite fait normalement, lorsque l’on réfléchit et que l’on a la tête sur les épaules.Mais est-ce son cas? Je ne la connais pas après tout et elle reste une renarde, je m’en méfie. Ils sont rusés et savent manipuler la plupart du temps.

“Ecoute, je te propose ça” je lance en m’avançant vers elle et en me mettant à sa hauteur “Tu peux rester ici, me raconter ton histoire, avoir à manger, un lit pour dormir, prendre une douche. Je peux t’aider à aller de l’avant. Et en échange tu m’expliques ce que fait ton frère et ce qu’il veut exactement. Je m’arrangerai du reste. Tu choisis quoi?” La proposition est plus que concrète et raisonnable. A elle de choisir son destin désormais.