Des corps avaient été retrouvés, vidés de leur sang, en pleine journée, en des lieux différents, en des instants différents. Les rapports de ses hommes de mains correspondaient à ceux des nettoyeurs qui avaient été sur les lieux. Avec la révélation en cours, il n’était pas question que des meurtres pouvant s’apparenter à des exactions de vampires secouent l’attention ! Lucian se devait d’autant plus d’être vigilant. Il était le nouveau prince, il devait faire ses preuves. Au moment d’appeler Pietro, son doigt glissa sur l’écran du téléphone. Pietro lui avait parlé d’une infante involontaire, une jeune femme qui s’était retrouvée vampire après avoir avalé une simple fiole. Le cas était par trop extraordinaire, comme les facultés qu’elle avait. Lucian lui avait proposé d’analyser le sang de la nouvelle vampiresse, d’effectuer une batterie de test pour voir justement en quoi elle était si particulière mais Pietro avait dit que ce n’était pas envisageable dans l’immédiat. Apparemment, elle aurait été parmi ceux enlevés par ces soit-disant scientifiques. Ceux-là même qui avaient enlevé des blessés durant le cyclone. Lucian trouvait cela d’autant plus important d’agir mais Pietro continuait de refuser, de lui laisser le temps. Lucian n’avait pas insisté. Sur le moment. A présent, il ne pouvait s’empêcher d’y songer, et si c’était elle ? Ou un autre échappé de ces savants fous ? Une autre création de Frankenstein ?

Il décida de s’y rendre en personne, malgré l’inquiétude de ses gardes, malgré le fait que la primogène des nettoyeurs allait se retrouver à devoir s’occuper de communiquer seule avec la guilde en son absence et en celle de Pietro. Lucian préférait qu’elle joigne ce dernier une fois qu’il sera sur place, ainsi, son ami ne pourrait lui refuser puisqu’il sera trop tard, il sera sur place. C’était peut-être ignoble, mais il devait agir. Combien d’autres surnaturels avait été enlevés, modifiés génétiquement ? Quand Pietro lui avait évoqué le cas, il y avait immédiatement pensé. Son observation sur les gênes des surnaturels vivant à Bâton Rouge indiquait qu’il y avait déjà des changements, en comparaison des surnaturels vivant éloigné de la brèche du voile et des nouvelles routes magiques. Tout allait changer, plus encore avec le temps, et si personne n’essayait d’agir, qui sait comment les surnaturels, les humains réagiront ? Quelqu’un devait mettre le nez dedans. Il en avait besoin, un besoin compulsif de contrôle. Aussi embarqua-t-il dans sa berline noire et roula-t-il à tombeau ouvert jusqu’au dernier cadavre, il le réanima pour obtenir suffisamment d’information et parvint à deviner la trajectoire suivie. Nami avait trouvé un moyen de triangulé les cadavres, quand ils cherchaient un tueur en cavale par exemple. Fort utile à cet instant.

Il s’arrêta. Une odeur caractéristique de métal effleura ses narines. Il vira en direction de l’odeur et fonça vers l’origine de celle-ci. Ses yeux s’écarquillèrent quand il vit une femme. Une frêle silhouette qui confirma son soupçon. Son odeur, son aura, il y avait quelque chose d’anormal. Comme dans ces meurtres d’ailleurs. Lucian n’eut plus de temps à accorder à sa réflexion, car déjà, elle s’enfuyait. Normal, il venait de lui foncer dessus avec une berline noire, n’importe qui aurait prit la fuite. Il bondit et lui coupa la route. « Je connais ton sire, je peux t’aider, tu dois venir avec moi. » Il pouvait lire les émotions en bataille dans ses prunelles. Malheureusement, ils n’avaient pas le temps pour qu’il la rassure, la cajole, de toute façon, Lucian ne possédait pas vraiment ces qualités. « Viens avant que quelqu’un rapplique, tu as laissé une piste sanglante très facile à remonter. » Il lui attrapa le poignet et la poussa en direction de la place passager sans trop lui laisser le choix. Il avait des siècles de plus qu’elle, sa force était incomparable, mais elle était jeune, instable, et si elle voulait, elle pourrait lutter contre lui après tout.