Les changements sont inévitables, tu le sais mieux que quiconque. Tu ne t'attendais cependant pas à ce que ce changement soit lui... Honnêtement, tu ne lui en veux pas. Qui il est, ce qu'il a été dans le passé, c'est quelque chose qui lui appartient et qui n'a pas lieu d'être discuté si on y regarde bien. Il n'a pas demandé à vivre comme ça. Il n'a pas demandé à avoir un père comme le sien et de ce dont tu te souviens, il n'a jamais causé de souci aux combattants. Alors certes, en tant que privilégié, il était moins à plaindre que vous. Mais peut-on réellement dire qu'il a été privilégié alors qu'il a eu un père comme le sien ? Tu doutes fortement qu'il ait eu la vie facile. Alors pourquoi es-tu aussi réticente ? Est-ce à cause de ces sentiments qui ont refait surface alors que tu l'as aperçu dans la ville d'à-côté la première fois et qui ne veulent plus s'en aller ? Même pas. Tu reconnais qu'il est attirant, tu le sais parce que beaucoup de gens se tournent sur son passage, femme ou homme d'ailleurs. Tu sais aussi qu'il trouvera quelqu'un pour le soutenir et lui donner ce dont il a besoin et même si cela t'agace sans que tu ne saches pourquoi, tu ne lui souhaites que le meilleur pour sa vie. Non, ce qui te pousse à le rejeter, c'est ce passé commun, ce besoin de mettre derrière toi l'arène, un besoin que tu n'arrives pas à satisfaire. Tu sais parfaitement que l'arène a fait de toi celle que tu es aujourd'hui, tu sais aussi que sans ce qui t'es arrivé, tu n'aurais peut-être pas ce job. Le souci ne vient pas tant de tes capacités qui ont été exacerbées par les combats, mais plutôt de la fêlure qui s'est infiltrée, qu'elle soit dans ta psyché ou dans ton cœur.

Devoir combattre en permanence pour sa vie laisse des marques indélébiles dont il est difficile de se défaire. Elles ne se voient pas. Personne ne va se plaindre qu'elles sont là. Malgré tout, elles le sont et elles ne peuvent s'effacer d'un coup de chiffon comme il est facile de le faire pour d'autres. Tu as vécu avec ça toute ta foutu vie et tu continues de vivre avec. Parfois, tu aimerais ne pas être cette personne. Tu aimerais que tout soit ne te soit jamais arrivé. Tu aimerais tellement de choses qui n'arriveront pas de toute façon. Voir Xander, c'est ouvrir la boîte de Pandore que tu as eu tant de mal à fermer. C'est laisser le désespoir au fond, celui que t'as presque tué alors que tu n'étais qu'une enfant qu'on devait protéger et chérir. Malgré le fait que tu saches qu'il n'y ait pour rien, il représente une part de ce passé auquel tu ne veux plus penser. Le truc, c'est qu'il a sa place parmi vous. Il l'a prouvé lors de la rébellion et il ne cesse de le prouver encore et encore depuis que vous vous êtes retrouvé. Il a le droit d'être là. Alors quand Ashaya t'a demandé si cela te dérangerait qu'elle lui propose le rôle de Skoll, tu n'as qu'à peine tiqué. Lui proposé ce rôle signifie qu'il reste et ça... C'est quelque chose qui te fait peur. On ne va pas se mentir, la vérité que tu caches, c'est que tu as peur. Peur de voir ressurgir ton passé. Peur de faire quelque chose qu'il ne faut pas. Peur de redevenir la sauvage que tu étais là-bas. Parce qu'en Russie. Tu étais pire que celle que tu es actuellement. Parfois, il n'y avait plus que la louve dans le corps humain, quand tu échouais à maintenir ta conscience lors de votre forme berserker.

Parfois... C'est sous anesthésiant qu'on t'a fait sortir de l'arène. Tu n'as pas envie que ça se reproduise et tu fais bien attention à ce que cela n'arrive jamais. Alors oui, tu as la trouille, mais cela ne t'empêche pas de penser à lui, à ce qu'il mérite et c'est là qu'elle t'a proposé un truc inédit. Le surveiller... Veiller à ce qu'il soit la bonne personne pour ce rôle. Si tu n'avais pas pensé à ce genre de chose, tu dois bien admettre que cela te plaît d'une certaine façon. Alors quand la mission est arrivée, tu t'es dis que c'était la meilleure chose qui pouvait arriver pour le tester et voir s'il serait à la hauteur. Tu ne doutes pas de ses capacités. Il est doué, tu le sais depuis longtemps. Ce que tu te demandes, c'est s'il va réussir à suivre les ordres sans en dévier. Le truc sur ce genre de poste, c'est qu'il y a des moments où tu dois te servir de ton instinct, de tes connaissances, mais surtout ne pas changer la mission parce que cela t'arrange. Tu sais que Derek avait du mal avec ça, il préférait souvent les décisions expéditives aux choix qu'on lui imposait. Tu détestais ça chez lui. Certes, il t'arrive de sortir de tes gonds, de t'énerver, de devoir juguler ta sauvagerie, mais jamais tu n'as outrepassé les ordres. Tu as toujours été un bon soldat. Chose qu'on peut te reprocher, mais tu doutes que ce soit le cas de ton Ulfrick. Elle te fait assez confiance pour ne pas brider tes décisions et surtout, elle te donne toujours plusieurs moyens d'arriver à ce qu'elle veut. Il n'y a que la mort qui est définitive. Mais donner la mort ne t'a jamais posé de souci. C'est même ce qui fait l'essence de ta personne et pour ça que tu es un bon Bolverk.

Si certains rient parce que tu es une femme, ils finissent vite par se rendre compte qu'être une femme ne t'empêche pas de les tuer d'un coup net et précis. Enfin bref. Tu sais ce qu'implique votre mission, qu'elle soit la surveillance de Xander ou alors la finalité. Tu hoches presque la tête à la fin de la phrase. Savoir jusqu'où ? Oui. Voilà ce que tu aimes le plus chez elle : la confiance qu'elle a en toi et tes capacités. Dire qu'il t'a fallu si longtemps pour lui rendre... Parfois, tu te mettrais bien des baffes. « Okay. » Tu n'es pas ce qu'il y a de plus loquace, mais d'un autre côté, ce n'est pas ce qu'on attend de toi pas vrai ? Tu récupères les poings américains que tu as reçu il n'y a pas si longtemps que ça. Tu as toujours été du genre corps à corps. D'un autre côté, l'arène ne mettait pas en scène des combats à distance. Par contre, tu as toujours adoré le combat au bâton, mais pas n'importe lequel, c'est pour ça que tu as demandé à quelqu'un de t'en fabriquer un spécial, tu n'as cependant pas encore eu le temps de passer voir s'il était terminé. Tu te poses côté passager, plus par habitude qu'autre chose. Tu laisses toujours les autres conduire, enfin, ceux en qui tu as confiance d'une certaine façon. Tu ne vas pas l'avouer à Xander cependant, il ne faudrait pas voir à abuser. La route te permet de réfléchir, de peser tes options et aussi de créer des plans. Oui, tu n'es étonnamment pas toujours du genre rentre dedans. Tu as appris à tes dépends qu'une stratégie peut parfois faire du bien. Quand la question tombe, tu ne tournes pas la tête vers lui, nul besoin. « Elle parle de ceux-là oui. On n'a malheureusement pas attrapé tout le monde. »

Tu penses encore à ce foutu mage qui t'a glissé entre les doigts. Si jamais tu le revois, il y passe très certainement. « On ne sait pas s'il y en avait en dehors des structures qu'on a prises d'assaut. Ou alors si certains ne se sont pas échappés en sentant le vent tourné. Sans compter que certains ont dû regarder de loin. Les têtes pensantes jettent souvent le menu fretin au devant de la scène et attendent en arrière plan de voir comment les choses vont se passer, parfois pour intervenir, parfois non. » Tu ne sais que trop que ceux qui ont les idées ne vont pas souvent au turbin et préfèrent jeter la chaire à canon en premier histoire de faire un premier tri. Tu sais aussi que certains ne vont pas lâcher le morceau comme ça. Si la plupart des détracteurs ont été éliminés, ce n'est probablement pas le cas de tous. La question suivante te fait presque serrer les poings tellement ça t'agace. « Je n'ai pas eu mon poste pour rien. Je ne suis pas affecté par la moindre broutille. Mes émotions sont parfaitement sous contrôle. Quant à mettre ta vie entre mes mains... » Tu tournes la tête vers lui et reprends. « Je n'ai jamais perdu qui que ce soit sous mes ordres. Quitte à y laisser la mienne, je ne laisserais personne y laisser la sienne. » Tu sors de la voiture avant de dire quoi que ce soit d'autre. Parfois, c'est mieux que tu ne parles pas. Probablement parce que tes paroles sont prises comme de la colère alors qu'il n'en est rien. Ce n'est qu'une édiction de fait. Si tu es Bolverk aujourd'hui, c'est en grande partie parce que tu te maîtrises totalement et que malgré la mort de certains d'entre vous, tu sais compartimenter les choses. Tu sais aussi que là, c'est attraper les intrus, vérifier qui ils sont, récupérer et interroger et en dernier instant éliminé si pas d'autres choix.

Est-ce que certaines choses t'agacent ? Très certainement. Les boys bands, les gens qui ne cessent de te défier pour un oui pour un non, les abrutis qui ne pensent qu'à rabaisser les autres, ceux qui sont nés avant leurs ancêtres et tu en passes. Il existe tout un tas de monde qui t'agace et te met en colère. Il existe aussi tout un monde où tu veux protéger les gens. Les petits qui sont encore trop jeunes pour le faire eux-même. Ceux qui sont trop faibles. Ceux qui le demandent. Ton Ulfric qui est aussi ta meilleure amie et ton Alpha. Et Xander. Même si tu n'as pas envie de l'avouer, tu veux le protéger le mieux possible. Si tu es Bolverk, ce n'est pas pour rien. Comme tu l'as dit tout à l'heure, ce n'est pas un poste que tu as eu pour ta gentillesse et ton ouverture d'esprit. Cela ne te pose aucun problème d'éliminer une menace, même si c'est quelqu'un que tu connais depuis des années. Sans compter que tu n'as pas besoin de faire preuve de quoi que ce soit pour que les gens te craignent autant qu'ils te respectent. À la Meute, ils se savent protéger par ceux qui ont un rôle, dont toi. Ils savent parfaitement qu'ils pourront toujours compter sur ton concours pour supprimer les problèmes sans même que cela ne fasse de vague. Si tu avais été plus attentive, peut-être que tu aurais pu trouver ceux qui s'en sont pris à la Meute récemment, mais tu as été négligente, chose que tu comptes ne plus être à l'avenir. Alors protéger ton foyer est une de tes priorités et Xander étant désormais dans cette Meute, il est aussi l'un de tes protégés. Mais avec lui, c'est bien plus compliqué malheureusement. Tu te souviens encore de l'arène. Tu te souviens de l'avoir vu, parfois, discuter avec les combattants. Pas seulement ceux qui comme toi étaient obligés de combattre, mais aussi ceux qui le souhaitaient.

Si tu n'as jamais tenté d'approcher malgré ton béguin pour lui, c'est parce que tu connaissais les risques. Pas seulement pour toi, même si tu aurais pris bien plus cher que lui, mais aussi parce que tu savais qu'il serait puni. Si son père l'autorisait à discuter avec les combattants, il ne le laissait pas approcher n'importe qui non plus. Tu te souviens avoir lu quelque part la devise des gladiateurs entrant dans l'arène. « Ceux qui vont mourir te saluent. » Tu n'as compris ça que lorsque tu t'es enfuis. Xander pouvait approcher les combattants forcés parce qu'ils étaient destinés à mourir dans l'arène. Peut-être que son père prenait ça pour une leçon. Toi... Tu as toujours été destiné au show, jusqu'à ce que tu deviennes une icône et que ta mort soit impérative. Tu n'as jamais fait peu de cas de tout ça, au fond, le regarder de loin t'allait. Alors sa présence aujourd'hui est quelque peu... Angoissante d'une certaine façon. Si tu ne veux pas te lier, ce n'est même pas réellement lié à cette foutue arène. Le voir te rappelle certains moments, mais pas forcément les mauvais. Non, ce dont tu te souviens le plus, c'est de cœur qui bat chaque fois qu'il s'approche. C'est cette louve qui se tend vers lui malgré tout ce que tu peux faire pour te dire que tu le détestes. C'est les sensations, toutes plus pénibles les unes que les autres qu'il fait naître dans ce cœur qui avait brûlé et dont la terre séchée, commence doucement à reprendre le dessus pour refleurir. Est-ce que tu as envie d'éprouver ce genre de sensation ? Tu n'en sais rien, ce que tu sais en revanche, c'est que cela te fait peur. Tu es une guerrière qui peut éliminer n'importe qui, n'importe quand. En plus, tu as le soutien de Fenrir, que demande de plus sérieusement ? Mais ces sentiments qui font revivre ton cœur en ruine, est-ce qu'il vont changer les choses ?

Tu ne veux pas que ça arrive. Tu ne peux pas te le permettre. Te battre, c'est bien l'unique chose dont tu sois certaine dans cette vie. Le combat, c'est ta nature. Parce que c'est comme ça que tu as été élevé. Alors si tu dois changer pour t'adoucir... Clairement, tu n'auras plus ta place et ça, tu ne peux pas l'accepter. Cette place, tu la chéris plus que les autres ne peuvent l'imaginer, parce que cela prouve que tu as évolué, que tu as grandi, que les choses ont changé pour toi et que ta mère, la sorcière qui a pris soin de toi après ta fuite, a fait du bon travail. C'est tes compétences, mais aussi l'acharnement que tu as mis dedans. Est-ce menacé ? Encore une fois, tu ne sais pas. Voilà pourquoi tu te tiens loin de Xander, de ses yeux bleu lagon qui ne font qu'attirer ton regard et de son loup qui inexorablement, a réussi à faire plier ta louve. Tu pousses un soupir mental, ce n'est plus le moment de penser à ça, c'est le moment où tu dois te concentrer sur l'objectif et voir ce que cela donne. Tu descends donc de la voiture et vérifie tes armes. Tu n'as pas grand chose, d'un autre côté, tu ne penses pas en avoir besoin. Bien que tu ne sois pas irraka, tu es assez furtive pour te faire passer pour l'un d'eux. Ton regard sonde l'endroit, laissant ton odorat faire de même. Tu ne t'attends clairement pas à ce qu'il réponde à ce que tu as dit dans la voiture. La réponse te fait serrer les dents, parce qu'au fond, tu sais que c'est ce que tu auras répondu aussi. Malgré tout ce qui vous a séparé dans cette vie, tu ne peux pas t'empêcher de lui faire confiance, encore et encore. C'est énervant d'un côté, parce que tu n'as pas envie d'être autant à l'aise en sa présence. Et en même temps, c'est relaxant, parce que tu sais que tu n'as pas besoin de tout surveiller frénétiquement, parce que vous êtes deux à le faire.

Serrant encore les dents, tu t'apprêtes à rétorquer quelque chose de bien senti, quand il te laisse sans voix. Tu te tournes vers lui, l'air étonnée. Il renchérit avec un dîner entre potes... A la caserne... Il est sérieux là ? « Tu n'as pas comme l'impression que ça va gêner toute la caserne ? Nan parce que chaque fois que je viens que ce soit pour déposer un truc ou une mission, j'ai l'impression que tout le monde se colle dans un coin en espérant ne surtout pas que je les approche. » Pas que cela te pose problème hein, tu as l'habitude de générer ce genre de réaction. C'est une partie de ce que la Meute ressent à ton égard. La plupart ont peur de toi. Certains se demandent si te défier pour ton poste est une bonne idée et les autres... Ils te détestent pour ce que tu es. Tu en as pris ton partie depuis longtemps, on ne peut pas plaire à tout le monde. Tu sais aussi que ceux qui ont peur de toi, t'écouteront jusqu'à ce que tu meurs. Un mal pour un bien. Est-ce que tu défendrais la caserne en cas de besoin ? Bien évidemment. Qui laisserait des gens se faire tabasser pour le plaisir, certainement pas toi. Repoussant ces pensées, tu te concentres sur la mission, ton odorat a repéré depuis longtemps les odeurs que vous recherchez, l'avantage de l'avoir développé grâce à la parfumerie. Tu es loin d'égaler celui de Sky cependant. Lorsqu'il te demande comment on procède, un petit sourire sournois se dessine sur tes lèvres. « Ta mission, ta gestion. À toi de trouver une stratégie efficace en tenant compte de ton équipe, de ses forces et ses faiblesses. » Après tout, en tant que shérif de la Meute, ce sera à lui de gérer cet aspect. Toi, tu te contentera d'être le bras droit de ton Alpha et sa femme de l'ombre.

Tu te sens mal de le dire, mais tu ne t'attendais clairement pas à ce genre de réponse de sa part. Une faucheuse qui vient récolter ses âmes... Tu n'as jamais eu l'impression d'être de ces êtres immatériels qui n'existe que dans les fantasy. Tu sais cependant que tes expressions ne sont pas loin d'égaler celles des tueurs psychotiques. Certes, tu n'as pas le caractère qui va avec, mais quand on a été élevé pour une guerrière, comment faire autrement ? Sourire n'était pas une option dans l'arène. Rien n'était drôle, rien n'était joyeux. Il n'y avait que combat, sang et mort dans cet endroit. Oh, il y avait aussi les cris de la foule vous ânonnant de tuer l'autre en face, ou alors de combattre. Peu importe votre état, il fallait faire le spectacle. Tu te souviens encore des os brisés, des épaules démises, des coupures, toutes plus nombreuses les unes que les autres et parfois à l'argent pour que cela laisse des marques. Tu ne risques pas d'oublier ces choses. Mais ce qui t'étonne le plus dans sa phrase, c'est qu'il te parle de famille... Une famille... L'êtes-vous ? Certes, vous vous connaissez probablement mieux que vous ne le souhaitez, mais est-ce que cela peut faire office de famille ? Tu n'as pas envie de le repousser avec des mots vide de sens que tu ne penses même pas, mais dans ton fort intérieur, celui têtu et encore blessé d'un passé que tu n'arrives pas à oublier, tu as envie de lui dire que vous n'êtes rien l'un pour l'autre. Pourtant, tu te retiens. Peut-être parce que ce cœur qui bat dans sa poitrine mérite mieux que des paroles purement haineuses sans fondement alors qu'il a sauvé des vies et qu'il n'y était pas obligé. Un soupir s'échappe de tes lèvres. « Ce n'est pas comme si je pouvais réellement prendre leurs âmes. Et puis soyons honnête, c'est ma tête de tous les jours. »

C'est vrai quoi. Tu n'as jamais réellement souris sauf à quelques personnes comme Ashaya et les clients de la Mandragore. Mais il n'y a réellement qu'Ashaya qui a eu le droit à des sourires sincères de ta part. Ce n'est pas si mal d'un autre côté... Bref, tu te concentres sur ce qu'il y a devant toi. Sur toutes les odeurs qui vont et viennent. Tu laisses venir ton sourire sadique quand il te pose une question, mais sa réponse ouvre une vieille blessure et avant même de te censurer, tu ouvres la bouche. « Sais-tu que je n'ai jamais eu une nuit complète de sommeil depuis mon premier combat dans l'arène. Pas une seule fois je ne suis arrivé à fermer l’œil sans me réveiller d'un cauchemar où le sang me dégouline des mains, ou l'un de ceux que je dois protéger meurt parce que je n'ai pas été assez rapide, pas assez prévoyante. » Tu te tais un instant, porte ton regard vers l'endroit où les odeurs sont les plus présentes. « Je suis de ceux qui ne montrent rien parce qu'ils ne peuvent se le permettre. Mais nous avons tous nos forces et nos faiblesses. Nous avons tous des choses que nous pouvons faire sans problème et d'autres qui nous semblent impossibles. C'est notre côté humain. » Et toi, plus que quiconque, tu es de ceux qui cachent tout ce qui ne va pas. Pas seulement parce que tu ne peux pas te permettre que les autres aient pitié de toi, mais parce que quelque part, tu préfères inspirer la peur. Que se passerait-il s'ils savaient ce que tu as fait durant vingt ans dans ta jeunesse ? Pour ceux de ton espèce qui vénèrent le combat, tu sais déjà que certains se feront un plaisir de te défier. D'autres te regarderont de haut parce que tu as tué sans que cela ne soit nécessaire et les autres. Ceux plus doux qui te font confiance pour les protéger ne te regarderont plus qu'avec dégoût.

Bien que ton cœur ait une couche de pierre pour le protéger, il ne se remettrait pas de cette sensation de dégoût qu'il sentirait émaner de sa famille... Tu ne peux pas te permettre d'être faible aux yeux des autres parce que la vie est ainsi pour toi. Il n'y a qu'une personne qui sait tout... Enfin, presque tout. Elle connaît ton passé dans les arènes, mais elle ne sait pas ce que tu as dû faire pour protéger les plus faibles. Elle ne sait pas pourquoi tu n'as jamais été intime avec personne. Ce n'est pas le genre de chose qu'on raconte. La seule personne au courant, ça peut être lui. Lui qui avait les rapports. Lui qui était le fils de ce tortionnaire de génie qui n'hésitait aucunement à utiliser les autres pour en soumettre d'autres. « Bien, laissons-leur ceux-là, sauf si je trouve cet enfoiré. » Ce foutu mage d'eau qui t'a échappé et que tu n'hésiteras pas une seule seconde à écharper si tu le retrouves. Une fois qu'il a terminé, tu le suis tranquillement, à l'affût comme toujours. C'est devenu une seconde nature que tu ne peux pas mettre en pause. Les odeurs se font rapidement plus fortes et alors qu'il reprend la parole, tu lui réponds simplement. « Je connais ces odeurs. Mais pas de la façon dont tu le penses. Ils ne font pas partie de la Meute. Mais ils étaient là durant l'assaut. J'ai pu les sentir. » Oui, mon odorat se souvient de toutes les odeurs qu'il a un jour ressenti. D'ailleurs l'odeur épicée de Xander t'arrive aux narines et tu ne peux t'empêcher de la sentir. C'est pas possible ça ! Concentration bordel ! Par réflexe et pour éviter d'être proche de lui, tu chuchotes rapidement. « Je les prends à revers. » Et tu files rapidement. Compensant ton manque de force par une plus grande vélocité. En les prenant en tenaille, vous ne tarderez pas à les arrêter.