Septembre 2023 - Mini Fauste deviendra grande !

J’ai rencontré Fauste en plein milieu de la forêt alors que je rentrais en harmonie avec la lune et la terre. Cette rencontre a été plus que percutante mais elle a été le début de ce que je juge être une belle amitié. Ce petit bout de femme mérite d’être choyée et en très très peu de temps elle a su se faire une place de choix à Bâton Rouge et dans mon coeur ainsi que dans celui de certains de mes amis et de certains de ses amis à elle. Aussi nouvelle soit-elle dans la ville, j’ai pu rencontrer deux incroyables petits ratons tous mignons, même si clairement Sam me boufferait s’il le pouvait - heureusement que mes golems l’intriguent- et surtout j’ai trouvé en elle un potentiel énorme. Elle a un caractère si puissant, si fort, je ne suis même pas sûre qu’elle s’en rende compte. Mais même Constantine s’est rapproché d’elle c’est dire !

Tout a commencé lors de notre rencontre, mais concrètement, je dirais que la décision a fait son chemin quand j’ai confier sa première mission au Coven à Fauste. J’ai récupérer en mission un grimoire avec un potentiel de magie assez conséquent et je lui ai demandé si elle était capable de restaurer une telle relique. Evidemment, Fauste ne reculant devant aucun challenge et voulant toujours aider ses amis,e lle m’a dit oui. Je lui ai donc dégoté des accès au Coven et un baby sitter. Ainsi si je ne peux pas l’accompagner, Constantine, qui connaît déjà Faute pour l’avoir soignée lors de cette horrible nuit de mai, s’est porté volontaire. Mais connaissant Constantine, je sais aussi que c’est pour vérifier que le grimoire ne diffuse pas une magie instable et pour étudier la magie de ce dernier justement. Toujours intéressé le petit mais cette fois, à juste titre !

Bref tout ça pour dire qu’elle a eu le temps de visiter, de réfléchir et d’envisager la suite. Et ce qui devait arriver, arriva. Nous avons parlé de son initiation et de la possibilité pour elle de devenir une sorcière à part entière. Mais pour ça j’ai du tout lui expliquer. Enfin, le processus. C’est ainsi que nous avons décidé de mettre en place une pré-initiation. Je me suis engagée, en tant que super amie que je suis, à lui apprendre un maximum de choses et à booster à fond ses dons de médiums pour qu’elle puisse devenir une apprentie du Coven.

A l’occasion de notre toute première séance, je me suis amusée à mettre en scène une petite cérémonie. Evidemment, je n’ai rien fait de grandiose, mais j’ai organisé, à l’endroit où nous nous sommes rencontrées, un petit pique nique. Elle apprendra pas mal de choses ici. J’ai envie de transformer ce lac et ce bout de verdure en lieu de ressourcement. Grâce à mes dons, j’ai monté une arche de fleurs et de racines, j’ai déposé une grande nappe de pique nique sur le sol et j’ai posé un panier rempli de nourriture et notamment des gâteaux récupérés au Coffee shop de Sky. J’ai tout le temps faim en ce moment avec le stress des préparatifs du mariage alors j’ai déjà piqué un peu de nourriture. Mais chuuut personne n’est obligé de savoir n’est ce pas?

Enfin, j’aurais bien aimé que Constantine soit là avec nous, je trouvais l’idée symbolique mais je ne suis pas certaine qu’il pourra passer. En attendant, je n’abandonne pas notre petite Fauste, celle quis ‘est tant donnée pour nous, pour le Coven et pour ses amis. Elle mérite sa place dans notre cercle et je vais tout faire pour la mettre à niveau et qu’elle puisse devenir une petite Luciole a temps plein et à part entière.

Quand enfin Fauste arrive, je me tiens sous l’arche, j’ouvre grand les bras vers elle pour qu’elle puisse venir me faire un gros câlin. “Bonjour Fauste ! Prête pour la grande nouvelle que j’ai à t’annoncer?” Je marque une pause. “ Je voulais que tu viennes ici parce que je voulais que tu sois la première à savoir, après mon cher et tendre et Quinn et peut être ma famille, Constantine et Fynn… que je suis enceinte ! “ Je marque une nouvelle pause, je voulais lui faire une blague mais j’explose de rire et je ne lui laisse pas le temps de vraiment réagir. “ Non ce que j’ai à te dire est bien mieux ! Désolée pour la blagounette !”

Il s'était passé tant de choses depuis qu'elle était arrivée dans cette ville. Elle avait été enlevée, torturée psychologiquement, mais elle avait aussi rencontré tout un tas de personnes merveilleuses. Avant tout, sa petite famille de cœur, deux ratons adorables qui étaient devenus ses colocataires, et deux sorciers qui lui avaient tendu la main pour entrer dans un monde dont on l'avait privée. Elle avait eu besoin de passer outre cette appréhension qui lui nouait l'estomac chaque fois qu'il s'agissait de se lancer. Morgana était celle qui était parvenue le mieux à la débloquer sur le sujet, elle avait su lui confier des missions, petit à petit, lui laisser entendre que c'était possible, qu'elle avait le potentiel pour faire bien plus. Après tout, ils étaient plutôt sorciers, dans la famille de sa mère, non ? Des mages noirs, malheureusement, et elle se serait bien gardée de parler de cette branche de la famille. D'ailleurs, elle n'avait pas vraiment mentionné le fait qu'elle avait potentiellement toute une ascendance magique sans doute puissante, et si elle le pouvait, elle comptait bien que personne ne le sache. Surtout pas Morgana, ni Constantine. D'un côté la Valkyrie, de l'autre le Ptah, à croire que leur instinct les avaient menés à se rapprocher d'une potentielle cible parfaite, comme s'ils avaient flairé sans le savoir quelque chose. Et elle évitait soigneusement de poser des questions sur le sujet pour le moment, même si leurs réponses auraient sans doute pu la rassurer. On ne pouvait pas toujours être au sommet, même quand on était redoutablement intelligente !

A la demande de Morgana, elle s'était rendue dans un endroit proche du lac, là où elles s'étaient rencontrées pour la première fois. Une rencontre assez folle, que Fauste n'aurait raconté en détail à personne de peur qu'on lui dise qu'elle était franchement imprudente de s'être attardé auprès d'une inconnue en pleine forêt et en pleine nuit. Bon, la plupart des gens qu'elle fréquentait connaissaient aussi Morgana et estimaient qu'elle pouvait lui faire entière confiance, néanmoins, elle avait aussi appris depuis le temps que ce pays regorgeait réellement de tarés en tous genres, et que les séries policières, bien que très prolifiques, n'étaient finalement qu'une pâle copie d'une réalité des plus glaçantes. Elle avait été débarrassée de pas mal d'ennuis soit dit en passant, même si elle n'était pas encore parvenu à éliminer tous les cauchemars qui venaient encore griffer son esprit la nuit, et perturber son sommeil. Elle était entourée de personnes prêtes à l'aider avant même qu'elle ne le demande, et après une tentative d'agression plutôt pathétique dans un espoir non moins pathétique de la récupérer, de gré ou de force, Joe avait disparu de sa vie. Elle ne voulait pas savoir comment, elle savait le pourquoi, et elle ne pourrait remercier assez Dam et Sam de lui avoir porté secours ; ils avaient déjà une place spéciale dans son cœur, elle était désormais scellée à jamais, viscérale, une empreinte dans sa chair, et quiconque s'en prendrait à eux devrait rencontrer cette bête féroce qui se tapissait au fond de sa poitrine, prête à défendre ses proches contre la Terre entière. Même si elle ne savait toujours pas ce qu'elle ferait. Nero aussi avait été en partie jeté aux orties, même s'il hantait encore ses rêves et qu'elle se réveillait encore en sursaut en s'imaginant sentir le regard de quelqu'un qui se tenait au pied de son lit. Constantine était en train de lui faire la peau sans le savoir, petit à petit dénouant son emprise, à renfort de faits énoncés simplement et froidement, après l'avoir patiemment gardé contre lui le temps qu'elle pleure tout ce qu'elle avait à pleurer. Il était étrange de se rendre compte qu'elle avait tenu plus de vingt ans sans craquer, et qu'il avait fallu qu'un grand homme un peu sinistre entre dans sa vie pour qu'elle se permette enfin d'ouvrir la porte. Comme s'il avait fallu attendre de rencontrer un nouveau Croquemitaine pour qu'il la protège le temps de chasser l'ancien.

Il y avait des sujets qu'elle ne comptait pas forcément aborder, même si elle voyait Morgana et qu'elle savait à quel point son amie voulait son bien. Elle ne voulait pas qu'elle se fasse d'idées, ni même qu'elle embête leur ami commun, qui en faisait déjà bien trop pour elle à son goût. Le dévouement de cet homme n'avait d'égal que sa neutralité, c'était dire. La petite blonde arriva en vue de l'installation quasi grandiose que lui avait fait la sorcière, et le très léger sourire qui apparaissait toujours sur ses traits se mua presque aussitôt en un sourire radieux, presque rieur d'incrédulité. Cette fille était folle, mais qu'est-ce qu'elle pouvait l'aimer ! Ce fut sans hésiter qu'elle vint la prendre dans ses bras et qu'elle l'étreignit fort. C'était drôle, cette sensation d'être à la fois beaucoup plus petite et un peu plus costaud que la Valkyrie. Fauste n'était pas spécialement épaisse, ni même carrée, mais il n'en restait pas moins que Morgana était particulièrement fine. Elle s'était à peine détachée d'elle pour croiser son regard, ses bras l'entourant toujours légèrement alors qu'elle l'écoutait, une leur de joie éclairant son regard quand elle lui parla d'une grande annonce. Son cœur fit une embardée quand elle lui dit qu'elle était enceinte, et elle allait lui sauter au cou sans attendre en lui disant que c'était merveilleux, qu'elle était si contente pour elle ! Puis ce fut la douche froide. Comment ça, ce n'était pas ça, la bonne nouvelle ? Quelle meilleure nouvelle pouvait-il y avoir que l'accomplissement du bonheur de son amie ? Vraiment ? Les bras toujours en l'air, de part et d'autre de la grande blonde, Fauste haussa un sourcil, et loin d'être contrariée, plutôt peu convaincue.

« Je me demande bien ce que ça peut être si c'est sensé me rendre plus heureuse qu'apprendre que tu vas avoir ta propre petite famille. Est-ce que je dois m'asseoir ? Ou appeler d'ores et déjà les urgences pour qu'ils viennent me chercher ? Je préfère prévoir, si je dois m'évanouir de bonheur... »

Après la rébellion, l’action est toujours de mise. Nous devons plus que jamais nous protéger. Les Dieux ne nous pardonnent pas non plus. je sens qu’Aphrodite est plus présente que jamais et qu’elle est contente de ce que j’ai accompli pour elle mais d’un autre côté, je me demande réellement où tout cela va nous mener. Pour le moment, j’essaye de vivre au jour le jour, de préparer mon mariage et de ne plus faire trop de projets. Je ne sais pas pourquoi, mais voir tous ces kidnappés qui ont failli finir leur vie de manière précoce, dont des amis, des proches, ça m’a fait froid dans le dos. Me mettre en danger ne m’a jamais fait peur mais que l’on s’attaque à des personnes sans défense… J’ai légèrement vrillé et j’ai paniqué aussi. La cruauté n’a pas de limites. Je l’ai pourtant vu des centaines de fois dans mon métier, mais en mai, ça m’a littéralement frappé en plein coeur. Mais c’est aussi la raison pour laquelle, j’essaye d’armer Fauste, l’une de mes nouvelles amies mais pas des moindre à affronter le monde de Bâton Rouge. Lorsque je l’ai rencontrée elle semblait ne rien savoir du monde magique et des créatures qui y évoluent, mais lorsque l’on s’est percutées, je crois qu’on peut le définir ainsi, et que Leen s’en est mêlée, tout a changé. Il y a aussi eu Damiàn qui est passé de raton à humain dans son lit - il y a meilleur comme méhtode de drague n’est ce pas ! - puis il y a eu son kidnapping et je crois qu’ensuite tout s’est enchaîné surtout qu’Aake le fiancé d’Ashaya, l’Ulfric de la Meute a été transformé en loup sous ses yeux par l’Ulfric elle-même. je ne sais pas si elle a vu quelque chose de magique durant sa torture je n’ai jamais osé abordé ce sujet avec elle. En traîner les stigmates sera à mon avis déjà bien suffisant pour la jeune femme.

Tout ça pour en venir au fait. Aujourd’hui, une nouvelle vie commence pour Fauste. J’ia passé plusieurs semaines, avec Constantine, on agissait réellement de concert, à préparer Fauste pour ce jour. Son mariage, enfin pas au sens propre, pas avec un homme - bien que j’espère bientôt le préparer avec CET homme en particulier pour elle - mais avec la magie. Une nouvelle vie, un nouveau lien, de nouvelles choses à apprendre et à maîtriser et une évolution pour Fauste qu’elle n’oubliera jamais ! Enfin je l’espère ! Pour l’occasion j’ai sorti le grand jeu, je sais je suis un peu taré dans ma tête et même si Constantine n’est pas là pour le moment, j’espère qu’il arrivera plus tard pour voir notre petite protégée prendre son envol. Je les ai vu se rapprocher tous les deux et je vois désormais leur fils d’aura s’entremêler de plus en plus quand ils sont proches même si ça reste encore très léger. Et mine de rien ça me fait plaisir parce que Constantine s’est toujours fermé à l’amour et Fauste lui offre une proximité qui lui convient qui est douce et subtiles à l’image de ce grand Ptah. Bref, là n’est pas la question. Une cérémonie pour Fauste et la voilà qu’elle arrive !

Je la prends dans mes bras et elle me prend dans ses bras. Au moins, même si on a commencé notre relation en parlant de radis - terme plus commode pour la médium quand il s’agissait de la magie et d’ailleurs j’en ai un pot spécialement pour elle - aujourd’hui, elle se base sur des valeurs sûres et une confiance sans limites. Enfin, j’aime à le croire. Et je décide de lui faire une blaguounette sans me rendre compte que ça pourrait être réaliste. Mon côté un peu tête en l’air sûrement. Mais je l’invite et il y a le grand jeu de sorti pour moi c’est évident que tout ça n’est pas pour moi mais pour elle. Je souris et même rigole en voyant sa tête quand je lui annonce qu’en réalité non ce n’est pas une grossesse qui l’amène ici, pas la mienne et ça risque pas pour le moment… et …

“Alors oui on peut s’asseoir, ce sera peut être mieux pour éviter une catastrophe.” Je souris et créé un petit golem de Terre qui vient lui tourner autour. “Tu te rappelles que l’on s’est rencontrées ici?” Leen m’engueule, elle aime pas mon côté ‘je fais traîner les choses” mais moi j’aime bien ! “Du coup je me suis dit que l’on pouvait en faire un endroit symbolique. C’est ici que tu as appris pour les radis et je pense que c’est ici que tu pourras continuer de les cultiver avec le temps.” J’envoie mon Golem chercher le pot de radis. “Ainsi, au nom de tous les radis de la terre … ” le Golem lui tend le pot “... je déclare officiellement ton entrée au Coven effective ! “Je lui offre un grand sourire et lui laisse alors le temps de se faire de comprendre et de se faire à l’idée. Lee monte même sur son épaule avant de tourner autour d’elle joyeusement. Si elle fait ça c’est qu’elle voit un gros potentiel en Fauste mais ça, la jeune femme ne le verra probablement jamais de la sorte. Je souris avec sincérité et joie avant d’ajouter. “ Avec Constantine on a tout fait dans les règles et maintenant, on s’est dit que tu en savais assez pour pouvoir prétendre à une place. On en a discuté avec Avalon qui était d’accord et on t’a trouvé un mentor. Une sorcière adorable et très pédagogue…”

Il y avait deux choses qui terrifiaient réellement Fauste depuis qu'elle était petite : son oncle Nero et la magie. Si pour le premier, elle ne pouvait pas y faire grand chose, et sans doute que le simple traumatisme qu'elle avait vécu suffisait amplement à justifier qu'elle ne s'en remette jamais vraiment, pour le second, ses réactions étaient tellement chaotiques qu'elle devait perdre son entourage, qui ne devait plus savoir où elle se situait. Poser des questions, accumuler tout un tas de nouveaux savoirs, écouter la Valkyrie et le Ptah lui parler pendant des heures de choses qu'elle découvrait était une immense joie. Elle était une élève assidue, curieuse, qui cherchait toujours à en savoir plus. Quand il fallait passer à la pratique, en revanche, c'était le rideau de fer. Elle se fermait complètement et trouvait presque une excuse bidon pour mettre un terme à la séance, ou mentait -comme toujours mal- en prétextant qu'elle n'était pas sûre d'avoir bien compris, s'en voulant quand Morgana lui ré-expliquait les choses. Il n'y eut que le regard transperçant de Constantine pour venir à bout de son besoin compulsif de se terrer dans un coin sombre et lui faire échapper qu'elle avait peur d'être une mauvaise personne, et que se mettre à pratiquer la magie ne pourrait qu'être une source d'ennuis et de dangers pour son entourage. Après un long palabre de sa voix grave, il avait réussi à endormir assez ses craintes pour la convaincre de préparer une potion avec lui, et sans savoir par quel miracle, elle s'était persuadée elle-même que ce n'était que pour lui donner un coup de main.

Elle avait fait du chemin, depuis, et n'avait désormais plus aussi peur de faire quand son amie lui demandait, même si elle se sentait parfois encore tellement mal qu'elle se pliait en deux l'espace d'un instant sous les torsions internes de son ventre. Elle se sentait ridicule de se rendre autant malade pour quelque chose qu'elle avait vraiment envie de pratiquer, mais elle recevait par ailleurs des messages cinglants pour ne pas dire délirants de sa mère, qui lui rappelait ce qu'ils étaient et ce qu'ils avaient pu faire de mal. Alors elle se laissait emporter dans un premier temps par l'enthousiasme de l'apprentissage, de cet univers dans lequel elle se sentait comme un poisson dans l'eau, puis au moment de se lancer, elle se remémorait qu'elle était peut-être plus un poison. Comme un loup qui aurait pensé toute sa vie qu'il était un agneau et qui goûterait d'un coup au sang. Est-ce qu'elle pouvait vriller en touchant du doigt cette chose qui lui était jusque là interdite ? A chaque fois qu'elle s'apprêtait à essayer et à franchir cette ligne, la culpabilité en repensant au regard de sa mère la prenait comme un coup de poing dans l'estomac. La culpabilité aussi de se sentir comme un imposteur, comme si Morgana était incapable de voir le mal en elle, de se douter qu'elle pourrait la blesser, la dévorer toute crue, ou pire, faire du mal à d'autres dans son dos, la laissant naïvement déchaîner un monstre dans la nature. Lui, en revanche, pouvait voir ce qu'elle était vraiment. Il devait voir, percevoir ce qui se tramait au fond, parce que c'était ce qu'il faisait, n'est-ce pas ? Il ne la laisserait pas franchir la ligne d'un seul cheveu, parce qu'il l'avait à l'œil, non ?

Contrairement aux enfants qui apprennent un jour que leurs parents ne savaient pas tout, Fauste avait appris que Morgana savait parfaitement ce qu'elle était. C'était simplement elle qui débloquait. Littéralement, un verrou après l'autre. Alors qu'elle pensait que sa particularité en tant que personne toxique était de déclencher les pires passions chez les autres -notamment chez les hommes- quitte à les rendre fous, Constantine lui avait dit de façon très simple que ce n'était pas le cas. Elle avait à nouveau sept ans et elle lui racontait tout, elle lui déballait ce qu'il y avait de plus laid en elle, et pourtant il n'avait rien trouvé qui clochait. Au contraire, il l'avait rassurée, sur le fait qu'elle n'avait pas une mauvaise attitude avec les hommes et sans le savoir sur le fait aussi qu'elle n'était pas une mauvaise personne. Elle méritait qu'on l'aide, qu'on lui tende la main et qu'on ne la laisse pas panser ses blessures dans l'ombre ; le dernier coup sec qui avait retiré toute la rouille sans briser le blindage.

Quand Morgana lui annonça finalement ce pour quoi elle l'avait fait venir, elle resta figée un moment sur le golem qui lui tendait un pot de radis. Elle avait apprécié la blague, mais elle ne parvenait pas à sourire pour le moment tant son esprit était happé par un tourbillon de pensées négatives. Un moment, elle se vit se lever et dire qu'elle était désolée, qu'elle ne pouvait, mais c'eût été ridicule, et blessant pour Morgana qui avait fait tout ça pour elle. Rien que pour elle. Alors elle se contenta de recueillir cette sensation, comme un oisillon que l'on recueillerait entre ses mains. Cette joie qui faisait battre son cœur tellement fort qu'elle en tremblait presque, et qui lui donnait l'impression d'avoir la fièvre. Elle était assise en tailleur les coudes appuyés sur les genoux et elle releva le regard vers la Valkyrie à qui elle adressa un sourire malgré un regard légèrement embué.

« Donc quand il essayait de voir si je pouvais faire plus que ce que tu m'avais montré, ce n'était pas un hasard, mh ? » Ce n'était pas un reproche, elle était même un peu amusée, surtout de sa propre naïveté. Ils avaient travaillé ensemble sur son cas, il fallait bien ça pour lui faire entendre raison. Elle se sentait coupable d'avoir pris autant de temps et d'énergie, là où une seule personne aurait dû suffire. « Je suis désolée si j'ai été une très mauvaise élève, et une très mauvaise amie. » Elle regarda sa main, un peu gênée, un peu prise en faute. « J'aurais aimé que ça soit plus simple, il y a des choses qui sont plus dures à dire que d'autres... J'ai mis beaucoup de temps à remettre de l'ordre dans tout ça, à savoir ce qui n'allait pas, et à savoir ce que je voulais. » Elle n'était pas claire, elle se perdait dans ce qu'elle voulait dire, pourtant, il allait falloir qu'elle se reprenne si elle ne voulait pas complètement perdre son amie. « Je ne sais pas pourquoi c'était plus facile avec Constantine au début quand je devais mettre en pratique. J'imagine que je n'avais pas peur de le blesser ni de lui faire du mal. » Elle leva les mains en signe d'apaisement, se sentant d'un coup terriblement maladroite. « Je ne dis pas ça parce que je pense que tu ne saurais pas te défendre, mais... Drasl, que c'est dur... » Elle détourna à nouveau le regard, le bas du visage dans la main, le coude appuyé contre son genou. Elle observa un moment de silence en sentant une larme rouler sur sa joue. Puis elle reprit les choses dans l'ordre, plus calmement. « On m'a toujours dit que je ne devais pas pratiquer la magie. J'ai même été punie si j'en parlais. Privée de manger si jamais j'évoquais encore mes dons... Enfin, ma mère le faisait, mon père ne sait rien de tout ça. » Elle passa rapidement sa langue sur ses lèvres pour les humecter. « Je sais que je ne suis pas grand chose, dans le fond, mais d'un autre côté je n'y connais tellement rien... Et si je devenais le monstre que je suis sensée devenir ? On me met en garde depuis que j'ai trois ans, j'ai vu quelques fois mon grand-père, mon oncle, ce sont des personnes horribles. Et si je devenais comme eux ? A chaque fois que je devais commencer quelque chose, je me demandais si j'avais vraiment le droit de juste faire ce dont j'avais envie, ou si je ne devais pas y réfléchir avant. La personne que je suis dans ton regard c'est... Je ne me reconnais pas, tu me vois d'une telle manière que j'avais simplement peur de te décevoir. Constantine, c'est... Il n'y a rien. Ni dans ses mots, ni dans son regard, si j'avais fait quelque chose de mal il m'aurait simplement arrêtée, et pour être honnête il y a des fois où je ne sais pas si je n'ai pas souhaité qu'il me dise que j'allais devoir abandonner l'idée tellement c'était difficile pour moi d'accepter que j'ai juste pensé que je méritais tout le mal qui m'était arrivé dans ma vie... Parce que j'étais comme ça, une mauvaise personne, et qu'il ne pouvait rien m'arriver d'autre, c'était comme ça. Heureusement que j'ai un expert en mage noir pour me prendre la main et m'expliquer par A+B que je ne suis rien de tout ça. Je ne sais même pas s'il se rend compte de tout ce que ça peut représenter pour moi... » Elle avait baissé la voix sur la fin, comme si elle se parlait à elle-même plus que parce qu'elle ne voulait pas que la sorcière entende. Elle se redressa légèrement et regarda à nouveau son amie dans les yeux, puis vint prendre doucement ses mains : « Tout ça pour te dire que je ne te serai jamais assez reconnaissante de tout ce que tu as fait pour moi. Et que j'espère que tu accepteras de continuer ce chemin avec moi, parce que je serais complètement perdue sans toi... S'il te plaît, aide-moi ?.. » Une autre larme roula sur sa joue, malgré tout elle tenta un sourire, soulagée d'avoir sorti tout ce qu'elle avait sur le cœur à cette amie qui lui était devenue si chère.

Fauste n’est pas de ces femmes soumises qui acceptent tout mais elle n’est pas non plus de celles qui sont des combattantes aguéries qui s’affirment et ont confiance en elle. Du moins, c’est la vision complètement désormais, peut être, que j’ai de mon amie. Elle est dans cet entre-deux, à mon snes, et cherche encore le sens de sa vie et la route de sa destinée. Je sais qu’elle a besoin qu’on la guide et surtout qu’on la soutienne. Je sais qu’elle a besoin qu’on prenne soin d’elle pour elle car elle ne sait pas s’arrêter et tout ce qu’elle fait c’est pour les autres, sans doute parce qu’elle est convaicue que son bonheur se construit à travers le bien être de ses proches. J’aimerais tellement qu’elle se rende compte qu’en réalité ses prochent veulent autant son bien que le leur. Et, au cours des dernières semaines, j’ai tenté de lui montrer pas mal de choses, de mettre en pratique les savoirs que je tentais de lui inculquer et elle bloquait. J’ai bien compris qu’il y avait une peur derrière tout ça, mais laquelle? Je n’ai jamais manqué de patience, j’ai toujours pris le temps d’expliquer autant de fois que nécessaire, je l’ai encouragée, j’ai dédramatiser les éventuels échecs à venir… Malgré tout, après discussion avec Constantine, je me suis rendue compte qu’elle tentait des choses avec lui, sans réellement le montrer, sans appuyer dessus, l’air de rien, surement convaincue qu’elle n’était qu’une assistante. Et j’avoue qu’au début cela m’a vexé et m’a touché au plus profond de moi me faisant même remettre en cause ma légitimité auprès de mon amie. Jusqu’à ce que je comprenne réellement. Ce n’était pas volontaire. Une peur supplémentaire et incontrôlable. Et c’est ainsi, qu’avec Constantine nous avons oeuvré, depuis, pour lui trouver une place, entre nous deux mais surtout dans ce monde qui lui a toujours été interdit, tentant, par la même occasion, de la réconcilier avec ses origines magiques. Chaque fois que j’attaque un nouveau sujet, j’en parle au Ptah qui peut assurer derrière la mise en oeuvre. Et ensemble nous tentons de nous coordonner pour l’aider au mieux, sans qu’elle ne s’en rende réellement compte. On a dû gérer des crises d’angoisses, car ses phases pliées en deux, n’étaient que ça, ou en partie. Dans ces moments, je lui fais tout abandonner et ensemble, nous allons en forêt pour respirer l’air pur de la nature, j’apprends à Fauste les différentes plantes et arbres, les champignons également que nous ramassons de temps à autres, puis je lui apprends aussi à s’ancrer dans la nature pour recharger ses batteries : faire un câlin à un arbre, planté ses mains dans la lettre, fouler l’herbe de ses pieds nus, autant de manières de nourrir son corps de la magie de Gaia.

Mais je sais que ce n’est pas suffisant, et aujourd’hui, je souhaite officialiser. Avec Constantine, nous nous sommes dit que c’était le bon jour, qu’il fallait bien y aller. Alors, un golem avec un pot de radis et une petit discours plus tard… l’effet escompté n’est pas là. Enfin, ej crois. J’avoue que je ne sais pas trop. Je ne comprends pas. Elle sourit sans sourire et elle reste d’un calme. Où est ma Fauste enjouée et volontaire? A sa première question, je viens alors m’asseoir face à elle. Je souris avec douceur et réponds “ Non, en effet.” Je l’écoute alors, elle semble vouloir parler. Mais je ne peux m’empêcher de rectifier un détail. “ Tu n’es ni une mauvaise élève, ni une mauvaise amie Fauste. Je te vois comme une personne qui traîne des casseroles qu’elle doit ranger pour avancer.” je réponds en touchant sa jambe du bout des doigts. Puis elle reprends et je la sens fébrile. J’ai la sensation qu’elle veut se confier sans réellement savoir comment faire et quoi me dire. Je ne l’interrompt pas la laissant même se reprendre quand nécessaire.

Son discours me touche réellement et me serre le coeur. L’image qu’elle a d’elle n’est clairement pas celle que moi je vois. En même temps, je sais aussi que l’environnement dans lequel on grandit conditionne très souvent l’opinion et l’image que l’on a de soi. Je la laisse donc finir, relevant quelques points mais surtout, un en particulier. Et, quand à la fin, elle prend mes mains, et me demande de l’aide, mon coeur s’effondre littéralement. Je me lève alors, passe derrière Fauste et m’asseoie à nouveau, passant une jambe de chaque côté et venant l’enlacer. Je pose alors mon menton sur son épaule, essuie les larmes que j’ai vu couler de mon index et murmure à son oreille. “ Tu n’es pas mauvaise Fauste, tout simplement car le bien et le mal fonctionnent conjointement. Je vais te raconter une histoire que peu de personnes connaissent à mon sujet. Quand je suis arrivée ici, j’ai été envoyée sur une enquête de terrain. Il se passait des choses étrange à l’orée de la ville. Une jeune fille avait disparu et tout un tas de faits paranormaux se déroulaient autour de sa maison. Ce jour là, notre enquête nous a mené à elle. Et à une entité puissante, une déesse de la Terre. Elle a finalement pris possession de mon corps et a voulu contaminer mon esprit. Elle a voulu me soudoyer avec de belles paroles pour sauver le monde. Elle voulait sauver le monde. Mais derrière, elle semait le trouble et la désolation. Cette épreuve a été compliquée mais Aleksei m’a sorti de là. Depuis, en revanche, je suis convaincue que dans tous les coeurs noirs il y a du bon et dans tout coeur lumineux il y a du sombre. Nous ne sommes pas soit bons soit mauvais. Nous sommes la somme de nos expériences et surtout des choix que nous faisons.” D’une main je replace une mèche de cheveux qui me tombe sur le nez. “ Ce que tu vois dans mon regard Fauste n’est que le reflet de ce que j’ai pu voir de toi. Et oui tu n’es pas un ange de bonté généreuse infaillible. Tu as tes failles aussi, peut être de sombres failles. Et alors? Ta famille et leurs mots sont loin de te définir. Fermes plutôt les yeux, retrace ta chronologie et la place que tu as prise dans chaque situation compliqué et fais toi une idée à partir de là.” Je laisse une petit pause histoire d’être cohérente et je reprends.” En peu de temps ce que j’ai vu c’est une médium qui rejette ce qu’elle est être surprise par un raton laveur garou mais qui l’a aidé et en a fait son ami au lieu de le rejeter et de le dénoncer à la police, c’est une barmaid qui s’est retrouvée emprisonnée et torturée aider un parfait inconnu dans une incroyable empathie ou encore une femme tellement douce et patiente qu’elle a réussi à briser, en partie, la muraille de Chine autour d’un homme merveilleux mais encore plus blindé que la plus grande réserve d’or de la planète, ou encore une femme qui a fait confaince à une personne qu’elle a découvert nue au milieu de nulle part et qui lui disait que les radis étaient magiques. A quel moment, dans tout ce que je viens de dire, cette médium a été sombre? A agit de manière égoiste et pour des desseins sombres?” Je dépose un baiser sur sa joue et reprends finalement. “Tu as eu peur? Tu as eu envie de tuer quelqu’un? Tu t’es imaginée rendre la douleur ressentie fois mille? Et alors? Cela ne fait pas de toi un monstre mais un être humain doué d’empathie et d’émotions diverses et variées.” Je dépose un bisou sur sa joue et j’ai une idée. “Comment tu nous vois Constantine et moi? Je veux dire en terme de magie et de dangerosité?”

L'angoisse et la douleur avaient été deux compagnes d'infortune, elles avaient régi sa vie et l'avaient ballottée de l'une à l'autre, se la renvoyant comme une poupée de chiffons quand elle ne la pressaient pas conjointement. C'était sans doute pour cette raison que ces derniers mois avaient été si douloureux : elle cherchait à se débarrasser de ces deux acolytes qu'on lui avait refilés sans lui demander son avis. Pour la douleur, elle ne savait pas trop si elle pouvait y faire grand chose, ses allergies demeureraient, même si elle pouvait désormais compter sur une grande main secourable pour l'aider à la soulager. Pour l'angoisse, en revanche, elle revêtait la voix de sa mère dans ses mauvais jours, et elle pouvait être réduite au silence. C'était bien ce qu'elle comptait faire, même si pour l'heure, elle était encore un peu secouée par son propre corps. Si les barrières n'étaient plus érigées par la prison de son esprit, c'était son corps qui allait se transformer en geôle et la comprimer dans ses propres limites, visiblement. Et ni la Valkyrie, ni le Ptah ne le laissaient faire. Ils géraient toujours, chacun à leur manière. Morgana était plus pédagogue, elle essayait toujours de détourner son attention, de lui apporter autre chose pour libérer son esprit. Elle travaillait en profondeur sur le sujet, en attisant toujours plus la curiosité de la petite islandaise, ou en faisant appel à un terrain connu, comme l'expression corporelle, ou ses sensations physiques simples. Constantine était plus pragmatique, plus médical, mais étrangement plus dans l'affectif aussi -même si les mauvaises langues diraient qu'il en était absolument incapable. Ce n'était pas au sens qu'on aurait pu l'entendre, mais il agissait directement sur son corps, par sa magie ou en lui apportant une potion juste à la température qu'il fallait. A sa manière un peu froide, directe, il la dorlotait un peu, et surtout il était là pour elle, même s'il restait si neutre d'extérieur qu'on aurait pu penser qu'il faisait pour faire.

Là, dans les bras de son amie, elle se sentait à la fois si petite et à sa place qu'il n'y avait aucune place pour l'angoisse, ni même pour la peur. Elle avait relevé les genoux pour faciliter la posture à la grande blonde, ses mains posées sur ses bras et son front appuyé sur sa tempe alors qu'elle l'écoutait parler, se retenant de répondre tout comme elle retenait son esprit qui avait tendance à se flageller si rapidement. Comme quand elle avait commencé à se dire que l'histoire que Morgana lui racontait démontrait bien qu'elle avait raison de craindre ce qu'elle pouvait faire de mal en devenant une sorcière. Elle se serait sans doute pris une tape derrière la tête si elle avait exprimé cette pensée, alors elle se contenta d'écouter, en attendant de voir où la Valkyrie voulait en venir. Exactement là où Fauste s'imaginait qu'elle allait l'emmener. C'était terrible à quel point l'esprit était retors : il se persuadait qu'elle-même ne correspondait à ce qu'on lui dérivait, d'un autre côté, il savait pertinemment que son entourage avait raison, car à chaque fois qu'on lui démontrait qu'elle se trompait, elle savait que ces personnes avaient raison, et qu'elle était dans le faux. Cependant, il attendait que la nuit passe pour se remettre à travailler contre elle et la ramener vers des pensées moins positives, même si la plupart du temps elle était juste bien trop occupée pour se rendre compte de tout ce qui lui tournait en tête pour rien.

Ce que Morgana lui disait lui serrait la gorge, parce qu'elle avait l'impression qu'on lui tendait un miroir déformé. A la fois, elle savait qu'elle ne pouvait pas lutter contre ni vraiment démontrer le contraire, ce que la mage de terre lui indiquait n'étaient que des faits, d'un autre côté, elle ne savait pas si elle pouvait vraiment rentrer dans cette description que l'on faisait d'elle. Et si elle ne correspondait pas vraiment, qu'est-ce que cela pouvait faire ? Non, réellement, quelle serait la conséquence de ne pas être parfaitement à l'image qu'une seule personne avait de nous ? Allait-on en Enfer ? Allait-on se faire fouetter, renier à vie par cette personne ? Que pouvait-il vraiment se passer quand on décevait ou surprenait un peu quelqu'un ? La réponse était simplement : pas grand chose. Et la vérité sans aucun doute : c'est déjà fait, chérie. Mais ce n'était pas aussi simple que ça. Elle serait bien restée sans voix, mais il y avait une question à laquelle elle ne pouvait pas ne pas répondre. Avec un léger sourire dû au bisou qu'elle venait de recevoir sur la joue, elle prit son courage à deux mains, même si sa voix n'était pas aussi vaillante qu'elle l'aurait voulu, et que son accent n'en ressortait que plus :

« C'est pas pareil. Constantine et toi, vous baignez dedans depuis que vous êtes enfants. Et vous avez grandi entourés de sorciers bienveillants... » Une pensée commençait à poindre dans son esprit, mais elle ne parvenait pas encore à mettre le doigt dessus. « J'aimerais tellement avoir ton aisance. Pas en terme de technique, mais pour essayer de nouvelles choses. Tu sais, en dehors de la magie, je suis plutôt comme toi ? Peut-être plus fonceuse, même, encore. Et tout ce que tu fais, c'est... Tu n'as aucune mauvaise pensée. Tu en as dix fois trop pour ton propre bien, mais elles sont toutes tellement lumineuses, énergiques... Si toi, tu étais dangereuse magiquement, je pense qu'il faudrait enfermer tout le Coven immédiatement. » Elle rit un peu de sa plaisanterie, mais devint d'un coup plus songeuse. Que pouvait-elle vraiment dire du Ptah ? A vrai dire, elle ne s'était jamais demandé une seule seconde comment l'un ou l'autre se voyait, alors qu'elle savait déjà que ce grand homme un peu sinistre qui avait pris une telle place là, tout au creux de sa poitrine, n'avait pas une très bonne opinion de lui-même. « Pour Constantine, c'est plus dur de le décrire, à ce niveau-là... Il se doit d'être dangereux... je suppose ? C'est sa place, son métier. Il ne l'est juste pas pour tout le monde... Si je veux être honnête, je n'ai jamais réfléchi à sa magie, à ce qu'il pourrait faire. Je ne le vois qu'humainement parlant. Et c'est la personne la plus équilibrée que je connaisse. C'est le seul qui m'ait vu dans tous mes états sans que ça ne me dérange, la seule personne dont le regard ne me fait pas peur. Quelque part, je devrais espérer qu'il soit un peu dangereux, car c'est le seul avec qui je m'autorise à être faible, alors c'est sans doute mieux s'il fait fuir toutes les menaces, non ? » Elle rit à nouveau un peu, comme pour appuyer le fait qu'ils seraient foutus s'il n'était pas capable de montrer les crocs pour deux, même s'il n'avait pas vraiment besoin de le faire non plus.

Puis elle parvint enfin à attraper cette idée qui germait dans son esprit. Elle était là, entre ses deux mains, elle pouvait enfin la retourner dans tous les sens. « Je vais te dire quelque chose qui paraît sans doute très bête, mais tu sais, si j'ai si peur de moi-même, je crois que dans le fond, c'est parce que je suis incapable de savoir ce que j'ai réellement pu penser, ces dernières années. Avant, je croyais que cet acouphène constant, c'était la même chose pour tout le monde, mais quand j'ai su que ce n'était que moi... J'ai commencé à douter de tout. Est-ce que c'était moi qui pensais toutes ces choses, quand je n'étais pas toute seule, ou est-ce que j'étais influencée par les pensées des autres ? Qu'est-ce que je vaux, au final ? Est-ce que j'ai déjà pris une seule décision dans ma vie qui soit vraiment la mienne, qui vienne réellement de mes réflexions ? Il y a des moments, je m'entends à peine penser. Depuis que j'ai mon bloqueur, c'est plus facile de faire le tri, mais c'est aussi effrayant de se dire qu'on va peut-être découvrir une autre personne que celle qu'on pensait être. » Elle eut un léger rire amer. « Je veux dire : j'ai réussi à ne pas devenir folle alors que la plupart des gens qui ont ma capacité finissent à l'asile ou sous traitement. Constantine m'a déjà dit qu'il trouvait que j'étais quelqu'un de très fort, mais j'ai du mal à le croire. Et s'il y avait juste quelque chose qui n'allait pas chez moi, tout simplement ? Et puis... Maintenant que j'ai tout ce silence, j'ai l'impression d'avoir passé ma vie dans un appartement immense dans lequel on ne m'aurait accordé qu'un placard, et là, j'ai le droit d'employer tout l'espace et je ne sais pas quoi en faire. Et sans doute que je réfléchis trop mais d'un autre côté... Je suis incapable de répondre sincèrement à tes questions. Je peux te dire ce que je suppose avoir pensé, mais est-ce que ce sera vrai ? » Elle rit cette fois plus sincèrement en penchant un peu la tête en arrière pour croiser le regard de son amie, un petit air de défi au visage. « Tu ne t'attendais pas à avoir autant de travail quand tu as commencé à vouloir m'initier, hein ? »

Fauste est surement et de loin, la personne la plus complexe qui me soit donné de rencontrer. Vu d’extérieur, elle a l’air douce, gentille, concilliante, tolérante, mais au fond d’elle, quand on s’attaque à son elle profond, ce n’est plus la même personne. Le regard qu’elle se porte n’a rien à voir avec celui qu’on lui donne et ce qu’elle est réellement. J’ai envie de dire que dans la plupart des cas, nous ne nous voyons pas comme nous sommes, mais chez Fauste, cette image est tellement tronquée qu’elle a banalisé sa magie comme mauvaise, dès le début. Alors qu’en réalité, la magie est ce que nous en faisons. Au commencement, elle n’est qu’énergie, une énergie pure, que le sorcier ou le mage manipule et c’est cette manipulation qui est profondément mauvaise ou majestueusement bonne. Mais comment le lui faire comprendre? Comment faire en sorte qu’elle continue cette initiation sereinement. C’est aussi là tout le paradoxe. Fauste veut apprendre, veut avancer, veut maîtriser, mais un pas en avant en amène souvent deux en arrière. J’essaye alors de lui montrer l’image que j’ai d’elle, ce qui ne veut pas dire qu’elle doit parfaitement y adhérer, ou y coller mais que c’est juste le résultat de ce que j’ai pu voir d’elle depuis que l’on se connaît. Et là, en l’entourrant de mon grand corps et de mon affection, j’espère qu’elle comprendra que je suis là autant pour les bons moments que pour les mauvais, les moments de joies comme les moments de doutes. J’essaye de lui montrer que l’on a tous en nous une part de bonté et une part sombre ce qui ne nous rend pas dangereux et ne fait pas de nous d’horribles mages noires. Constantine et moi avons déjà tués, nous avons eu une rage telle que l’on aurait pu basculer de l’autre côté, surtout lorsque l’on a recherché Quinn mais nous étions là l’un pour l’autre, nous avons pu nous aider, nous soutenir, nous ancré l’un et l’autre dans une réalité plus douce que notre instinct nous ancreit. Elle a peut être juste besoin qu’on lui rappelle qu’elle n’est pas seule. Pas ici, pas avec nous.

J’écoute alors Fauste prendre la parole. Je comprends la manière dont elle me décrit et c’est ce qu’elle voit de l’extérieure. Je la laisse finir et quand elle rit je ris avec elle mais je réponds doucement. “ Pourtant, je suis considérée comme dangereuse Fauste. Je suis classée ainsi parce que je possède l’une des magies les plus puissantes et que si jamais je vrille, je pourrais faire beaucoup de mal. Quant à être comme moi, je te le souhaite pas j’ai pas assez de barrières… Parles en à Constantine, il te le dira” Je réponds en souriant et repensant à l’expérience dans laquelle je l’ai suivi et pour laquelle il a pris toute la faute sur lui le pauvre. La suite, d’ailleurs, quand elle parle de Constantine me vexe. J’ai honte de le dire mais savoir que Fauste a peur de se montrer à cent pour cent avec moi alors que j’ai la sensation, la certitude d’être une personne tolérante douce et compréhensive me touche dans mon égo. “Tu vois Coco qu’humainement, c’est ainsi que je vous vois tous. Dis toi que lui aussi se trouve sombre et il est conscient de sa dangerosité. Mais il ne l’utilise que pour protéger les siens. Je ne l’ai jamais vu faire autrement. Et comme moi, il ne tue que s’il n’a pas le choix. Un jour, il m’a dit être la face sombre d’une pièce alors que Dorian, notre soigneur, est la face lumineuse. Au fond, pour moi, ils le sont tous les deux mais d’une manière différente. La dangerosité vient avec ce que tu fais de ta magie. Tu me vois lumineuse et tu vois Constantine plus dangereux, finalement, mais tous les deux,e nsembles, pour sauver Quinn on a tué et été sombres. Et tous les deux pour aider une amie chère, on est lumineux.” je lance avec un sourire.

Je l’écoute ensuite se livrer sur ce qu’elle ressent d’elle. Quand je l’écoute, j’ai l’impression de revoir Quinn qui me parlait de son empathie, au fond c’est un peu la même chose. Et pour le coup, même si je ne sais pas ce que ça fait je comprends sa détresse qu’elle image d’ailleurs à la perfection. Elle devrait peut être aller lui parler, échanger sur ce sujet pourrait lui faire du bien et se sentir comprise par quelqu’un qui a vécu la même chose aussi surtout. Ensuite, ce n’est qu’une question de temps et de reconstruction. Il faudra qu’elle soit patiente et une nouvelle fois, je ne peux que la soutenir en ce sens. Quand elle me parle je la câline parce que je veut lui montrer que je suis là et je suis son amie et que je ne la lâche pas. Je souris finalement quand elle finit avec sa question et avant de répodre à celle-ci je rebondis sur ses propos précédents. “Je ne peux pas dire que je sais ce que tu ressens mais je comprends. J’ai un meilleur ami, un frère de coeur que dis-je, qui a vécu un peu la même chose. Son empathie l’a enfermé si tant est que plusieurs fois j’ai vu et il m’a dit qu’il ne savait plus s’il ressentait l’émotion ou si elle était celle de quelqu’un d’autre. Je mer appelle une discussion que j’ai eu avec Quinn où ilm’expliquait que parfois il ne savait pas qui il était réellement. Tu devrais peut être parler avec lui de tout ça, je pense qu’avoir quelqu’un qui te comprends pour l’avoir vécu pourrait t’aider à avancer et te reconstruire. Mais j’imagine aussi que c’est une question de temps. Déjà je vais bloquer mes pensées pour ne pas qu’elles te heurtent. Je suis obligée souvent d’être dans le contrôle avec Quinn aussi parce que sinon je le ferais exploser le pauvre tellement je ressens tout à plus de trois cent pour cent ! “ Je fais une pause en songeant à certains de ses mots. “ Tu sais, je pense à quelque chose. Avec ton bloqueur, tu vois ton toi entièrement. Mais au fond, avant la rébellion de mai, tu ne pouvais pas capter les pensées des garous et des vampires par exemple. Donc dis toi, déjà, qu’avec Damiàn, au début, tu était toi. Avec Sam aussi. Avec Jessica également. Penses à tous ces moments où tu étais seule, sans personne autour de toi, là tu trouveras la vraie Fauste. Et j’ai envie de dire que même si tu as eu de mauvaises pensées, qui n’en a jamais eu? Personnellement et si tu demandes à Constantine je suis sûre qu’il te dira la même chose, tu es le résultat de tes actions pas de tes pensées.” Je me redresse enfin la libérant de mon câlin et lui tendant la main pour l’amener à se relever. “Un des premiers principes que l’on m’a appris, c’est de ne jamais s’attendre à quoi que ce soit et de prendre les choses comme elles viennent. Mais en effet, ton initiation n’est pas de tout repos et même émotionnellement parlant Madame Radis !”