La demande d’une entrevue de la part du nouveau Grand Prêtre n’avait en soi rien d’étonnant. Lucian approuvait tout rapprochement avec les autres clans, il savait que la voie de la diplomatie était importante, d’autant plus qu’il était nouveau à son poste. Son désir de faire entrer plus en avant les vampires dans la modernité coïncidait avec le fait de rencontrer les autres clans et d’oeuvrer ensemble. D’autant plus qu’avec ses recherches en son laboratoire, il avait pu constater que toutes les races surnaturelles connaissaient des difficultés. Pour ne pas dire qu’ils étaient menacés d’extinction car le terme était trop fort, il n’empêchait qu’il constatait une baisse de la puissance magique. L’apparition des feys changeait la donne, en mieux. L’ouverture du voile aussi, même si ses conséquences imprévisibles exigeait de se montrer plus souple et à la fois plus exigeant dans ses observations. A cela s’ajoutait le besoin de s’affirmer en tant que nouveau chef, en somme, tout l’amenait à accepter.

Pour autant, Lucian étant qui il est, il ne vint pas seul et ne vint pas sans s’y être préparé. Il connaissait déjà le nom du nouveau prêtre, malgré les nombreux évènements, ses nombreuses activités et responsabilités, il avait prit le temps de se renseigner sur lui. Aussi connaissait-il un peu le parcourt du sorcier, ancien enquêteur, il fallait donc s’attendre à ce que lui aussi eusse fait ses recherches à son sujet. Lucian était assez impatient de vérifier à quel point il s’était montré consciencieux ou s’il s’en était tenu à la légende l’entourant. Il avait demandé à Pietro de réviser de son côté et lui rapporter toute information susceptible de l’intéresser sur le nouveau chef du Coven. Il fallait se préparer mutuellement à la rencontre. Il escomptait bien sûr qu’ensuite Pietro s’en servit par la suite pour la communication au sein et à l’extérieur de l’Essaim. Ce dernier avait dirigé sa campagne pour devenir Prince, et avait patiemment et ardemment redoré son image. Lucian espérait qu’il en fasse autant avec les clans et en particulier avec le Coven. Leur réputation de sorciers blancs les dépassait, naturellement, comme celle des vampires amateurs d’obscurité les entourait également.

C’est donc accompagné de Pietro que Lucian arriva, à bord d’une Lamborghini, il faisait toujours honneur à ses origines et continuait à être le promoteur de la culture italienne. Il portait un superbe costume italien, mais il avait choisi une créatrice jeune avec une vision moderne, car on lui avait fait le reproche tacite d’être un peu coincé dans une certaine époque. Son costume noir arborait des petites touches d’un rouge flambloyant rappelant le sang, il avait été moissonneur après tout. Il avait également une broche, en or puisque les vampires étaient fâchés avec l’argent, représentant une coupe. Symbol des vampires, de l’essaim et de sa famille. Dans l’habitacle, il adressa un sourire convenu à son comparse italien. « Notre ami doit s’être renseigné sur notre compte à tous les deux. » Lucian marqua une pause, Pietro l’aurait sans doute deviné après avoir étudié le profil de Aleksei, mais mieux valait le prévenir. Puis il ajouta, une évidence, mais qu’il fallait tout de même rappeler: « Il nous faut cette alliance et si possible, à notre avantage. » Il savait qu’il pouvait compter sur le Médicis, bien sûr. Il voulait seulement le pousser à se dépasser, à l’excellence.

Pour autant, s’il avait été nécromancien de son vivant, devenu vampire il ne pouvait sentir la magie, seulement en voir les traces à travers les runes dont la table conservait la trace. Son regard s’y attarda un long moment, avant de se poser sur Alekseï. Dans ses prunelles brillaient une question invisible : quel était l’usage de ces runes. « Bonsoir, je suis Lucian Corleone et voici Pietro Médicis, mon Hérault. Nous sommes ravis de vous rencontrer. » présenta-t-il ainsi celui qui l’accompagnait, non comme une ombre, mais comme un flamboyant compagnon de route. Naturellement, des gardes du corps soigneusement sélectionnés par Nami les avait suivi et observaient l’échange, prêts à intervenir en cas de besoin.

Voilà une chose qui était des plus interessente pour le Hérault de l’Essaim. Le Grand Prêtre avait demandé un rendez-vous avec le Prince, surtout que celui-ci semblait enclin à communiquer avec tous les autres chefs surtout en tant que tout nouveaux grand manitou du Coven. Un choix stratégique que Pietro saluait, il était necessaire de bien s’entendre avec les autres clans, un atout non négligeable au vu de certaine situation compliquée que la ville venait de connaître. Il espérait bien que le denommé Aleksei Vassiliev était capable d’écoute. L’ancien prêtre était également ravi de voir que l’homme en question avait décidé de communiquer en premier avec l’Essaim, cela était peut être dû au laboratoire du Prince, qui pouvait être un atout non négligeable pour les avancées scientifiques sur les surnaturels et les changements actuels.  

Pietro a pris son travail très au sérieux en utilisant les différents contacts qu’il avait pour se renseigner sur le Grand Prêtre, son parcours, mais aussi qui était ses proches et avait transmis le dossier à Lucian pour que celui-ci se prépare et comprennent également la personne en face de lui. Le sorcier n’était pas un petit poisson, il avait déjà bien mené son chemin et cela avait le mérite d’expliquer le choix du Coven pour mettre à sa tête, sans compter les différentes épreuves qu’il avait dû subir pour l’obtenir. Le Hérault c’était véti d’un costume très simple d’un noir profond, mise à par sa canne qu’il avait continuellement avec lui faisant office d’aide à la marche. Factice certes, mais les gens voyaient une fragilité dans l’homme à le voir ainsi. Un atout profitable.

Une fois sur place, Pietro écouta les recommandations de son Prince en souriant aimablement. “Ne vous en faites pas très cher. Avec votre génie et votre plaisante compagnie. Cette entrevue ne peut avoir que de bons auspices. Tout se passera comme nous le souhaitons et L’Essaim aura un nouveau compagnon pour faire de grandes choses et obtenir de tout aussi agréable opportunité.”  Il était confiant comme toujours, il n’y avait pas de raison que cela se passe mal, les deux clans voulaient une alliance, ils n’allaient aucunement s’égorger devant tout ce beau monde. Avant de rentrer dans le restaurant, le Florentin replaça le col et ajusta le costume de son Prince avant de le laisser prendre la tête. Le Grand Prêtre ne devait avoir d’yeux que pour Lucian, lui faisant  simplement office de secretaire. Il observa Aleksei et nota les runes disposées sous la table. Les présentations faites, le Herault inclina légérement sa tête. “Bonsoir monsieur Vassiliev, c’est un plaisir de vous rencontrez.”Il n’était pas necessaire de rentrer tout de suite dans le vif du sujet, quelques banalités pouvaient très bien faire office d’introduction. Son regard se posa vers la vitre et invita Lucian à la chaise plus éloigné, ne sait ton jamais. Il  tenait à sa propre vie, mais il fallait bien protéger celle de son Prince avant tout. Bien qu’il savait qu’il y avait des gardes du corps, celui-ci ne posa aucun regard sur les alliés se contentant de s’asseoir  en croisant ses jambes, près à écouter et observer le moindre élément sortant de cette force tranquille que représentait Aleksei. Aucune hostilité ne se dégage de l’ancien prêtre, juste de l’élégance et un sourire charmeur.

Lucian apprécia le geste de Pietro, d’ajuster son col. Il y a bien peu de personnes sur cette terre qu’il laissait le tripoter ainsi. Mais il savait que Pietro faisait cela pour le bien du clan, et après tout, il lui avait confié son image. Dès l’instant où il avait ambitionné de devenir le Prince, il avait confié à Pietro son image. Et ce dernier avait fait jusqu’à présent un excellent travail, Lucian ne voyait de raison de douter à ce qu’il ne continue pas de la sorte. Ce qui était bien avec les vampires, c’était qu’ils changeaient rarement. Quand ils avaient décidé de faire quelque chose, ils s’y tenaient. Ils restaient loyaux, bien des siècles. La trahison pouvait toujours survenir, bien sûr, mais un vampire était plus résilient, il fallait le pousser très loin pour qu’il dévie de sa trajectoire. Ce qui pouvait toujours arriver, malgré tout.

Une fois qu’ils pénétrèrent la pièce, Lucian étudia rapidement celle-ci et constata que Pietro en avait fait de même. Les vampires étaient d’un naturel méfiant, quand on avait des faiblesses aussi importante que le soleil, il valait mieux être prudent. Le sorcier avait prit des précautions magiques qu’il sentit immédiatement. Bien, chacun s’était préparé à l’entrevue. Il s’amusa de voir Aleksei subjugué devant eux. L’aura d’un vampire jouait, inévitablement, mais il y avait aussi cette beauté incandescente qui émanait d’eux. Même sans l’hypnose, les vampires avaient un petit quelque chose en plus. Comme les lycans d’ailleurs. Cela dit, il s’était attendu à de la méfiance, peut-être de la crainte, étant donné son passé de mafieux mais ne lut rien de tout cela chez le sorcier. Soit Pietro avait fait excessivement bien son travail soit le nouveau prêtre n’avait pas poussé trop loin ses recherches sur eux. Ou alors il passait au-delà des apparences. Aucun d’eux ne dit quoi que ce soit au sujet des runes, Lucian n’avait pas l’intention de lancer le sujet. Il savait qu’il n’obtiendrait de toute façon rien d’intéressant en agissant ainsi. Mieux valait partir du bon pied.

Lorsqu’une personne vint pour demander ce qu’ils buvaient, Lucian ne proposa guère de flacon contenant du sang, ignorant comment le sorcier le prendrait. Il s’était assuré que Pietro et lui boivent juste avant de venir, son véhicule contenait souvent un thermos rempli de sang. Ainsi, pas de soif intempestive. Et puis, le sang frais circulant dans leur veine leur donnait un teint plus chaleureux, presque l’air humain. Il écouta donc le sorcier qui se lançait. Il avait étudié son passé mais c’était limité à son rôle dans l’Essaim, un bon point. « Je partage votre vision, d’autant que j’ai moi aussi jeté un oeil sur votre parcours, vous avez prouvé votre valeur à de nombreuses reprises et pas que pour le Coven. Nous avons lutté ensemble contre la secte, avons offert un front unis contre les divinités qui tentaient de semer le chaos, nos clans sont parvenus à s’allier quand cela était nécessaire. Mais je pense que nous pourrions aller plus loin. » Il esquissa un sourire, il était temps de sortir sa botte secrète. « J’étais nécromancien de mon vivant, ma mère était une sorcière, aussi, je connais un peu les nécessités des votres, Alekseï. J’ai aussi un laboratoire qui m’a permis d’aider des surnaturels présentant des signes évident d’une maladie plutôt curieuse. Je pense qu’il nous faut, aujourd’hui plus que jamais, unir nos forces. » La question étant de comment le faire, comment ne pas être de simples alliés sur le papier.

Pietro ne pouvait s’empécher de continuer à faire perdurer le perfection du Prince. Il était impossible lui présent que Lucian perde la face pour une broutille. Il était d’une importance capitale que face aux autres chefs de clan, celui de l’Essaim deteigne de son image sur les autres de son clan. Une broutille pour certains, mais pas pour le Florentin qui avait des fondations bien ancrées dans le domaine. L’ancienne Princesse n'avait jamais fait une faute de goût.

Une fois assuré de cela, Pietro suivit Lucian pour rejoindre la table préparée par le sorcier. Un regard polis, mais scruteur se posa sur Aleksei. Cela pouvait être amusant de le voir si intéressé même sans hypnose. une reaction intéressante au regard du Hérault qui resta silencieux, observateur, à l’écoute et mémorisant chaque mot, mais muet. Un sourire doux aux lèvres. Le sorcier entre directement dans le sujet. Ce n’était pas plus mal et cela évitait le moment des compliments qu’on ne pense pas vraiment. Son regard part au coin de son œil pour voir la réaction du Prince.  Un échange de bons procédés. Ce n’était pas une mauvaise idée, mais c’était clairement le moment de faire attention. Le contrat oral se formait à présent.

Les boissons qu’ils n’allaient pas toucher furent posées devant eux. La délicate odeur parvenait à l’ancien prêtre qui sans le goûter pouvait attester d’une certaine qualité sans pour autant être un cru divin. Aleksei semblait ne pas avoir été trop loin dans ses recherches. Du moins, de ce qu’il présentait. Ce n’était pas plus mal, il est toujours plus facile de se faire des alliées quand ils restent sur la surface. Pietro fixa la reaction du sorcier à l’annonce de Lucian. Celui-ci ne sembla pas tiquer sur la nécromancie. Bien ils pouvaient donc continuer les échanges. Parler de scientifique ouvre une légére breche que le Florentin permet de pointer. “Je pense que cela serait effectivement tout à fait intéressant comme vous le dites que des érudits et scientifiques des différents clans puissent participer au recherche dans le bâtiment réservé à l’étude de cette maladie. Même nos camarades métamorphe se retrouvent dans un état peu agréable et ils ont bien assez souffert. Nous pouvons continuer de superviser nos laboratoires et de maintenir le respect des uns et des autres.” Il sourit  amicalement, les mains posées sur un de ses propres genoux. S’il était normal de pouvoir faire des recherches ensemble, il était pourtant essentiel que l’Essaim garde le contrôle sur les employés entre ses murs. De plus, il était essentiel pour le Herault de marquer un ordre dans les recherches à effectuer et la maladie devait passer prioritaire dans la liste des améliorations du quotidien.

S’il avait été mit au courant, bien sûr nombreux sont les vampires à avoir subi les exactions des divinités et des demoiselles un peu trop directive d'ailleurs. Mais les affaires personnelles n'avaient pas lieu d’être ici. Il pencha la tête sur le côté. “Bien sûr, nous avons toujours un oeil ouvert.” Il n'était pas nécessaire d'expliquer plus en détail comment l'Essaim pouvait s'octroyer les informations. Parler des enlèvements ravive un affreux souvenir chez le vampire qui se contenta de sourire. “J’imagine surtout que certains auront le plaisir d’obtenir le surnom de Monstre, bien plus facilement que d'autres. Personne ne souhaite une nouvelle chasse.” Pietro décroisa ses jambes avant de plonger son regard dans celui du sorcier. “Ce qui est sûr c’est que la revelation se passera mal et qu’il est essentiel de prévenir plutôt que de guérir. Surveillé ne suffira pas malheureusement. Je ne suis pas devin, mais nous savons qui pourrait être les premieres cibles des contestataires. Qu’ils soient humains ou contestataire du choix qui à été fait pour contenir un risque plus grand.”

L’ancien prêtre se tourna vers son Prince s’il souhaitait rebondir ou tout autre chose de ce qu’il venait de présenter.